Finistère. L’interprofession du port de Concarneau veut décarboner ses navires de pêche(OF.fr-

L’Interprofession du port de Concarneau lance une vaste étude pour décarboner ses bateaux de pêche en utilisant l’hydrogène.

L’interprofession du port de Concarneau (Finistère) lance le projet Pilothy dans le cadre d’un appel à projets de la Bretagne. Objectif, décarboner en intégrant une pile à combustible hydrogène dans les navires de pêche.

L’interprofession du port de Concarneau (Finistère) lance le projet Pilothy dans le cadre d’un appel à projets de la Bretagne. Entretien avec Jean-François Ansquer, secrétaire de l’Interprofession du port de Concarneau (IPC) et Pdg du cabinet d’architecture et d’études navales Coprexma.

En quoi consiste le projet Pilothy porté par l’Interprofession du port de Concarneau (IPC) ?

L’objectif est de faire une étude de faisabilité technique et administrative sur une transformation d’un navire cornouaillais existant, une unité de pêche côtière qui navigue à la semaine, en y intégrant une pile à combustible hydrogène. Ce qui nous intéresse, c’est d’estimer la viabilité économique de ces bateaux sous l’ère, très proche, où nous n’aurions plus accès au gasoil ou juste accès au gasoil très cher, que l’on serait obligé de remplacer par d’autres énergies. Dont l’hydrogène que la région Bretagne veut à tout prix promouvoir.

Comment est-il né ?

C’est un projet sur lequel nous travaillons depuis longtemps. Nos clients armateurs à la pêche sont inquiets de la montée du prix du gasoil. Ils nous disent qu’il faut décarboner, moins consommer et moins polluer. « Quelles sont les technologies applicables à nos bateaux ? Quel serait le coût de cette transformation ? », nous demandent-ils. Il s’agit pour les entreprises (1) de l’IPC de leur proposer des solutions qui soient applicables techniquement et réellement commercialisables.

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Ce projet a été retenu dans le cadre de l’appel à projets de la Bretagne « Transitions énergétiques des filières pêche et aquaculture bretonnes »…

C’est une belle opportunité pour démontrer que c’est faisable, trouver les leviers, les incompatibilités administratives et déterminer les coûts réels entre le gasoil et l’hydrogène. À partir de quel moment cela devient-il rentable ? Aujourd’hui, personne n’en sait rien.

Les bateaux pourraient-ils fonctionner entièrement à l’hydrogène ?

La pile à combustible hydrogène que l’on va venir adjoindre, soit on la considère comme un groupe électrogène, soit on la considère comme une aide à la propulsion ou à la génération d’énergie à bord. Un bateau est une unité autonome sur l’eau qui a besoin de produire de l’énergie. Quand il avance, il produit de l’électricité, de l’hydraulique et aussi du froid. Cette énergie vient du gasoil aujourd’hui mais demain, elle peut venir à la fois du gasoil et d’une pile à combustible ou de l’hydrogène embarqués à bord. Cela peut s’additionner ou fonctionner ensemble.

Cette innovation pourrait-elle affecter l’autonomie du navire de pêche ?

Il perdra sûrement en autonomie car le stockage de l’hydrogène est moins aisé que celui du gasoil. Il peut perdre aussi en capacité de captures. On peut aussi arriver sur des points bloquants où l’administrateur maritime dit que le bateau ne peut pas aller en mer avec une tempête. Ou que le commandant doit avoir tel ou tel diplôme pour naviguer avec de l’hydrogène. Il faudra aussi faire des analyses de risques (incendie, explosion) qu’on proposera aux affaires maritimes, au bureau Véritas qui nous accompagneront pour avoir l’agrément de l’hydrogène à bord de ce bateau.

Où les bateaux trouveront-ils l’hydrogène ?

Cela ne sert à rien que demain nos bateaux marchent à l’hydrogène si on n’en trouve pas sur nos quais. La Bretagne s’est prononcée pour cette transition. Demain on est sûr qu’on aura de l’hydrogène. Reste à savoir à quel prix et quelle sera la volonté commerciale pour le distribuer. Notre mission est de dompter cette énergie pour la transformer sur nos unités de pêche. Mais l’équation n’est pas simple. Il faut que l’hydrogène soit vulgarisé pour être accessible commercialement à nos bateaux.

Quelles sont les qualités de l’hydrogène ?

C’est une énergie qui n’est pas polluante. En revanche, elle n’est pas encore rentable car il faut beaucoup d’énergie pour la produire. Mais demain, la Bretagne s’y est engagée, nous aurons des hydroliennes, des éoliennes et des panneaux solaires. Quand il y aura du soleil, du vent ou de la marée, l’hydrogène sera une forme de stockage d’énergie produite par ces énergies vertes notamment lors des délestages au niveau des réseaux électriques.

Le calendrier ?

L’étude se fera sur dix mois en 2023 à partir des plans d’un bateau existant qu’on va modeler. L’ambition est de l’optimiser et de le présenter à nos pêcheurs en leur demandant si c’est faisable ou non. Si tous les voyants sont verts, on pourra commencer la construction d’un bateau en 2024.

Quel est ce bateau existant ?

On a choisi de travailler d’après les plans de l’Anita Conti, un chalutier (17,30 m de long) d’un armateur bigouden, Julien Le Brun. Si la cale à poissons fait 50 m3, elle pourrait passer à 25 m³ pour mettre dans les autres 25 m³ de l’hydrogène. Avec ces 25 m³ d’hydrogène, peut-on pêcher une semaine ? A priori non. Ce serait plutôt une demi-semaine et donc a-t-on besoin d’une cale à poissons de 50 m3 ? C’est tout cela qu’on va étudier.

(1) Le projet Pilothy est porté par un consortium d’entreprises de l’IPC : l’électricien intégrateur de solutions d’énergie, Barillec Marine ; Piriou ingénierie, le cabinet d’architecture et d’études navales Coprexma ; le motoriste Méca Diesel, l’atelier de mécanique Semim et l’électronicien Marinelec Technologies. La région Bretagne subventionne le projet à hauteur de 87 000 €.

Propos recueillis par Catherine GENTRIC.

source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/concarneau-29900/finistere-l-interprofession-du-port-de-concarneau-veut-decarboner-ses-navires-de-peche-ed11ac18-7d2a-11ed-a4bb-2b42c3ad45c9

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