Ce vendredi 27 octobre 2023, le protocole définitif pour « la sortie de crise et le développement de l’hôpital de Carhaix » a été signé. Voici ce qu’il faut retenir.
Par Anthony RIO
Jeudi 26 octobre 2023, les présidents des communautés de communes du Pays Centre Ouest Bretagne ont reçu un projet de « protocole pour la sortie de crise de l’hôpital de Carhaix », élaboré par le CHU Brest-Carhaix et les services de l’État.
Après plusieurs heures d’échanges entre les différentes parties prenantes, un document définitif, dont le contenu est très proche de la version dévoilée la veille, a été signé ce vendredi 27 octobre 2023. Voici les principaux points à retenir.
Comment a été construit ce protocole ?
Le document de cinq pages a été élaboré par la préfecture, l’agence régionale de santé et la direction du CHRU Brest-Carhaix. Il est nourri des discussions de la réunion organisée mercredi 25 octobre 2023 en préfecture, en présence des présidents des communautés de communes du Pays Centre Ouest Bretagne (Cob), du président du conseil régional, du président du conseil départemental, du président du Pays Cob, de la députée de la circonscription, de l’agence régionale de santé, de la préfecture et du CHU Brest-Carhaix.
À quoi sert-il ?
C’est une feuille de route qui engage les signataires à remplir les objectifs écrits. Le but pour les élus du Centre Ouest Bretagne était d’obtenir des garanties de l’État pour le maintien de l’ensemble des services existants, et pour développer l’offre de soin sur le territoire.
Cela fait près de quinze ans qu’un tel document écrit est demandé par les défenseurs de l’hôpital. Ils ont été entendus. Le maire de Carhaix, Christian Troadec, parle même d’un « accord historique ». Les services de l’État écrivent : « Le présent plan a pour objet de consolider les actions engagées par l’État et les perspectives pour maintenir et développer l’offre de soins à Carhaix en médecine, chirurgie, obstétrique. »
Quels sont les objectifs pour les urgences ?
La régulation nocturne du service des urgences a mis le feu aux poudres à la fin de l’été, faisant monter la tension entre des élus centre-bretons, les syndicats, une partie de la population, la direction de l’agence régionale de santé et de l’hôpital. Plusieurs manifestations ont été organisées à Quimper.
C’est donc ce premier point qui est abordé. L’objectif principal est de « retrouver un deuxième médecin urgentiste » permettant un retour à un fonctionnement normal du service des urgences, 24 heures sur 24.
Un objectif complémentaire est mentionné : « Garantir la présence a minima d’un médecin généraliste en complément du médecin du Smur ». « L’enjeu est de disposer d’un médecin généraliste, dans l’attente du recrutement d’un autre médecin urgentiste […] Toute personne accueillie aux urgences aura la garantie d’être vue, si son état le nécessite, par un médecin. »
Comment atteindre ces objectifs ?
C’est la plus grande difficulté. Le recrutement est très compliqué depuis plusieurs années. C’est d’ailleurs cette raison qui pousse le CHU à réduire les horaires d’accueil physique des urgences carhaisiennes. « Le CHU a décidé, au-delà des mesures salariales fixées au maximum du plafond réglementaire, de renforcer les leviers d’attractivité au travers de la prise en charge de frais de transport, de logement et de restauration », est-il écrit dans le document.
Si ces mesures ne suffisent pas, des dispositifs complémentaires pourront être étudiés avec les élus, comme « la garde d’enfants ou la mobilité professionnelle des conjoints ». Le protocole prévoit « de renforcer le travail » pour « identifier le vivier de médecins retraités susceptibles de se réengager ». Les services de l’État souhaitent renforcer « le recrutement de personnels non médicaux » et « les effectifs infirmiers pour accélérer la prise en charge des patients ».
Quels sont les engagements à moyen terme ?
Mais au-delà des seules urgences, ce que demandaient les élus locaux depuis de nombreuses années, ce sont des engagements écrits pour l’avenir avec l’objectif de développer les activités.
Une série d’engagements, avec des dates, est listée dans le protocole : implantation d’une IRM fixe (1er trimestre 2025) ; création d’une unité de soins palliatifs et d’une équipe mobile de soins palliatifs (2e trimestre 2024) ; installation de trois fauteuils dentaires supplémentaires (mise en service au 3e trimestre 2025) ; augmentation des places d’ambulatoire de médecine et de chirurgie (courant 2024) ; travaux de modernisation permettant un agrandissement des urgences, l’accueil des fauteuils dentaires et rénovation de la maison médicale de garde (3e trimestre 2025) et une reconfiguration du plateau technique de chirurgie ambulatoire et d’hospitalisation de jour (4e trimestre 2024) ; mise aux normes de l’unité de soins continus ; réalisation du programme d’investissement prévu dans le cadre du Ségur investissement, notamment en matière de rénovation du secteur Ehpad et unité de soins de longue durée (lancement au 2e trimestre 2024). Plusieurs de ces projets avaient déjà été annoncés ces dernières années.
Reste-t-il des points de crispation ?
À ce jour, seule la date effective du retour à un fonctionnement normal des urgences reste en suspens… et suscite quelques interrogations. « Mais les conditions pour y parvenir sont là. C’est sur la bonne voie », explique le maire de Carhaix, Christian Troadec. Signe d’un apaisement, la manifestation qui devait être organisée devant la préfecture le 4 novembre est finalement transformée en un rassemblement festif, qui aura lieu à Carhaix.
Et maintenant ?
Des réunions se tiendront deux fois par mois à la préfecture du Finistère, en présence des signataires, pour s’assurer de la mise en œuvre de ces mesures. Le premier comité de pilotage aura lieu au début du mois de décembre.