Hôpital de Gaza bombardé : guerre de propagande (ContreAttaque-18/10/23)

Mardi 17 octobre au soir, une détonation a frappé l’hôpital Ahli Arab, l’un des plus anciens de la ville de Gaza, géré par l’Église, et rempli de blessés. Un abominable massacre, évalué à plusieurs centaines de morts. Très rapidement, l’État israélien a assuré qu’il n’était pas responsable, et qu’il s’agissait d’un tir de «roquette défectueuse» provenant en réalité d’un commando palestinien, qui aurait touché sa propre population. Une bataille communicationnelle fait rage.

Commençons par le début : en 11 jours, il est établi qu’Israël a tué 12 journalistes, coupé le courant, déplacé 1 million de personnes et empêché la presse internationale d’entrer. Il n’y a donc pas de journalistes extérieurs sur place et les journalistes palestiniens risquent leur vie. Aucun observateur indépendant n’est capable de clarifier la situation. C’était précisément le but d’Israël : organiser un huis-clos sans témoin dans une zone assiégée. Reprendre les affirmations de l’armée israélienne comme le font les médias français est aussi malhonnête que s’ils diffusaient, tel quel, un communiqué du Hamas.

Rappelons un autre fait. Juste avant l’explosion de l’hôpital Al-Alhi, un bombardement israélien a visé une école de l’ONU transformée en refuge. «Au moins 4000 personnes ont trouvé refuge dans cette école de l’UNRWA. Elles n’avaient et n’ont toujours nulle part où aller» expliquait l’ONU. Au moins 6 personnes ont été tuées. Cela n’est pas contesté par Israël, et très peu de médias en ont parlé.

Autre rappel : en 11 jours, l’OMS a recensé des attaques sur «111 infrastructures médicales», et dénonce «60 ambulances visées» Quant à l’hôpital Al-Alhi, l’Archevêché de Canterbury dont dépend cet hôpital rappelle qu’il a déjà subi des «tirs de roquettes israéliennes» le 14 Octobre. Et que l’armée israélienne avait exigé son évacuation.

Après l’explosion du 17 octobre à l’hôpital Al-Alhi, des comptes officiels israéliens ont d’abord revendiqué la frappe. Un influenceur numérique nommé par Netanyahou a décrit le tir comme visant une «base terroriste à l’intérieur d’un hôpital» avant de l’effacer, de même qu’un compte Facebook de Tsahal. Dans un second temps, le bilan des victimes a été minimisé. Avant que, dans un troisième temps, vue l’ampleur que prenait le scandale, l’armée israélienne affirme qu’il s’agissait d’un tir de roquette islamiste défectueuse. Tsahal a diffusé une vidéo censée prouver ses dires avant de la supprimer précipitamment, puisqu’il s’agissait d’une toute autre roquette. Qui croire ?

Beaucoup de questions se posent. Comment une roquette artisanale pourrait avoir une puissance de feu capable de tuer des centaines de personnes d’un coup ? Des défenseurs d’Israël prétendent qu’elle aurait pu frapper une cache de munitions, par un hasard extraordinaire. Mais il n’y a pas eu d’explosions secondaires. Comment des commandos assiégés avec des moyens rudimentaires posséderaient des bombes aussi puissantes qu’une armée régulière ?

Cette guerre de l’information n’est pas nouvelle. Après l’offensive du Hamas, les chaînes israéliennes reprises par le monde entier avaient parlé de «40 bébés décapités». Une atrocité qui n’a été constatée par aucun journaliste sur place, et que l’état major de l’armée israélienne n’a pas confirmée. L’information, qui émanait d’un colon extrémiste engagé dans l’armée n’est toujours pas vérifiée, mais elle continue d’être reprise telle quelle pratiquement tous les jours.

Au mois de mai 2022, la journaliste Shireen Abou Akleh portant un casque «Presse» avait été exécutée par un soldat de l’armée israélienne à Jénine. À cette occasion, un représentant de Tsahal avait été invité sur BFM et certifiait que la victime avait été touchée par le tir d’un militant palestinien. Présenté comme un simple «habitant de Tel-Aviv», celui-ci assurait en direct : «Y a des vidéos qui l’ont montré.» Aucune vidéo ne montre cela. L’enquête a depuis prouvé que la journaliste avait été tuée par Tsahal, et ses obsèques ont elles-mêmes été réprimées par la police militaire.

Le 9 juin 2006, sur une plage de la bande de Gaza, huit personnes dont trois enfants d’une même famille palestinienne sont tuées dans une frappe. Israël dénonce un tir de roquette défectueuse du Hamas. Il faudra des années d’enquête et de polémiques avant que l’ONG Human Rights Watch estime qu’il y a des «raisons de conclure qu’un obus d’artillerie israélien a causé l’explosion».

Durant l’été 2014, quatre enfants palestiniens sont tués sur la plage de Gaza par une frappe israélienne. L’armée se réfugie derrière une supposée présence de «terroristes» sur la plage mais finit par reconnaître une «erreur d’identification».

La désinformation est l’une des armes les plus importantes dans un conflit militaire. Semer le doute, c’est déjà une victoire pour le camp qui a commis un crime. Cela permet de gagner du temps, de diluer les responsabilités.

Concernant l’hôpital frappé à Gaza, il n’y a donc aucune certitude. En revanche, il est absolument impossible que les 111 infrastructures médicales attaquées, selon les chiffres de l’OMS, et les dizaines d’ambulances bombardées aient chacune été touchées “par erreur” par des “roquettes défaillantes”. Et les milliers de victimes civiles depuis 11 jours, dont un tiers d’enfants, n’ont pas non plus été tuées par erreur, mais avec une volonté de vengeance et de terreur contre une population. Et ces évidences, aucun média français ne les rappellera.


Quelques sources originales :

Source: https://contre-attaque.net/2023/10/18/hopital-bombarde-guerre-de-propagande/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/hopital-de-gaza-bombarde-guerre-de-propagande-contreattaque-18-10-23/

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