Par Romain Fillion
Le désormais secrétaire d’État à la Mer était de passage dans les Côtes-d’Armor, ce vendredi 25 août. Hervé Berville en a profité pour effectuer un détour par Dinan et son hôpital. Une visite de plus deux heures au sein de trois services différents, durant laquelle les soignants ont martelé la persistance de conditions de travail dégradées.
Hervé Berville était de retour en terres costarmoricaines, ce vendredi 25 août. La première partie de la journée, celui-ci l’a passée avec la casquette de secrétaire d’État à la Mer : aux côtés du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires Christophe Béchu et de la secrétaire d’État chargée de la Biodiversité Sarah El Haïry, Hervé Berville a inauguré
l’extension de la Réserve naturelle nationale des Sept-Îles, à Perros-Guirec, avant de lancer le projet de réhabilitation de la friche urbaine de Broons.
Mais, en fin de journée, l’ancien député de la 2e circonscription des Côtes-d’Armor n’a pas pu s’empêcher d’effectuer un détour par un territoire plus personnel : le pays de Dinan. Le Pludunonéen de 33 ans est allé à la rencontre des soignants du centre hospitalier dinannais. Une visite de plus de deux heures, au sein de trois services différents.
Cortège politique
Il est 18 h passées lorsqu’Hervé Berville apparaît devant l’hôpital de Dinan. Celui-ci est accueilli par Armelle Germain, directrice déléguée du centre hospitalier, et François Cuesta, à la tête du Groupement hospitalier de territoire Rance-Côte d’Émeraude. Poignées de mains et accolades chaleureuses.
Un long cortège se forme alors, direction le service des soins polyvalents, premier point d’étape. Parmi la colonne suiveuse, engourdie dans la cage d’escalier, se trouvent notamment Arnaud Lécuyer, le président de Dinan Agglo, mais aussi le sous-préfet de Dinan ou la députée Chantal Bouloux. De quoi démontrer la portée éminemment politique de ce rendez-vous médical particulier.
Pas le temps de manger, ni de lever tous les patients
Une rangée guillerette, contente de revoir l’enfant du pays, qui retrouve brusquement son sérieux une fois pénétré la salle de réunion de l’étage. Aides-soignants, infirmiers et médecins entourent alors Hervé Berville, incités à prendre la parole. Un moment pour rapporter, encore, les problématiques du quotidien, la précarité des soignants ou du paramédical, et évoquer « ce qu’il faudrait améliorer et ce qu’il faudrait faire pour leur donner envie de rester », n’hésite pas le docteur Charlotte Renard-Gouix, cheffe de service.
Une jeune infirmière diplômée en décembre 2022 prend la parole. « On ne peut pas prendre le temps avec les patients, notamment palliatifs, alors qu’il le faudrait. Avec une infirmière de chaque côté, ça nous fait douze patients chacune ; c’est délicat. » Un manque de bras encore souligné par une collègue : « Le week-end on doit choisir quel patient on va lever. Demain, il y aura un tirage au sort. Ceux qu’on n’a pas été levés le samedi, on les lèvera le dimanche. »
Un temps pas davantage trouvé pour manger, semble-t-il. « Ce midi, on a mangé à 15 h, quand le petit-déjeuner a été pris à 5 h 30. Alors, forcément, on a du mal à se concentrer. »
« Et à la fin, ça craque »
Une « usure psychologique » du personnel soignant que les médecins, eux-mêmes fragilisés, ne peuvent que constater. Le docteur Benjamin Jouenne, présent également dans la salle, appuie : « Elles ont l’impression que le travail n’est pas fait comme il faut, elles rentrent fatiguées, frustrées, pas disponibles pour leur famille… Et à la fin, ça craque. C’est dur de les entendre parler ainsi. »
Hervé Berville écoute, rebondit et tente de rassurer, alors que l’heure du repas a sonné pour les patients. « L’hôpital de Dinan est un bel établissement. On veut vous donner du temps et des perspectives à l’hôpital (…). Il s’agit du seul groupement à recevoir autant de financement en Bretagne, mais il faut continuer à faire plus. Identifier ce qui est essentiel pour vous. Il faut des personnels et des moyens supplémentaires. On le voit. »
L’hôpital de Dinan, « un élément vital pour notre territoire »
Hervé Berville et le cortège quittent la salle et s’éloignent en direction du service radiologie, avant de visiter un troisième espace encore : les urgences. Dans leur sillage, les deux médecins du service de soins polyvalents examinent la discussion tout juste achevée. « Ça remonte un peu le moral de se sentir écoutés. On n’était pas revendicatifs, ce n’était pas le but. On était content qu’ils viennent. Au moins, ils ont entendu nos difficultés. »
Avant de reprendre la voiture et de quitter la région, Hervé Berville s’explique sur cette venue finalement située hors de son portefeuille ministériel. « Je suis là en tant qu’habitant de la circonscription, en tant qu’élu local. Pour mener une action gouvernementale, il est important de rester ancré dans le territoire. On a avancé sur la question de la revalorisation des soignants, on doit avancer sur la question de l’organisation du temps de travail : qu’elle soit différente pour attirer les jeunes et trouver du temps pour les patients. J’ai vu des soignants fatigués, mais qui restent pleinement engagés. » Le secrétaire d’État de conclure : « Cet hôpital, c’est au-delà d’un symbole. C’est un élément vital pour notre territoire. »
URL de cet article : Hôpital de Dinan : les soignants profitent du passage d’Hervé Berville pour alarmer. (LT.fr – 26/08/23) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)