Grève du 18 octobre : dans le Morbihan, ils luttent pour « une juste répartition des richesses »(OF.fr-18/10/22-20h11)

Les manifestants se sont réunis devant la préfecture du Morbihan, à Vannes, pour réclamer une hausse des salaires, ce mardi 18 octobre 2022.

Ce mardi 18 octobre 2022, l’intersyndicale du Morbihan a répondu à l’appel national à la grève interprofessionnelle, pour protester contre la vie chère et réclamer des hausses de salaires. Pour de nombreux manifestants, il s’agit de « dénoncer des inégalités sociales qui perdurent » face à un quotidien toujours plus difficile.

« Vivre mieux, partager les richesses. » Voilà les mots d’ordre autour desquels se sont rassemblés, dans quatre villes du Morbihan, près de 2 000 manifestants. Une réponse locale à l’appel à la grève intersyndicale national, lancé depuis Paris, ce mardi 18 octobre 2022, pour protester contre la vie chère et réclamer des hausses de salaires.

« Repli sur soi »

Katell Daniel, 49 ans, professeure au chômage, souhaite dénoncer les inégalités sociales.

À Vannes, ils étaient plus de 80 manifestants à se réunir, à 17 h, devant les grilles de la préfecture du Morbihan. Parmi eux, Katell Daniel, 49 ans, professeure au chômage et Vincent, infirmier 36 ans, de l’agglo de Vannes. Eux, sont là pour « dénoncer les inégalités sociales qui perdurent. Les riches s’enrichissent encore plus. Si on ne fait rien, on va perdre nos acquis ».

Une vision partagée par Aimée Delfour, la cinquantaine, du Tour-du-Parc, qui manifeste pour l’« augmentation des salaires et pour le partage des richesses. Je suis déçu que voir que les gens se sentent de moins en moins concernés. Les petits salaires ne se bougent pas trop ».

Pour l’infirmier, le manque de jeunes à la mobilisation « témoigne du repli sur soi. Je suis infirmier et on voit bien la dégradation du système de santé. Il y a de moins en moins de moyens et de moins en moins de monde ».

Clémentine Le Brun, Lou-Ann Régnier, Youn Perrin et Gabriel Régnier, Élèves du lycée Charles-de-Gaulle de Vannes.

Pourtant les jeunes ne sont pas loin. Gabriel Régnier, par exemple, en classe de terminale à Vannes. Il est venu, avec quelques camarades de classe, après la manifestation contre la réforme du lycée professionnel qui s’est également déroulée ce 18 octobre 2022, au matin, se mobiliser pour la hausse des salaires. « Ce sujet concerne nos parents, mais c’est aussi notre avenir qui est en jeu, nos retraites dans quelques années… C’est important de montrer que ces questions concernent aussi les jeunes. »

« Je suis très inquiète pour mes enfants »

Entre 1200 et 1 400 manifestants s’étaient réunis à Lorient.

À Lorient, la mobilisation semble comparable à celle du 29 septembre 2022, où entre 1200 et 1 400 manifestants s’étaient réunis. Le rassemblement s’est transformé en défilé avant de quitter la sous préfecture en direction de la place de l’hôtel de ville, peu après 17 h.

« Ça fait cinq ans que je trouve que le gouvernement de Macron tape sur les ouvriers ! » témoigne Sandrine 64 ans, assistante logistique toujours en activité dans une grande entreprise du Centre-Bretagne. Elle vient tout juste de se syndiquer. « Je suis en CDI depuis 2010, avant j’ai eu des contrats précaires, confie-t-elle. J’ai commencé à travailler tard parce que je me suis occupée de mes trois enfants. Depuis le mouvement des Gilets jaunes, j’ai vu la répression. Je suis très inquiète pour mes enfants. »

« Faire porter le chapeau au plus petit que soi »

Selon la manifestante, le travail n’est pas valorisé, le Smic ne permet pas de vivre décemment. « Le gouvernement mène une politique de division, on ne cesse de faire porter le chapeau au plus petit que soi. Il y a un tel mépris de la population… »

Thomas, 29 ans, est vendeur en boulangerie à Ploemel. « Je n’ai pas les moyens de me nourrir avec des produits de qualité ».

Thomas, 29 ans, est vendeur en boulangerie à Ploemel. Malgré un contrat durable, « le salaire est ce qu’il est, j’ai trouvé de quoi me loger par la débrouille mais je n’ai pas les moyens de me nourrir avec des produits de qualité ».

