Des agents de la plateforme industrielle courrier de Rennes, à Noyal-Châtillon-sur-Seiche (Ille-et-Vilaine), dénoncent un manque de moyens depuis l’absorption du site de Caen, le 4 septembre 2023. La direction, elle, dément.
L’ambiance est joviale sur le piquet de grève de la plateforme industrielle courrier (Pic) de Rennes, ce jeudi 21 septembre 2023 au matin. Mais le discours, lui, n’a rien d’enjoué.
« On voit souvent des collègues pleurer. Ça n’est plus possible », rapporte Angélique Vaillant, déléguée Sud PTT sur le site qui emploie 520 personnes. « Détresse », « souffrance », « mal-être » : l’absorption du site de Caen, le 4 septembre, entraînerait selon les syndicats une nette détérioration des conditions de travail.
D’abord, par l’augmentation du volume d’activité. « Avant, c’était 300 cubes par jour. Là, c’est 700 à 800. Un cube, c’est au moins 30 000 plis », compte Vincent Avril, délégué CGT. En plus des quatre départements bretons et de la Mayenne, le centre installé à Noyal-Châtillon-sur-Seiche s’occupe désormais du Calvados, de l’Orne et de la Manche.
200 000 plis envoyés ailleurs chaque jour
« Mais sans moyens supplémentaires », dénoncent les délégués syndicaux. « Il y a bien eu une quarantaine d’intérimaires embauchés, mais ils ne sont ni formés, ni compétents. En trente-deux ans, je n’ai jamais vu un tel foutoir », s’offusque Vincent Avril.
L’augmentation du volume traité et les difficultés à atteindre les cadences nécessaires entraîneraient des « pressions managériales. » « Il y a un réel mal-être. Ce n’est pas normal que des collègues viennent au travail en étant mal. »
Outre les conditions de travail, la réorganisation serait aussi à l’origine de gros retards dans le traitement et la distribution du courrier. « La direction nous avait annoncé 2,9 millions de plis en retard, mais est revenue en arrière. On ne sait pas avec certitude, mais il y en a au moins plusieurs centaines de milliers. »
Au point de devoir demander de l’aide à d’autres plateformes. « Nous avons mis en place un dispositif d’entraide, confirme Guillaume Mayeur, directeur exécutif Bretagne au service courrier colis de La Poste. 200 000 plis sont envoyés chaque jour ailleurs. »
« Des aléas techniques » pour la direction
Rien à voir, selon lui, avec la récente réorganisation. « Nous avons eu des aléas techniques la semaine dernière », assure le directeur régional, démentant « formellement » chaque point dénoncé par les syndicats.
« Nous avons préparé finement cette réorganisation, qui est un vrai défi. 31 embauches en CDI ont déjà été faites, 15 sont à venir, et 20 personnes ont été réaffectées en interne. Des formations sont aussi dispensées. »
Quant à l’impact sur les centres de distribution et les facteurs dénoncé par les représentants syndicaux, il n’existe pas pour la direction. « Nous faisons en sorte que leur charge soit lissée en amont », assure Guillaume Mayeur. Qui dément aussi d’éventuelles conséquences sur les particuliers, assurant n’avoir connaissance d’aucune augmentation des réclamations.
« Les retards dans la distribution ont été extrêmement marginaux. Aujourd’hui, 90 000 plis sont en retard, mais uniquement publicitaires. » Un discours à mille lieues des témoignages de terrain. « Aujourd’hui encore, j’ai distribué du courrier daté du 11 septembre. Nous sommes le 21… », pointe un facteur rennais.
Alors que la direction promet un retour à la normale « d’ici la fin de semaine », les syndicats comptent poursuivre la mobilisation. Entre autres revendications, ils demandent l’embauche de titulaires, et une prime pour l’absorption du site de Caen.
Auteur : Charlotte HEYMELOT.
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