Forum social local à Séné : « C’est comme dans une manif, on a chaud au cœur, ça nous motive » ( LT.fr – 05/02/23 )

Josiane Nigaut, secrétaire d’Attac Vannes et co-organisatrice du Forum social local.
Josiane Nigaut, secrétaire d’Attac Vannes et co-organisatrice du Forum social local. (Le Télégramme/Caroline Lafargue)

Le Forum social local, organisé à Séné, Vannes et Auray, s’est clos ce week-end. Entretien en forme de bilan avec Josiane Nigaut, d’Attac Vannes, et co-organisatrice de cet événement porté par 24 associations qui pensent qu’un autre monde est possible.

Êtes-vous satisfaite de cette nouvelle édition du Forum social local ?

L’année dernière ça a été compliqué à cause des restrictions sanitaires. Cette année, on a eu beaucoup de monde. Au cinéma d’Auray, on a dû refuser vingt personnes pour la projection de « La (très) grande évasion » (sur l’évasion des capitaux, NDLR), la salle était complète. Pareil au cinéma La Garenne, pour la projection de « La fabrique de la pandémie », on a dû refuser du monde. Les salles des conférences aussi ont fait le plein. 70 personnes sont venues écouter celle de Philip Shapiro (venu du Bono) sur la justice sociale et l’écologie. C’est comme dans une manif, on a chaud au cœur, ça nous motive. On fait venir des gens de grande qualité, comme Paul Ariès (politologue militant de la décroissance, NDLR). On essaie d’allier l’aspect local et l’aspect « internationaliste » – c’est devenu un gros mot ! Nous, les frontières, on s’en fout.

On est frappé par la moyenne d’âge élevée des visiteurs et militants associatifs. Où sont les jeunes ? Vous n’investissez pas les réseaux sociaux ?

Internet, on ne sait pas faire, on ne peut pas. On veut de l’humain. Les jeunes, on ne sait pas où ils sont. Le forum social c’est le seul événement de gauche du pays de Vannes. Il y a 8 000 étudiants et beaucoup de jeunes qui travaillent. On devrait les voir. On a déjà essayé de distribuer des tracts d’Attac, les jeunes ne comprennent pas qu’on puisse même avoir ce type d’activité. C’est un combat. Il y a très peu de gens syndiqués, ou dans les partis politiques. Dans les assos, même aux Restos du Cœur, ils cherchent du monde tout le temps. Le collectif ne les intéresse pas. C’est l’esprit du temps, on travaille pour soi, pas pour les autres. Dans ma génération, à 20 ans, on s’engageait dans le social, on était contre la guerre du Vietnam. Ça forme un peu l’esprit. Mais l’histoire, ce sont des balanciers. Ça reviendra !

Est-ce que ce forum social a la capacité de toucher des gens qui ne sont pas déjà convaincus ?

Cette question, les nouvelles associations se la posent tout le temps. Un forum social ne peut pas attirer 3 000 personnes. Les gens ont envie de s’amuser, pas forcément envie de réfléchir. Qu’il y ait quinze personnes, ou 150, on veut qu’elles repartent avec quelque chose qu’elles n’avaient pas en arrivant. Deuxièmement, le forum permet aux associations d’apprendre à travailler ensemble, et donc à se respecter dans des opinions différentes. Ici vous avez le CCFD, une ONG catholique. À une époque, on avait aussi la Libre-pensée (anticléricale, NDLR), et ils se côtoyaient à chaque réunion, dans le respect. Cette année, on a Liberty Max (pour la visibilité de la communauté LGBTQIA +), qui vient de se créer. Participer au Forum social, ça leur permet de se développer. On sait que l’année prochaine ils vont amener un public plus jeune. Une association toute seule, elle a du mal à passer le mur du son.

Source : Forum social local à Séné : « C’est comme dans une manif, on a chaud au cœur, ça nous motive » – Vannes – Le Télégramme (letelegramme.fr)

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