Grève du 31 janvier 2023 : la manifestation prend de l’ampleur à Nantes et Saint-Nazaire (OF.fr-31/01/23-

Un deuxième round contre la réforme des retraites encore plus mobilisateur en Loire-Atlantique, ce mardi 31 janvier.

Ils étaient plus nombreux que le 19 janvier dernier. Avec quelques tensions sans gravité en marge de la manifestation, les grévistes ont de nouveau répondu présents en ce mardi 31 janvier.

Deux semaines après le premier acte des manifestations contre la réforme des retraites, une masse humaine s’est de nouveau formée au Miroir d’eau, à Nantes, ce mardi 31 janvier. Sans la pluie, qui a cette fois laissé tranquilles les grévistes, c’est une certitude : ils étaient plus nombreux que le 19 janvier.

65 000 à Nantes contre la retraite à 64 ans, tous métiers confondus

Devant le château, une foule familiale et intergénérationnelle s’est massée à 10 h 30 autour des véhicules bariolés des syndicats et des tracteurs des agriculteurs, tous corps de métiers confondus. Travailler sur l’échafaudage, avec la manutention, dans le froid en hiver et en plein cagnard l’été, jusqu’à 64 ans ? Ce n’est pas possible, peste Gilles, 55 ans, peintre en bâtiment. La retraite, je ne pense même plus que j’en aurai une. Je suis là par soutien, nos parents, c’est pour bientôt, lâche Emma, artiste de 25 ans, résignée.

Philippe, lui, manifeste pour la première fois : Il y en a marre de changer les règles en cours de jeu. Quand j’ai commencé à travailler à 18 ans, la retraite était à 60 ans. On a déjà accepté de passer à 62 ans. Là, on nous impose encore deux ans de plus. On va prendre quatre ans en l’espace d’une dizaine d’années. Ça suffit. On ne peut pas dire amen à tout.

Un peu avant 11 h, le cortège a pris forme et s’est glissé dans la rue Henri-IV. Cette fois, ce ne sont pas les banderoles syndicales qui ont ouvert la marche. Plusieurs milliers de jeunes ont pris les devants, derrière des banderoles étudiantes, sous des bannières socialistes et anarchistes, entonnant des slogans anticapitalistes.

Une manœuvre policière, puis le retour au calme

Près de la préfecture, des dizaines de policiers et gendarmes mobiles attendaient les manifestants. Une présence qui a généré de l’agitation à l’avant du défilé. C’est là que des forces de l’ordre, postées dans la rue Sully, sont entrées en action. À coups de gaz lacrymogènes, ils ont isolé la tête du cortège, puis ont poussé ce groupe vers de centre-ville, espérant peut-être sa dispersion. Finalement, le calme est revenu rapidement. La suite du cortège a raccroché les wagons, et la manifestation a pu continuer dans le calme. Avec, en marge, quelques jets de projectiles en direction des forces de l’ordre et des vitrines d’agences d’intérim, les manifestants sont arrivés vers 13 h aux Nefs, point final de la déambulation.

Mais un groupe de manifestants en avait décidé autrement ; plutôt que de bifurquer sur la place des Machines de l’île, ils ont emprunté le boulevard Léon-Bureau, passant à l’arrière du palais de justice. Au pas de course, les forces de l’ordre ont tenté de les contourner pour les ramener sur la place. Après quelques poubelles brûlées et de nouvelles grenades lacrymogènes tirées dans les rues de l’île de Nantes, le groupe a finalement regagné les Nefs, où les manifestants avaient déjà commencé à se disperser. Les syndicats, eux, appelaient déjà à prolonger le mouvement dans les jours à venir.

Objectif atteint côté syndicats

Pour cette deuxième journée d’action contre le projet de réforme des retraites, ce mardi 31 janvier 2023, les habitants de Loire-Atlantique ont répondu encore plus nombreux à l’appel des syndicats (92 500 dont 65 000 à Nantes, selon les syndicats, ci-dessus).

Comptages. Contrat rempli pour les syndicats. Selon leurs comptages, les manifestations ont rassemblé environ 92 500 personnes en Loire-Atlantique : 65 000 à Nantes, 18 000 à Saint-Nazaire, 6 500 à Ancenis et 3 000 à Châteaubriant. Soit 15 000 de plus que le 19 janvier. De son côté, la préfecture a dénombré près de 47 000 manifestants, dont 28 000 à Nantes et 14 000 à Saint-Nazaire. Une forte mobilisation, donc, qui « montre bien que la contestation ne faiblit pas », souligne Pascal Priou (Unsa). L’intersyndicale doit se réunir ce mercredi matin pour décider des suites. L’objectif est de maintenir la pression, même pendant les vacances, selon la CGT. Hier, deux nouvelles journées d’action ont été annoncées : mardi 7 et samedi 11 février.

