Le secteur de l’agriculture est le plus touché par cette hausse, avec 33% de morts en plus depuis 2019. 114 personnes étaient mortes au travail, salariés et non-salariés confondus en 2019, ce chiffre s’élève à 152 en 2022.On se souvient des décès en série en septembre dernier dans les vignobles de Champagne. Alors que la période était marquée par des températures caniculaires, au moins quatre ouvriers travaillant dans les vignes étaient décédés, foudroyés par la chaleur. Par exemple, le 6 septembre, par plus de 32°C, un quarantenaire était victime d’un arrêt cardiaque. Puis trois autres vendangeurs les jours suivants. Le gouvernement n’avait pas eu un mot sur cette série de décès, terriblement symboliques.Jeudi 10 août 2023, un salarié intérimaire âgé de 70 ans est décédé après avoir fait une chute lors d’une opération de maintenance dans une entreprise d’escaliers en Bretagne. Un double scandale : celui de la précarité au travail qui expose davantage aux accidents, et l’âge avancé du défunt, puisqu’à 70 ans cet homme aurait dû bénéficier d’une retraite méritée et suffisante pour se reposer.Le travail tue aussi les plus jeunes. Jeudi 16 juin 2022, au matin, à Saint-Lumine-de-Clisson dans le Vignoble nantais, un jeune garçon qui aurait fêté ses 15 ans en juillet était en «stage en entreprise» avant les vacances scolaires, en vue d’un apprentissage. Il participait au chantier de démolition du garage d’une maison. Un mur s’est effondré sur lui. Il n’a pas pu être sauvé. Macron veut généraliser le travail de plus en plus jeune, exposant des mineurs à des accidents graves.Avec un ratio de 3,5 accidents mortels pour 100.000 salariés, notre pays est en tête du nombre de morts au travail dans l’Union Européenne, qui s’élève en moyenne à 1,7 pour 100.000. C’est aussi le seul pays où le nombre d’accidents du travail mortels ne cesse d’augmenter. Ce chiffre était de 537 en 2010, quasiment le double aujourd’hui. Mais les autorités, qui communiquent massivement sur le moindre petit bobo subi par un policier, se gardent bien de parler des centaines d’ouvriers agricoles, maçons ou éboueurs qui meurent prématurément à cause de leur labeur.Ces chiffres de l’Assurance Maladie sont d’ailleurs sous-évalués, car ces données concernent uniquement les salariés du secteur privé. Les agriculteurs, les auto-entrepreneurs ou encore les fonctionnaires ne sont pas comptabilisés. Et les accidents sur le trajet domicile-travail non plus. Le travail tue donc autour 3 personnes par jour en moyenne dans un silence assourdissant.Outre les morts, la France a enregistré au total près de 656.000 accidents du travail en 2019. Chaque année, plus de 30.000 personnes sont sérieusement blessées lors d’accidents du travail. Par ailleurs, une étude montre que le chômage cause le décès de 14.000 personnes par an, en France. La privation d’emploi tue aussi sûrement que le travail !Les décès et accidents du travail sont essentiellement concentrés parmi les métiers les plus pénibles : ouvriers du bâtiment ou de l’industrie, éboueurs, pêcheurs ou agriculteurs, loin devant la police par exemple. Et ils sont plus courants lorsqu’un travailleur est précaire ou peu formé.Les lois néolibérales assassinent, les choix politiques de nos dirigeants sont directement responsables de ces vies détruites. Casser le code du travail, repousser l’âge de la retraite, supprimer les critères de pénibilité, cela abîme les corps, provoque des maladies, des dépressions, des accidents mortels. Les politiques de Macron et ses prédécesseurs multiplient les drames évitables, pour le seul profit des patrons.