Grève du 28 mars. 10e journée de manifestation à Rennes : « C’est maintenant ou jamais » ( OF.fr – 28/03/23 )

Les syndicats ont compté 25 000 manifestants contre la réforme des retraites ce mardi 28 mars dans le centre de Rennes.
Les syndicats ont compté 25 000 manifestants contre la réforme des retraites ce mardi 28 mars dans le centre de Rennes. | JOEL LE GALL / OUEST-FRANCE

La manifestation officielle s’est déroulée dans le calme ce mardi 28 mars 2023. Une mobilisation en baisse avec 25 000 participants selon les syndicats et 13 600 selon la Préfecture.

« Le calme avant la tempête. » L’expression était dans toutes les bouches, en prévision de la 10e journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Jeudi 23 mars, Rennes avait été le théâtre de plusieurs heures de violence, d’affrontements et de dégradations. La crainte d’un bis repetita était prégnante ce mardi 28 mars, dans un centre-ville quadrillé par les forces de l’ordre. Le cortège s’est élancé avec 25 000 participants selon les syndicats et 13 600 selon la Préfecture.

Une heure sans heurts

Les forces de police étaient beaucoup plus nombreuses qu’aux manifestations précédentes. Et surtout beaucoup plus visibles, à chaque carrefour et rues perpendiculaires, avec des fourgons et des hommes en uniforme, cagoulés. Les affrontements violents de Sainte-Soline autour des méga-bassines revenaient régulièrement dans les conversations. Mais pendant plus d’une heure, chacun est resté à sa place.

Avant la place de Bretagne, côté République, quelques activistes ont tenté d’attaquer mais de nombreux jets de gaz lacrymogène et le canon à eau ont calmé le jeu en quelques minutes. Le parcours officiel s’est terminé place de Bretagne et boulevard de la Tour-d’Auvergne, sans jamais être dévié. Ce qui n’était pas arrivé depuis plusieurs semaines.

Le cortège a défilé pendant près de 2 h sans avoir besoin de dévier leur parcours, à la différence des éditions précédentes où les affrontements se multipliaient avec des manifestants radicalisés. | JOEL LE GALL / OUEST-FRANCE

Chants et pétards dans le cortège

À midi, trente minutes après le départ, la fin de cortège part de la place de Bretagne. L’ambiance est décontractée, entre chants, danses et slogans. « On retrouve une solidarité et de l’échange dans ces manifestations, salue Claudine, une habitante d’Acigné de 64 ans. Il y a tous les publics, toutes les professions. On retrouve même des voisins que l’on n’aurait jamais imaginé croiser dans un cortège syndical », s’étonne l’infirmière à la retraite. Avec son mari Jean-Marc, 67 ans, ils sont « des vieux de la vieille » des manifs. Normal que les pétards les fassent à peine sursauter.

En sécurité avec les organisateurs

Rester dans le cortège syndical est souvent une bonne méthode pour ne pas se retrouver mêlés aux violences. Claudine et Jean-Marc observent que « la casse a toujours existé, depuis cinquante ans, en marge des mouvements populaires ». S’ils ne la cautionnent pas, ils savent aussi que « les cortèges pacifiques ont du mal à se faire entendre ».

Près du Colombier, Nicolas doit refréner les ardeurs d’Anton (10 ans), d’Achille (8 ans) et d’Horace (9 ans) qui aimeraient « voir la bagarre ». Éveillés à la lutte citoyenne, en manifestant lors du 1er mai, du 8 mars, les enfants ont fabriqué leurs pancartes, avec quelques gros mots, le matin même. « Je viens manifester sur ma pause déjeuner, pendant une heure, explique Nicolas. Avec des amis, nous mutualisons la garde des enfants les jours de grève. Les enfants aiment y participer pour être entre copains. On reste à l’écart, sans prise de risque, mais on est là ! »

Élodie, Victor, Pedro et Marius retourneront dans la rue tant que la réforme n’est pas abandonnée par le gouvernement. | OUEST-FRANCE

Pareil pour Pedro, Élodie et leurs deux garçons en poussette. Ils soutenaient le mouvement depuis le début mais c’est le 49.3 qui les a amenés dans la rue. La semaine dernière, ils sont arrivés en plein dans des tirs de gaz lacrymogène. « Marius qui adorait les policiers en a peur maintenant, c’est triste d’en arriver là », pointe le père.

« Jusqu’au retrait »

Pedro et Élodie ne lâcheront plus désormais. « Une pause pour relancer la discussion avec le gouvernement, on n’y croit pas », confie le couple de Saint-Meen-Le-Grand. « S’il renonçait, le Président ne perdrait pas son honneur ! Les gens le respecteraient pour ne plus s’entêter et pour écouter l’intérêt général. » La suite ne fait pas l’ombre d’un doute dans les rangs autour d’eux. « Je serai là jusqu’au retrait », affirme Stéphanie, 49 ans, avec sa petite pancarte « Je suis la foule ». Accompagnante d’un élève en situation de handicap, elle se sent « méprisée par Macron ».

Forces de l’ordre et manifestants se sont côtoyés à chaque croisement du défilé. | JOEL LE GALL / OUEST-FRANCE

Avec son petit salaire de 800 €, chaque jour de grève lui coûte environ 25 €. Ce qui ne l’a pas empêchée d’être de toutes les manifestations. « Au besoin, nous sommes soutenus par les syndicats et nous pouvons faire appel à la caisse de grève. » Déterminée, elle souhaite continuer à descendre dans la rue pour battre le pavé tant qu’il est chaud : « C’est maintenant ou jamais. Il faut poursuivre, sans pause, sinon on se fera enfumer. Jusqu’au retrait ».

Et la suite ?

L’intersyndicale d’Ille-et-Vilaine décidera demain, mercredi midi, de la suite du mouvement. Ils s’aligneront sur les positions nationales. « Par précaution et pour ne pas être hors délai, on a déjà déposé une demande d’autorisation pour défiler jeudi 30 mars et samedi 1er avril », confie Fabrice Lerestif, secrétaire général de Force ouvrière Ille-et-Vilaine. « Jeudi ça m’étonnerait mais samedi c’est possible. »

Auteur : Émilie CHASSEVANT et Karin CHERLONEIX.

Source : Grève du 28 mars. 10e journée de manifestation à Rennes : « C’est maintenant ou jamais » (ouest-france.fr)

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