Finistère. Le récit de Jean Le Corre, résistant et déporté (OF.fr-29/11/22-14h21)

On connaît Jean Le Corre, grand footballeur du Stade Quimpérois, Jean Le Corre, éleveur de Beagles et chasseur, mais on se souvient de Jean Le Corre résistant déporté.

Le récit du Gabéricois Jean Le Corre, héros de la résistance, est réédité par l’association Arkae d’Ergué-Gabéric (Finistère). Il est enrichi de nombreuses illustrations, notes et documents d’archives qui offrent une mise en perspective des événements de la Seconde Guerre mondiale et de la société d’après guerre.

Jean Le Corre s’est tu durant 40 ans, comme nombre de déportés qui, dans les années 1950, ont voulu tourner la page. Encouragé par sa fille Joëlle, il commence à s’exprimer à partir des années 1990, face aux jeunes élèves des écoles qu’il visite. Osant enfin affronter ses maux par des mots, il finit par les coucher sur le papier. Son récit paraîtra en 2004, publié par Arkae, association de défense du patrimoine d’Ergué-Gabéric (Finistère). Le succès est tel, qu’il est réimprimé trois fois.

Une édition enrichie

Pour cette réédition, Marilyne Cotten, documentaliste d’Arkae, a fourni un travail de plus de deux années pour réunir photos, croquis, illustrations et biographies des personnalités qui ont croisé la route de Jean Le Corre. « Nous avons souhaité rééditer son témoignage en l’augmentant de nombreuses notes explicatives, de dates, et de précisions historiques. »

Jean Le Corre a 19 ans quand il travaille à la direction des services agricoles de Quimper, administration sous contrôle allemand qui réquisitionne le ravitaillement pour ses troupes. En mars 1941, avec ses amis Fanch Balès, fils du boulanger du bourg, Hervé Bénéat et Pierre Le Moigne, Gabéricois eux aussi, il rejoint le réseau de résistance George-France, puis Libération Nord.

Arrêté par la Gestapo en janvier 1944

Le 14 janvier 1944, la section de Quimper les charge de voler les dossiers des jeunes assujettis au STO (Service du travail obligatoire). Mais Jean et Hervé se font prendre par la Gestapo ; Pierre et Fanch en réchappent. « Jean est conduit à la prison Saint-Charles de Quimper, où il est interrogé avec les tortures d’usage, puis envoyé dans le camp de Neuengamme, en Allemagne, via le camp Margueritte de Rennes, et celui de Compiègne. »

« À partir de là, c’est l’enfer, commente Marilyne Cotten. Celui que Jean Le Corre décrit dans son récit. » Depuis Neuengamme, les déportés sont envoyés dans différents kommandos de travail de force qui les épuise, redressement des rails, creusement de fosse antichars et même nettoyage de fours crématoires, entre Husum, Salzgitter, Soest, pour finir à Buchenwald. « Il y retrouvera Bénéat. Son ami mourant lui dit de survivre pour raconter ce qu’ils vivent. »

Des souvenirs longtemps enfouis

Quand Jean Le Corre se décide à prendre la plume, c’est pour noircir le papier de tous ses sombres souvenirs si longtemps enfouis. La crasse, les maladies, les morts, il jette les mots pour se libérer de cette ignominie qu’il relate avec une minutie qui glace le sang. On n’est pas dans un livre d’histoire, froid et distant. On est dans le vécu et la souffrance de ces hommes.

Jean Le Corre est décédé en 2016. Il est un héros de la Résistance.

De longues recherches et des documents précieux

Marilyne Cotten a entamé des recherches approfondies. D’abord en France, auprès des archives municipales et départementales, puis des descendants des personnalités citées. « Nous avons souhaité ajouter une biographie et un portrait pour chacun d’eux. » Honneur est rendu à ses codétenus, Jean Le Bris, Raphaël Monnier, Gilbert Franck et tous les autres. Les lettres, que les survivants se sont échangées longtemps après ce cauchemar, sont également publiées. « Ce sont des documents très précieux. Des témoignages sur le vif de la société d’après-guerre et de leur rétablissement psychologique. Jean-Yves Saliou, époux de Joëlle, fille de Jean Le Corre, a été d’une aide inespérée. Ayant, de son côté, entamé depuis plusieurs années des recherches sur son beau-père, il s’est très impliqué dans ce livre et nous a fourni de nombreuses archives familiales. Je dois dire que sans lui cette édition ne serait pas la même. »

Des contacts avec le musée de Neuengamme

En Allemagne et aux Pays-Bas, Marilyne Cotten a pu nouer de très bons contacts, notamment avec le musée de Neuengamme, « ce qui nous a permis d’ajouter des clichés et des documents sur les camps de concentration ». Aux croquis, rapports d’enquête, photos, cartes de matricule des prisonniers, s’ajoutent les notes de François Ac’h, président d’Arkae, mettant en perspective le contexte historique, ou apportant des précisions sur le réseau de résistance du Finistère sud, le STO, les camps et kommandos, ce qui en fait un récit prenant.

Le témoignage de Jean Le Corre, Résistant déporté, est disponible auprès d’Arkae au 02 98 66 65 99.

source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/ergue-gaberic-29500/finistere-le-recit-de-jean-le-corre-resistant-et-deporte-cb42f21e-5c27-11ed-93e0-20520e360365

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