
Par Victoria GEFFARD
Plusieurs centaines de personnes se sont réunies à Carhaix (Finistère), pour défendre l’accès aux soins et défendre les urgences de l’hôpital. Dans les rangs des manifestants, des sapeurs-pompiers, des médecins généralistes libéraux et des habitants qui subissent directement les conséquences localement d’un service « régulé ».
La peur, la crainte reviennent dans beaucoup de témoignages de la manifestation pour défendre les urgences de l’hôpital de Carhaix (Finistère), lundi 4 septembre 2023, dans la soirée. Entre 1 000 personnes (gendarmerie) et 3 000 personnes (organisateurs), ont fait le déplacement en ce jour de rentrée. Cette date est aussi symbolique. Dès ce lundi, les urgences de l’hôpital ne sont accessibles qu’en passant par un appel au Samu. La direction a décidé de « réguler » les admissions la nuit, entre 18 h 30 et 8 h 30.
« C’est angoissant »
« C’est angoissant, glisse Marie Cariou, 73 ans, je suis souvent seule chez moi la nuit. S’il m’arrive un jour de tomber, car je vois assez mal dans l’obscurité, que se passera-t-il ? » Habitante d’un hameau de Carhaix, elle vient régulièrement aux rassemblements en soutien aux services hospitaliers. « La santé est un droit pour tous », complète Marie-Annick Keranguyader, qui vit aussi à Carhaix.
Comme des centaines de personnes, elles ont écouté les témoignages au micro. Dont celui poignant, d’Éléna Le Méhauté, habitante de Carhaix. « Le 7 août, j’ai perdu ma maman qui avait 84 ans. Elle est partie à l’hôpital à Morlaix, pour un problème au col du fémur qui n’a pas pu être pris en charge aux urgences de l’hôpital de Carhaix. […] Dans une période où les impôts ne font qu’augmenter, nos droits à la santé ne font que diminuer. »
Les soignants libéraux sur le qui-vive
Hannah Charles, médecin généraliste à Carhaix (Finistère), partage les histoires de ces familles au quotidien. Y compris pendant cet été difficile. Un bilan partagé par l’Association des professionnels de santé libéraux du pays de Carhaix (52 soignants). Au cours de ces deux mois, elle a constaté avec ses collègues un accès aux soins encore plus « défavorisé ».
Elle argumente : « Par définition, on ne calcule pas son arrivée aux urgences. Nous craignons que cette régulation, que l’on prend nous comme une fermeture, n’alourdisse notre travail. Nous finissons régulièrement nos journées à 20 h. On peut imaginer que les patients se tourneront vers nous après 18 h 30. Ce seront des consultations non prévues ».
« Beaucoup de sapeurs-pompiers sont en fatigue chronique »
Le docteur évoque le travail des pharmaciens de Carhaix, aussi concernés. « Cet été, cela les a impactés avec des patients qui se présentent la nuit pendant les gardes, sans ordonnance, que l’on doit gérer », précise-t-elle.
Des situations tendues auxquelles ont été confrontés les sapeurs-pompiers de Carhaix et ses environs. Les transports dans les hôpitaux aux environs de Carhaix se sont multipliés comme Morlaix, Brest ou Quimper. « Beaucoup de sapeurs-pompiers sont en fatigue chronique. Cette régulation des urgences entraîne une dégradation de la chaîne des secours », alerte Patrice Dupont, sapeur-pompier professionnel à Carhaix depuis 2019 et représentant CGT dans le Finistère.
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