
Par Pablo Eymard-Picollec
Pour le prochain budget de l’État, François Bayrou annonce du sang et des larmes. En conférence de presse ce 15 juillet 2025, le Premier ministre a dévoilé les pistes de son gouvernement en vue du budget 2026. Celui-ci sera débattu à l’Assemblée nationale à partir de septembre. L’objectif : faire des é-co-no-mies, 43,8 milliards d’euros exactement. Soit le même programme économique néolibéral depuis 30 ans, sous les auspices de la raison raisonnante d’un macronisme en fin de vie. Au programme de cette saignée sociale, entre autres : suppression de 3 000 emplois publics, suppression de deux jours fériés, déremboursement de médicaments et mise en place d’une « année blanche » pour 2026 sur le barème des impôts, les prestations sociales et les pensions.
« Année blanche » ? Cela signifie un gel des dépenses de 2026 à leur niveau de 2025. Selon un rapport de l’Institut des Politiques Publiques, les 10 % les plus pauvres y perdraient 2 fois plus que les 10 % les plus riches. Un dispositif de saignée sociale, défendu par Bayrou, alors que la France a les plus hauts taux de pauvreté depuis 30 ans. En 2023, 9,8 millions de personnes en France étaient sous le seuil de pauvreté monétaire. Il s’agit également de la plus forte hausse annuelle : 650 000 personnes ont ainsi basculé dans la pauvreté en 2023. Malgré cette crise sociale aggravée, Bayrou préfère… déclarer la guerre sociale. Notre article.
1 Français sur 7 vit sous le seuil de pauvreté, Bayrou préfère geler les allocations
L’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) fixe le seuil de pauvreté monétaire à 60% du niveau de vie médian. Une personne est dite pauvre si son revenu est inférieur à 1 288 euros par mois pour une personne seule, 1 932 euros pour un couple, auxquels il faut ajouter 386 euros pour chaque enfant de moins de 14 ans et 644 euros pour chaque enfant plus âgé.
En 2023, cela représente plus d’1 Français sur 7. Ces chiffres sont même en deçà de la réalité puisqu’ils n’incluent ni les Outre-mer, ni les personnes sans abri, ni celles qui vivent en habitation mobile ou en institution (EHPAD, foyers de jeunes travailleurs), ni les étudiants. À titre illustratif, un travail mené sur l’année 2021 avait permis d’estimer qu’il fallait ajouter 2,1 millions de personnes en plus.
La hausse du taux de pauvreté touche plus particulièrement les familles monoparentales et les enfants. En 2023, plus d’une famille monoparentale sur trois vivait sous le seuil de pauvreté (34,3 %), entraînant une hausse de la pauvreté chez les enfants touchant plus d’un enfant sur cinq. Les chômeurs sont également très impactés : plus d’une personne sur trois vit dans la pauvreté.
Cette augmentation historique de la pauvreté dans la 7ᵉ puissance économique mondiale résulte des choix politiques de Macron. Dans un contexte d’inflation élevée, la non-reconduction des mesures de soutien au pouvoir d’achat mises en œuvre en 2022 a pesé sur le niveau de vie des plus modestes. Cela s’explique aussi en partie par la part croissante de micro-entrepreneurs, dont les revenus d’activité sont en moyenne six fois moins élevés que ceux des travailleurs indépendants classiques. Leur nombre a explosé sous Macron, passant de moins d’un million en 2017 contre 1,77 million en 2022.
Dans la France du « président des riches », les inégalités ne font qu’augmenter. En tenant compte de l’inflation, le niveau de vie des 10 % les plus riches a augmenté de 2,1 % en 2023. Cet enrichissement est impulsé par la hausse des taux d’intérêt et l’augmentation des revenus d’investissement. Il s’explique aussi par l’exonération de la taxe d’habitation sur la résidence principale. En 2024, les 10 % les plus riches étaient les seuls à voir leurs impôts sur le revenu diminuer.
Pour aller plus loin : Désintox – « Taxer les riches est dangereux pour les finances publiques », vraiment ?
L’écart entre les ultra-riches et le reste de la population s’accroît davantage d’années en années, Bayrou refuse de les taxer à hauteur de leur fortune
L’écart entre les ultra-riches et le reste de la population ne fait que s’accroître. Les 500 personnes les plus riches de France ont doublé leurs fortunes depuis que Macron est au pouvoir pour atteindre 1 228 milliards d’euros en 2024, soit 42 % du patrimoine national. Entre 2017 et 2022, 500 personnes ont perçu à elles seules 19 % de la hausse des revenus. Les 1 % les plus riches ont perçu 70 % des fruits de la croissance économique, ne laissant que 3 % pour les 40 % les plus pauvres.
Alors que la pauvreté atteint des records en France, Bayrou préfère faire une « année blanche » pour l’année 2026 et refuse de taxer les ultra-riches à hauteur de leur fortune. Une alternative est possible. Il est possible de lutter contre ces inégalités avec la taxation de seulement 2 % du patrimoine des 147 milliardaires du pays, dite taxe « Zucman » récemment soutenue dans une tribune signée par 7 prix Nobel d’économie ou par la taxation exceptionnelle des très grandes entreprises pratiquant de l’optimisation fiscale. Une mesure défendue par la France insoumise.
Pour lutter contre l’augmentation de la pauvreté, les insoumis proposent notamment le blocage des prix des biens de première nécessité, l’augmentation du SMIC 1600 € net, l’indexation des salaires sur l’inflation, l’augmentation du minimum contributif au niveau du SMIC ou l’abrogation des réformes de l’assurance chômage. Qu’attend-on ?
°°°
Source: https://linsoumission.fr/2025/07/15/bayrou-pauvrete-anne-blanche/
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/face-a-une-pauvrete-historique-bayrou-veut-une-annee-blanche-sur-les-prestations-sociales-et-les-pensions-li-fr-15-07-25/