Faux Congrès du PCV pour prendre le contrôle du vrai Parti Communiste (PerspCom-22/05/23)

Les relations entre les deux partis, jadis alliés, ce sont de nouveau tendues au Venezuela. Le Parti Socialiste Unifié du Venezuela (PSUV) en organisant un faux congrès (Article et traduction de Nico MAURY).

#YoDefiendoAlPCV (Je défends le PCV), c’est par cette campagne numérique que le Parti Communiste du Venezuela souhaite alerter les communistes et les progressistes du monde sur la situation.
En 2020, le PCV sort du Grand Pole Patriotique Simon Bolívar, dirigé par le PSUV de Nicolas Maduro. Depuis, les attaques se sont multipliées contre les militants et dirigeants du Parti communiste. Meurtres, violences, arrestations arbitraires, campagne de calomnies, aujourd’hui c’est l’indépendance, donc l’existence, du PCV qui est menacé.
Le PCV accuse le gouvernement de Nicolas Maduro de ne pas respecter les engagements pris en 2015, de mener une politique contraire au développement du socialisme, une politique de restauration du capitalisme. Malgré la rupture entre les deux partis, le PCV s’est toujours placé aux côtés des chavistes contre les différents coups d’états qui ont secoué le Venezuela et contre le blocus établit par les États-Unis, le Canada et l’Union européenne.
Malgré les désaccords, qui auraient pu se résoudre par le dialogue, le PSUV choisi la violence et la calomnie contre les communistes. Il est régulièrement ciblé par Nicolas Maduro et Diosdado Cabello (dirigeant du PSUV), les qualifiant de “fausse gauche”. Le conflit entre les deux organisations s’est intensifié. Et il a fait des morts.
Le gouvernement de Nicolas Maduro “ne pardonne pas” à la direction du Parti communiste, ni à son bras syndical, la Central Unitaria de Trabajadores de Venezuela (CUTV), l’organisation de manifestations pour exiger des salaires décents depuis l’année dernière.
En plus d’exiger des hausses de salaires, des allocations, des pensions, le PCV exige des discussions, sur les conventions collectives, l’arrêt de la criminalisation de la lutte syndicale, la libération des dirigeants syndicaux et ouvriers arrêté pour avoir protesté.
Les communistes sont accusés de bénéficier du soutien financier des États-Unis, alors que les cadres locaux du PSUV tombent un à un sous les coups des affaires anticorruptions.
Pendant ce temps-là, le PSUV tente de reprendre la main sur le PCV. Le PCV risque une interdiction électorale ou une mise sous tutelle par la justice.
Lors de la marche de commémoration du 4 février 1992, Cabello, Premier vice-président du PSUV, a salué un groupe de personnes avec des drapeaux, des casquettes et des affiches avec les symboles du coq rouge, symboles du PCV. Mais cela ne s’est pas arrêté là, puisque des dirigeants communistes “rebelles” apparaissent et prennent position contre la direction du PCV.
Compte tenu de la proximité des élections présidentielles de 2024, le PSUV voudrait “s’approprier” les symboles du PCV pour les ajouter arbitrairement au GPP en soutien à la réélection de Maduro ou simplement pour “désactiver” l’organisation et l’empêcher de présenter une candidature chaviste dissidente.
Diosdado Cabello, dirigeant du PSUV et cadre du chavisme, est à la manœuvre pour renverser la direction du Parti communiste.
Ce dimanche 21 mai s’est tenu un faux congrès, organisé par la direction du PSUV, pour prendre le contrôle du PCV et le subordonner aux intérêts du gouvernement de Nicolás Maduro.
La veille de cette manœuvre, le Secrétaire général du Comité central du PCV, Oscar Figuera, a expliqué que “la décision du Parti communiste de faire face au paquet néolibéral que le gouvernement a imposé, d’accompagner les luttes du peuple, est l’une des principales raisons pour lesquelles ils veulent aujourd’hui s’attaquer au PCV”.
“La direction du PSUV veut usurper la personnalité juridique du Parti communiste du Venezuela ; ils veulent mettre la main sur la capacité d’action du PCV et neutraliser son rôle dans les luttes sociales dans le pays” déclare Figuera.

Qui est à la manœuvre contre le PCV ?

Des personnes autoproclamées “le PCV de base” se sont réunis pour “demander l’intervention judiciaire dans les affaires du Parti communiste du Venezuela”.
Ce dimanche au Théâtre principal de Caracas, avec l’assentiment du Maire de la municipalité Libertador, contrôlée par le PSUV, s’est tenu un faux congrès présidé par des militants du PSUV :
– Griseldis Herrera : militante du PSUV. Fonctionnaire du Conseil National Électoral (CNE) en détachement auprès du Gouvernement de Monagas où elle travaille comme conseillère juridique.
– Robinson García. Militant et conseiller de Somos Venezuela (un satellite du PSUV) de la municipalité d’Obispos dans l’État de Barinas.
– Carlos Figueroa. Candidat du parti UPP89 (opposition de droite) aux élections régionales de 2021.
– Johan Coraspe. Militante du PSUV. Fonctionnaire du Ministère des Communes. Il travaille également pour le Conseil national électoral (CNE) en tant que coordinateur du centre électoral de la paroisse Altos de los Godos, Maturín.
– Zoilo Arostegui. Militante du PSUV. Il fait partie de l’équipe de travail de Raúl Brazón, coordinateur politique de la structure régionale du PSUV à Monagas.
– Henry Parra, expulsé du PCV en 2021 après avoir publiquement soutenu la candidature de Freddy Bernal au poste de gouverneur de l’État de Táchira, en opposition aux résolutions votées par la 15e Conférence nationale du PCV.
– Sixto Rodríguez. Il a quitté le PCV il y a plus d’une décennie.

Dans les coulisses se trouvent non seulement Diosdado Cabello, qui a personnellement dirigé cette manœuvre, mais aussi d’autres membres de la direction du PSUV, comme le député Jesús Faría Tortosa, qui coordonne les “assemblées” pour “sauver” le PCV, comme le démontre des fuites audio sur les réseaux sociaux.
Ces gens-là expliquent qu’ils sont peu nombreux dans cette aventure anti-démocratique, mais qu’ils tentaient de pallier cette faiblesse en recherchant d’anciens dirigeants du PCV, ainsi qu’en essayant de s’attirer les faveurs d’anciens militants.
En février, Yul Jabour expliquait : “N’ayant pas réussi à faire la ligne politique du PCV validée lors du 16e Congrès national de novembre 2022, voyant l’unité et la cohésion idéologique des communistes, ils ont monté un spectacle avec des gens qui ne sont pas des militants, mais des militants d’autres organisations politiques du Gran Polo Patriotique. Le PCV est plus qu’une carte, une casquette ou un drapeau, il ne sera pas facile de le désactiver, car c’est une institution dans le pays avec des liens internationaux importants”.

Source: https://www.editoweb.eu/nicolas_maury/Faux-congres-du-PCV-pour-prendre-le-controle-du-vrai-Parti-communiste_a16278.html

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