Grève générale et manifestations en Grèce, trois semaines après l’accident du train à Tempé. ( WSWS – 18/03/23)

Des manifestants brandissent des banderoles lors d’une grève générale de 24 heures dans le centre d’Athènes, le jeudi 16 mars 2023 [AP Photo/Michael Varaklas]

Des millions de travailleurs ont fait grève jeudi, et des manifestations ont eu lieu dans toute la Grèce. Il s’agit de la plus grande mobilisation jamais organisée en réponse à l’accident de train de Tempé qui a fait 57 morts le 28 février.

La grève générale a été déclenchée suite à l’appel des deux fédérations syndicales, la Confédération générale des travailleurs grecs (GSEE) et l’organisme de coordination des travailleurs du secteur public (ADEDY). Elle a été soutenue par le Front militant de tous les travailleurs (PAME), par la fédération du parti communiste stalinien de Grèce (KKE) et la Fédération panhellénique des marins.

L’action a entraîné la fermeture de tous les réseaux de transport. Les services ferroviaires sont interrompus depuis la catastrophe au cours de laquelle un train de passagers interurbain à grande vitesse qui transportait 350 personnes, qui se rendait d’Athènes à Thessalonique, est entré en collision frontale avec un train de marchandises qui allait vers le sud. Les membres de la Fédération panhellénique des cheminots se sont joints à la grève et aux manifestations de jeudi.

Dans la capitale, les services du métro d’Athènes n’ont fonctionné que quelques heures pour permettre aux participants de se rendre aux manifestations et d’en revenir, tout comme les services du réseau de tramway. Aucun bateau n’a circulé entre les îles grecques et de nombreux vols ont été annulés en raison d’un arrêt de 24 heures du contrôle du trafic aérien. Les hôpitaux publics ont fonctionné avec du personnel d’urgence et les écoles publiques ont dû fermer.

Comme elle l’avait fait lors de la grève générale lancée par l’ADEDY le 8 mars, la police a fermé les stations de métro Syntagma, Panepistemio et Omonoia ― toutes adjacentes aux principales places publiques et points de rassemblement ― afin de limiter l’affluence dans le centre d’Athènes.

Des dizaines de milliers de personnes ont participé à des marches et à des rassemblements à Athènes (voir la vidéo ci-dessous avec des manifestants dans la rue Panepistimiou), à Thessalonique et dans d’autres villes. À la Gare Centrale d’Athènes, des fleurs ont été déposées et des bougies allumées en mémoire des morts.

Les jeunes ont à nouveau joué un rôle important dans les manifestations. Les étudiants, dont les associations occupent les écoles et les universités depuis l’accident, sont venus en nombre. La plupart des passagers décédés étaient des jeunes, dont de nombreux étudiants. Douze des victimes fréquentaient l’université Aristote d’Athènes. Dans le centre d’Athènes, une grande banderole brandie par un contingent de jeunes lors d’une grande manifestation indiquait: «Nous devenons la voix de tous ceux qui sont morts, dans les rues de la lutte, la vie est gagnée».

Des étudiants tiennent une banderole sur laquelle on peut lire en grec: «Nous devenons la voix de tous ceux qui sont morts, dans les rues de la lutte, la vie est gagnée», alors qu’ils crient des slogans pendant une grève générale de 24 heures dans le centre d’Athènes, le jeudi 16 mars 2023. [AP Photo/Michael Varaklas]

Les manifestations étaient émaillées de slogans et de chants antigouvernementaux rejetant les affirmations initiales du Premier ministre de la Nouvelle Démocratie (ND), Kyriakos Mitsotakis, qui prétendait que la catastrophe était le résultat des erreurs d’un seul chef de gare à Larissa ou a eu lieu le dernier arrêt du train de passagers avant l’accident. Sur la place Syntagma, devant le Parlement, on pouvait lire sur certaines banderoles: «Ce n’était pas une erreur humaine, c’était un crime» et «Nos morts, vos profits».

Un slogan devenu viral depuis l’accident, «Envoie moi un message à ton arrivée», souvent utilisé par les parents pour savoir si leurs enfants sont arrivés à bon port, était également affiché sur les banderoles. Des jeunes ont scandé: «La nouvelle génération ne vous pardonne pas; les larmes se sont taries et se sont transformées en rage».

Lors de nombreuses manifestations du mouvement Tempé, la police antiémeute a brutalement attaqué les participants avec des gaz lacrymogènes, des grenades assourdissantes et des matraques. D’autres attaques ont eu lieu hier à Athènes.

Le journaliste Nikos Sverkos a posté pour le journal Avgi de la coalition pro-SYRIZA (Coalition de la gauche) des images d’une attaque policière avec le commentaire suivant: «La définition de l’assaut non provoqué de la police sur la marche pour la #Grève16Mars… Voilà à quel point ils respectent les morts de #Tempé».

L’ampleur de la colère ― qui ne montre aucun signe d’apaisement plus de trois semaines après l’accident ― est telle que le gouvernement de la ND pourrait ne pas y survivre. Le gouvernement a été contraint de présenter des excuses pour les décès et de promettre qu’il sécuriserait un réseau ferroviaire décimé par les coupes budgétaires et le manque chronique de personnel, exacerbé par la privatisation du TrainOSE, géré par l’État, par SYRIZA en 2017. Cette privatisation a eu lieu pendant la mise en œuvre par SYRIZA ― en alliance avec les Grecs indépendants d’extrême droite ― d’une austérité encore pire que celle imposée par les sociaux-démocrates PASOK et ND depuis 2008. Cela faisait suite à la demande de la «troïka» de l’Union européenne, du Fonds monétaire international et de la Banque centrale européenne.

(Article paru d’abord en anglais le 16 March 2023)

Auteur : Robert Stevens

Source : Grève générale et manifestations en Grèce, trois semaines après l’accident du train à Tempé – World Socialist Web Site (wsws.org)

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