Alors que le CHU de Rennes (Ille-et-Vilaine) demande à des anciens externes de rembourser la somme de 300 €, pour un stage non effectué, ces étudiants dénoncent des gardes non payées et une prime inflation non versée.
Depuis quelques semaines, la colère gronde chez les anciens externes en médecine du CHU de Rennes (Ille-et-Vilaine). En décembre 2022, plusieurs d’entre eux ont reçu des courriers provenant de l’administration de l’hôpital, leur demandant de rembourser la somme de 292 €.
Deux semaines de stage à rembourser
« Cela correspond aux deux semaines de stage que nous n’avons pas effectuées en mai dernier car nous étions en révision, explique cette ancienne interne qui a préféré rester anonyme. L’hôpital nous a proposé de rattraper ces heures au début du mois de juillet mais certains d’entre nous commençaient directement des stages Faisant fonction interne (FFI). » En sixième année, les étudiants peuvent choisir de faire leur dernier stage en occupant un poste d’interne ou de résident en médecine qui n’a pas trouvé preneur.
L’administration leur aurait alors répondu qu’ils devraient rembourser ces deux semaines payées. « Ils n’ont pas voulu que l’on mette nos congés sur ces deux semaines », précise un autre étudiant. « Ce n’était pas possible, puisque l’université leur avait indiqué qu’ils ne pouvaient pas poser leurs congés après le 1er mai », indique la direction des affaires médicales (DAM) du CHU. Mais pour la quarantaine d’étudiants concernés, qui ont choisi la médecine par passion, c’est la douche froide. « On ne compte pas nos heures et on n’a aucune reconnaissance. Après il ne faut pas se plaindre qu’il n’y ait plus de médecin. »
« C’est la partie émergée de l’iceberg »
« C’est la partie émergée de l’iceberg, insiste cet étudiant. Pendant nos deux premières années d’externat (2019 à 2021), le CHU n’a pas payé toutes nos gardes pendant deux ans. J’estime que l’administration me doit 300 €. » De la quatrième à la sixième année, les étudiants doivent effectuer 36 mois de stage dans différents services de l’hôpital ainsi que 25 gardes hospitalières, payées environ 52 € à l’époque. Pour cette étudiante, une dizaine de gardes n’auraient pas été réglées. « Aujourd’hui, ils chipotent pour 300 €, alors qu’on leur a rapporté bien plus. »
La DAM s’explique : « Avant 2021, les gardes à visée pédagogique n’étaient pas payées, selon l’organisation retenue en commission stages et gardes » et rajoute qu’elles étaient « volontaires ». Une pratique abolie aujourd’hui. Maintenant, « l’intégralité de ces gardes, toutes obligatoires et complètes en termes de volume horaire, est donc rémunérée. » Pour cette ancienne externe, c’est explication n’est pas suffisante. « Dans des services, comme en neurochirurgie, elles n’étaient jamais payées, parce qu’ils considéraient que l’on faisait de l’observation. »
Prime inflation non versée
Autre sujet, la prime inflation versée, notamment aux étudiants, dès le mois de décembre 2021 et jusqu’au 28 février 2022, que les externes boursiers n’ont toujours reçue. « P endant un moment, on ne savait pas qui de l’hôpital ou du Crous devait nous verser la prime. Finalement, il s’avère que c’est au CHU, mais nous n’en avons pas encore vu la couleur. »
La DAM indique, elle, que « les directives ne sont toujours pas claires sur ce sujet. Nous avons demandé au ministère d’éclaircir cette question. La prime devrait être versée d’ici le mois de mars ».
Des réponses perçues comme insuffisantes pour les anciens externes, qui demandent l’annulation du remboursement pour stage non effectué, vécu comme « injuste ».
Auteur : Juliette ORIOT.