
Jeudi 8 septembre 2022, le tribunal judiciaire de Brest a examiné le dossier de Jean-François Gueguen, ancien électricien de la Direction des constructions navales décédé en 2021. Sa femme réclame la reconnaissance d’une faute de la part de l’État, dans la non-protection face aux rayons ionisants des têtes nucléaires.
Les audiences se multiplient au pôle social du tribunal judiciaire de Brest, pour faire reconnaître la responsabilité de l’État dans les pathologies développées par les « irradiés de l’Île-Longue ». Jean-François Gueguen était l’un d’eux. Électricien au service de pyrotechnie de la base des sous-marins nucléaire lanceur d’engins (SNLE), il a perdu la vie en 2021, à l’âge de 70 ans, des suites d’une asbestose (maladie pulmonaire).
« Il savait qu’il mourrait à cause de l’amiante, il me le disait. Mais il n’aurait pas dû partir si tôt », s’émeut Josiane Gueguen, sa femme, qui « se bat désormais pour lui ». À la mort de son mari, elle a entamé une action en justice, avec l’aide de l’association Henri-Pézerat. Les bénévoles de l’antenne brestoise militent activement pour l’indemnisation des anciens employés de la Direction des constructions navales (DCN) et de leurs proches.
« Première forme de leucémie »
Jeudi 8 septembre 2022, les juges du tribunal judiciaire ont examiné le dossier de Jean-François Gueguen. Son asbestose avait été reconnue comme maladie professionnelle en avril 2019. Mais l’État n’a pas reconnu sa responsabilité dans l’exposition de l’électricien aux rayons ionisants, et la myélodysplasie que cela a provoqué. Cette maladie est « une première forme de leucémie », précise maître Hermine Baron, qui défend Josiane Gueguen.
À la barre, l’avocate a insisté sur « les moyens de protection totalement insuffisants » pour protéger les employés travaillant à proximité des têtes nucléaires. « C’est une injustice collective, de la littérature médicale existait à ce sujet et ils ont été exposés malgré tout ».
Elle plaide la « faute inexcusable » de l’État et réclame une indemnisation au titre du préjudice moral et physique. La décision sera rendue le 17 novembre 2022.
Auteur : Julia Toussaint