150 médecins ont manifesté leur grogne, jeudi 1er décembre 2022, devant la CPAM de Quimper (Finistère). Ils doivent rester, disent-ils, au cœur de la prise en charge des patients.
De mémoire de médecin quimpérois, la dernière mobilisation publique des médecins remonte à 2015. « À l’époque, on parlait déjà des déserts médicaux », souligne Patricia Coroller, médecin à Quimper (Finistère). Réunis au sein de collectifs pour l’organisation et la défense du territoire de santé des pays de l’Iroise et de Quimper, une centaine de médecins se sont réunis devant la CPAM de Quimper, jeudi 1er décembre 2022. Un mouvement national dans le cadre d’une négociation de la future convention médicale qui doit fixer les règles de remboursement de l’Assurance maladie.
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« On constate tous les jours une dégradation de la prise en charge, rupture de stocks de médicaments, difficultés d’accès à un spécialiste, à une imagerie, problème d’hospitalisation faute de lits suffisants. » Les médecins ne sont pas assez nombreux pour faire face aux besoins d’une population qui vieillit disent en filigrane, les médecins, jeudi.
« L’État a choisi de confier de plus en plus de tâches médicales à d’autres professionnels de santé, rappelle Patricia Coroller. Une personne qui arrive en pharmacie, on va lui prescrire un traitement sans connaître le symptôme. Vous avez mal à la gorge ? Très bien, c’est une angine. Et pourquoi pas une mycose, un cancer des amygdales ? »
« Nous soignons des gens, pas des chiffres »
Sa collègue Katell Le Bris abonde en ce sens : « Les médecins doivent rester au cœur de la prise en charge médicale des patients, orienter, soutenir, examiner, diagnostiquer, prescrire, dans une relation directe médecin-patient : c’est notre travail, notre vocation. »
Autre grief, la surcharge administrative : « Nous ne voulons pas devenir les super gestionnaires des dossiers patients informatisés. »
Pour remédier au manque de médecins, il faut bien les former et leur donne envie de s’installer : « Il faudrait améliorer l’attractivité et les conditions de travail, c’est en augmentant le nombre de médecins installés qu’il y aura un meilleur accès pour tous à un médecin traitant. »
Pour Claire Le Calvez, jeune médecin remplaçante, « la vocation ne suffit plus, il est temps que tous les professionnels de santé soient mieux rémunérés, mieux considérés, au risque de voir la pénurie s’aggraver ».
À propos de moyens, la demande faite au niveau national de revalorisation d’une consultation de base à 50 €, au lieu de 25 € actuellement a marqué les esprits du grand public. Lors de la manifestation, les médecins présents ont tous parlé d’une revalorisation financière « nécessaire, pour tenir compte de nos besoins humains (secrétariat, assistants) de nos besoins de fonctionnement et pour des locaux adaptés à l’accueil des patients et la formation des internes. Elle devra être à la hauteur de nos compétences et nos responsabilités ».
Les médecins ne veulent plus d’une médecine faite « de pansements, elle ne doit plus être ajustée à des objectifs qui n’améliorent en rien la qualité de soins. Nous souhaitons aussi une simplification de la convention médicale, nous soignons des gens, pas des chiffres ».
Les médecins restent sur leurs gardes. Ils ont été reçus par Hugues Bardoux, directeur de la CPAM du Finistère. « Nous allons continuer notre combat, malgré ce sentiment d’incompréhension au niveau national, nous allons informer nos patients au quotidien », note enfin Patricia Coroller.
Jean-Marc PINSON