Il est venu manifester pour dénoncer la non-répartition des richesses, « un contexte écologique catastrophique et aucune écoute. C’est le capitalisme qui détruit tout, les conditions de vie des gens ». Pour lui, on assiste à « une humiliation quotidienne de la population par des gens qui sont au service de la finance ! »

« Ça devient intenable pour tout le monde »

Mireille, elle, a 22 ans d’ancienneté dans la fonction publique. Elle n’est pas syndiquée. « Avec mon ancienneté, je touche 1 700 € nets par mois, les fins de mois sont difficiles même si je sais que je ne suis pas la plus mal lotie. Nous demandons juste à vivre de notre travail, on ne veut pas de primes, des aides, des chèques énergies… » Elle aussi pointe une volonté de diviser les Français. « Ça devient intenable pour tout le monde. J’ai regardé mon décompte pour la retraite, si je pars à 64 ans, j’aurai droit à 1 100 €, si je pars à 67, ce sera 1 200 après avoir travaillé toute ma vie… ! »

Dans les rangs également des agents territoriaux de la Ville. « Les agents ne peuvent plus assurer leur mission de service public, déplore Régine, militante à la CGT, faute de moyens. On impose des cadences qu’on n’avait pas avant. Le cœur du problème c’est le pouvoir d’achat et la paie. »

« On veut retrouver notre liberté »

Louise, 17 ans ; Patrick, 63 ans ; Christine, 60 ans ; et Marie, 55 ans, de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes).

Ils étaient un peu moins de 100 personnes réunis devant la sous-préfecture de Pontivy, à 18 h. « Nous sommes venus en soutien des grévistes, mais pas uniquement pour les salaires. Il y a aussi le pouvoir d’achat. On nous fait payer plus cher au nom de la guerre en Ukraine. Il y a des problèmes dans le service public. L’Éducation nationale est une structure qui craque de partout. Il y a une inaction climatique et le problème de tout ça, c’est le capitalisme, avec des gens qui se gavent », affirment Louise, 17 ans, Patrick, 63 ans, Christine, 60 ans et Marie, 55 ans, de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes).

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« On n’est plus libre, on ne peut plus rouler où l’on veut, on ne peut plus manger, confie Lilou, retraitée, 65 ans. Les courses sont hors de prix, avec des paniers dont le prix a parfois été multiplié par trois. Et les gens font des stocks, comme la moutarde. J’ai une retraite de moins de 1 000 € par mois. Quand j’ai tout payé, je n’ai plus rien, pas de loisir. Je ne peux même pas gâter mes petits-enfants. Ce qu’on veut c’est que les prix baissent. Que les retraites augmentent. Et qu’on retrouve notre liberté. »

« Ras-le-bol des fins de mois difficiles »

Élisabeth, 60 ans, assistante commerciale dans l’agroalimentaire, estime que « c’était déjà difficile de vivre avant, avec un Smic. Il faudrait augmenter tout le monde, peu importe les salaires ».

À côté, Amandine, 35 ans, abonde : « Les prix ont augmenté pour les courses, le gasoil et il n’y a pas beaucoup de hausse de salaire. On a moins de loisirs, on fait moins de restaurants. On en a ras-le-bol des fins de mois difficiles. Il faudrait baisser le prix de la viande, du beurre, des légumes, des matières premières… Et évidemment de l’essence. »

Au Palais, la mobilisation déçoit les syndicats

« On ne peut qu’être surpris par la faiblesse de la mobilisation, a déploré Karol Kirchner, conseiller municipal à Palais. Heureusement que l’on peut toujours compter sur l’antenne locale de la CGT. » Ludovic Bénabès, secrétaire départemental de l’Union syndicale santé action sociale CGT du Morbihan, venu de Lorient, a plaidé « pour une vraie répartition des richesses entre ceux qui les produisent et les entreprises. On ne peut plus opposer souffrance et superprofit. C’est une question de justice sociale. Les services publics, notamment ceux de Belle-Île, ont besoin d’un effort national de soutien pour perdurer ; une taxation exceptionnelle est nécessaire ».

Delphine RATHIER-LANDAY, Yann CLOCHARD, Nicolas EMERIAU.

source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/morbihan/greve-du-18-octobre-dans-le-morbihan-ils-luttent-pour-une-juste-repartition-des-richesses-94617062-4ecc-11ed-b832-30b1043f3243

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