Raffineries : « arrêts » la semaine prochaine

. La CGT a réitéré, hier, sa volonté de poursuivre sa mobilisation dans les raffineries les 6, 7 et 8 février, ce qui pourrait passer par « un arrêt » de certains sites. « C’est là que l’on verra si la bascule se fait ou pas, si les salariés sont prêts à nous suivre sur le mot d’ordre de la reconduction », explique à l’AFP Eric Sellini, dont le syndicat (CGT) a mené la grève dure dans les raffineries de TotalEnergies à l’automne. Cette reconduction sera soumise au vote des salariés en assemblée générale la semaine prochaine. « Pour que la grève se poursuive au-delà du 8 février, il faut que les autres services prennent les mesures nécessaires », ce qui passe « par un arrêt des installations », souligne Eric Sellini. « S’il n’y a pas d’impact sur l’économie de façon significative, il n’y aura pas de changement de ligne du gouvernement », ajoute-t-il. Hier, 85 % des personnels de la raffinerie de Donges étaient en grève, selon la CGT.

À Saint-Nazaire ils témoignent : « Aujourd’hui on nous dit 64 ans, mais demain?

Ce mardi 31 janvier à Saint-Nazaire, le cortège avance avenue de la République.

À Saint-Nazaire, les manifestants étaient plus nombreux hier qu’à la première mobilisation
le 19 janvier. Le mécontentement va au-delà du recul de l’âge de la retraite. Choses dites.

Une place de l’Amérique Latine, à Saint-Nazaire, un cortège qui s’étire sur quelques kilomètres en ville. Il y avait 14 000 manifestants selon la police (qui en avait compté 12 000 le 19 janvier 2023) et 17 000 selon les syndicats. Dans le cortège, Hélène, 32 ans, assistante logistique, qui n’avait pas manifesté le 19 janvier. Je ne me vois pas finir ma vie derrière mon bureau. Aujourd’hui on nous dit 64 ans mais quel âge nous dira-t-on demain ?

Mylène, 26 ans : « Penser aux salaires, à la retraite, ça fait un peu mal »

Annie est partie en retraite à 59 ans et demi il y a quelques années. Et j’avais assez travaillé. 64 ans c’est inadmissible ! S’il faut de l’argent, on peut en trouver ailleurs.

Une réforme injuste c’est ce que manifestants et représentants syndicaux pointaient. Avec la proposition du Gouvernement, le sort des femmes ne sera pas amélioré : elles devront cotiser plus longtemps, elles ne bénéficieront pas de la retraite minimum à 1 200 € du fait des carrières hachées, a rappelé dans son discours Sophie Lesachey, du syndicat Solidaires.

Sarah, 51 ans, Pauline, 28 ans, et Mylène, 26 ans, sont collègues dans l’aéronautique. Je ne me vois pas avec mon pistolet à peinture dans une cabine jusqu’à 64 ans, ce n’est pas possible, dit l’une.
Sa collègue Pauline, qui contrôle la qualité des pièces avant peinture, abonde : On travaille dans les produits chimiques, on piétine toute la journée, on est dans un rythme de production qui génère du stress. Mylène assure : On aime notre métier. On se constitue notre bonheur au travail mais penser aux salaires et à la retraite, ça fait un peu mal.

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« Gréver pour ne pas crever »

Le mécontentement entendu dans le défilé nazairien va au-delà de l’âge de départ à la retraite. Patrice, enseignant, se dit outré​. La reforme des retraites est la cerise sur le gâteau d’un malaise. On observe une dégradation de l’école depuis quelques années, depuis Sarkozy. L’accompagnement, les besoins particuliers, la médecine scolaire, tout marche mal. En plus on ne nous fait pas confiance.

Les manifestants ont été plus nombreux à Saint-Nazaire que le 19 janvier à battre le pavé. On aimerait être écoutés par le Gouvernement, conclut Mylène.

Les militants syndicaux laissent entendre qu’il faudra d’autres rendez-vous pour venir à bout du projet. Nous sommes convaincus qu’il faudra gréver pour ne pas crever, a lancé la CGT. Tandis que Solidaires appelle à reconduire la grève aujourd’hui pour être plus forts et plus forte demain.

Manifs les 7 et 11 février

Réunie à Paris ce soir, l’intersyndicale a annoncé deux nouvelles journées de mobilisation les 7 et 11 février

Martin Hernot, Xavier Boussion, Marina Cessa et Emmanuel Vautier (Presse Océan)

source: https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/greve-du-31-janvier-2023-la-manifestation-prend-de-l-ampleur-a-nantes-et-saint-nazaire-96663d06-a170-11ed-b727-95140ec04a42

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