Finistère. L’agriculteur de Plouider qui employait des ouvriers polonais condamné à 5 000 € d’amende. ( OF.fr – 10/11/22 – 14h41 )

Le palais de justice à Brest (Finistère).
Le palais de justice à Brest (Finistère). 

Après la très sévère insolation d’un de ses ouvriers polonais dans un champ d’échalotes, cet agriculteur de Plouider (Finistère) était, aussi, poursuivi pour des conditions de travail et d’hébergement indignes. Il est condamné à 5 000 € d’amende et son groupement d’employeurs à 20 000 € par le tribunal de Brest.


L’affaire remonte au 19 juillet 2016, un jour de forte chaleur, dans un champ d’échalotes de Plouider (Finistère), exploité par un groupement de trois agriculteurs. Un ouvrier agricole s’est senti mal, puis s’est évanoui. Il faisait partie d’un groupe de travailleurs polonais embauchés pour deux phases de travaux, la plantation et la cueillette des échalotes.

180 jours d’ITT

Son état s’est avéré très grave, son pronostic vital engagé. Cette très sérieuse insolation doublée d’une sévère déshydratation l’envoyait pour plusieurs mois à l’hôpital et lui valait 180 jours d’incapacité temporaire de travail, ITT.

Devant le tribunal de Brest, poursuivi pour blessures involontaires, son employeur, un agriculteur et père de famille de 40 ans aujourd’hui, décrit cette journée de travail qui s’est révélée « très éprouvante » pour lui aussi : « Ils avaient commencé à 6 h du matin pour finir vers midi. C’était leur deuxième jour de travail, ils devaient rester trois semaines. Ils ont fait une pause vers 10 h. »

Il faisait 31 °C dans le champ. « Vous leur avez conseillé d’arrêter ? » questionne Christophe Subts, le président du tribunal. « Oui, mais personne ne s’est arrêté, ils voulaient finir leur ligne. Ils m’ont dit qu’ils avaient l’habitude », répond l’agriculteur qui leur a apporté de l’eau à plusieurs reprises.

Des conditions indignes selon l’inspection du travail

Après l’accident, les enquêteurs de l’inspection du travail se sont rendus sur l’exploitation. Les 16 travailleurs polonais étaient logés dans un hangar agricole : ils avaient fabriqué des lits avec des palettes sur lesquelles étaient posés des matelas, ils disposaient du wifi et de sanitaires dans un bungalow. Mais ils dormaient près de 10 t de nitrate d’ammonium, cet engrais dangereux qui a provoqué l’explosion de l’usine AZF à Toulouse.

L’inspection du travail a jugé les locaux réservés « à ces personnes vulnérables » non conformes. Et a porté plainte pour des « conditions indignes » et des « manquements au code rural ».

« C’était chouette »

L’agriculteur a expliqué les « avoir logés gracieusement vu que le camping était plein et trop loin »« Aussi, le prestataire chargé de trouver un logement aux employés n’a pas assuré sa mission, il a fallu tout organiser à la dernière minute, précise l’avocat de la défense, maître Guillaume Prat. Surtout, on est loin de l’esclavage moderne soupçonné : tous les employés avaient des contrats de travail et des salaires français. » Un des ouvriers polonais a ainsi témoigné : « On s’y plaisait beaucoup, bien plus qu’au camping où l’on était mal vus. C’était vraiment chouette. »

Certains ouvriers polonais sont revenus depuis. Aucun travailleur ne s’est porté partie civile, le blessé n’a demandé aucune réparation. L’agriculteur a engagé 200 000 € pour refaire des locaux « au top ». L’avocat a demandé la relaxe de son client qui est condamné à 5 000 € d’amende et son groupement d’employeurs à 20 000 €.

Source : Finistère. L’agriculteur de Plouider qui employait des ouvriers polonais condamné à 5 000 € d’amende (ouest-france.fr)

Auteur : Frédérique GUIZIOU.

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