Finistère. « Il faudra aller chercher du poisson à l’extérieur »(OF.fr-28/04/23)

Le plan de sortie de flotte concerne 26 bateaux (1) sur l’ensemble de la Cornouaille soit 5 000 tonnes de poissons en moins sur les 13 500 tonnes de pêche hauturière débarquée et vendue sous criée en 2022.

Le plan de sortie de flotte impacte les volumes vendus sous les criées cornouaillaises (Finistère). Une cellule commerciale est mise en place à la CCIMBO. Jean-François Garrec, président de la délégation cornouaillaise nous explique.

Jean-François Garrec, président de la délégation cornouaillaise de la CCIMBO, gestionnaire des criées et ports de pêche de Cornouaille.

Jean-François Garrec, président de la délégation cornouaillaise de la CCIMBO, gestionnaire des criées et ports de pêche de Cornouaille.

Le plan de sortie de flotte annoncé en début d’année va impacter les volumes de ventes sous criée. Comment faire face ?

Il concerne 26 bateaux (1) sur l’ensemble de la Cornouaille. À l’échelle des criées du territoire, cela représente 5 000 tonnes de poissons en moins sur les 13 500 tonnes de pêche hauturière débarquée et vendue sous criée en 2022. Soit une perte sèche de 20 millions d’euros en valeur. Que ce soit pour le débarquement, la commercialisation et la logistique, il faut donc réorganiser l’ensemble des ports de Cornouaille. L’objectif qui nous est donné est de ravitailler les criées en poissons pour faire travailler le mareyage (2) et la logistique.

Quitte à faire venir du poisson de l’extérieur ?

À la CCI métropolitaine Bretagne ouest (CCIMBO), nous mettons en place une cellule commerciale afin d’envoyer de la marchandise sur les ports pour que la commercialisation continue d’exister. Le but est d’aller chercher du poisson à l’extérieur pour le ramener sous les criées, que ça vienne par camion ou par bateau, car il faut que le mareyage tienne debout. Demain s’il n’existe plus par manque de poisson, qui vendra le poisson restant ? Il restera sur les quais. Donc il faut penser à la commercialisation et à la logistique. Pour que les camions viennent sur un port, il faut du tonnage. S’il n’y a que 600 kg de poissons, ils ne viendront plus les chercher.

Les bateaux espagnols sont déjà pourtant présents…

Des bateaux espagnols débarquent déjà à Douarnenez, à Concarneau. Les Anglais frappent aussi à nos portes. Ce ne sont pas des gros mangeurs de poissons. Ils commercialisent leur poisson en France. Mais si on veut que le mareyage continue d’exister, il faut qu’on lui donne du poisson pour qu’il puisse le transformer et le vendre.

Les Anglais qui vendent en France et les pêcheurs bretons empêchés d’aller pêcher dans les eaux anglaises avec le Brexit, n’est-ce pas contradictoire ?

Je suis d’accord. Mais j’essaie de convaincre les pêcheurs. Les mareyeurs s’inquiètent. Il n’en reste plus beaucoup. Que des grands groupes. Si nous n’avons plus de poisson, comment fait-on ? Avant le poisson Irlandais venait sous nos criées. Sauf que les Irlandais ont eu également un plan de sortie de flotte (ce plan, lié au Brexit, bouclé en novembre 2022, concerne une soixantaine de bateaux). On va perdre, en plus, près de 1 200 tonnes. Donc, il faut compenser ce tonnage perdu et trouver du poisson ailleurs. L’économie de la pêche, c’est tout un contexte. Il faut qu’il y ait de la production, du poisson sous les criées. Et il faut aussi rentabiliser les investissements que l’on a faits.

Maël de Calan, le président du conseil départemental du Finistère, a justement annoncé que 100 millions d’euros seront investis dans les infrastructures de pêche en Cornouaille. Comment seront-ils ventilés sachant que de lourds investissements viennent d’être faits au Guilvinec et à Concarneau ?

Plus précisément 10 millions par an sur dix ans. Il faudra réfléchir à ces investissements proportionnellement au tonnage que l’on va débarquer. Je pense que les 10 millions pourraient concerner non seulement les ports mais aussi l’environnement et le développement autre que la pêche. Par exemple le tourisme autour du port. Mais cela n’engage que moi.

(1) Le plan de sortie de flotte cornouaillais (chiffre actualisé au mois d’avril) concerne les ports du Guilvinec (17 bateaux) ; Loctudy (5) ; Concarneau (1) et Saint-Guénolé (1). S’y ajoutent, un bateau de Saint-Malo et un autre de La Turballe qui débarquent au Guilvinec. Une dizaine de bateaux sont déjà en déconstruction.

(2) Le pays bigouden compte 17 entreprises de mareyage et le port de Concarneau, sept.

Propos recueillis par Catherine GENTRIC

Source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/finistere/finistere-il-faudra-aller-chercher-du-poisson-a-lexterieur-b9a69bcc-e44f-11ed-8259-f036f004eb80

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