Par Marylise COURAUD et Agnès CLERMONT
Nouvelle sanction dans l’aérien. La société Alyzia, qui gère les escales notamment de Volotea et Easy Jet, devra payer 185 000 € d’amendes pour avoir fait travailler ses agents jusqu’à 15 heures par jour. En janvier, l’entreprise avait subi une fermeture administrative d’un mois.
Comment assurer la sécurité sur le tarmac, un bon guidage des avions au sol, installer les escabeaux, décharger les bagages, acheminer les voyageurs à bord du bon appareil… en bûchant treize, quatorze, voire quinze heures par jour ? Comment, sur une plate-forme aéroportuaire telle que Nantes-Atlantique, autant de manquements aux règles de sécurité ont-ils pu être relevés ? Car ce n’est pas la première fois qu’un sous-traitant des compagnies aériennes se fait épingler.
En 2020, GH Team avait été sanctionné par une fermeture administrative de trois mois avant d’être liquidé. Aujourd’hui, c’est Alyzia qui se voit infliger une amende de 185 000 €, annonce le syndicat CGT Aéroport Grand Ouest (AGO). Un montant particulièrement élevé pour cette entreprise qui gère les escales de Volotea, Easy Jet et Royal Air Maroc. Et qui tombe après « un contrôle de l’inspection du travail », pointe le syndicat, qui se réjouit « que, pour une fois, les fraudeurs à la législation sociale soient pris la main dans le sac ». D’autant, ajoutent les syndicalistes, que « ça n’est pas toujours facile pour les contrôleurs des services de l’État, qui ont de moins en moins de moyens, de faire respecter le droit du travail ».
Jusqu’à 78 heures par semaine
Lors de son contrôle, l’inspection du travail avait constaté d’autres infractions. Notamment l’emploi de salariés sans contrats en bonne et due forme.
Parmi les agents présents à Nantes, beaucoup venaient de la région parisienne sans que ce prêt de personnel soit mis en œuvre de manière conforme. Pour cette entorse au droit du travail, Alyzia avait essuyé une fermeture administrative en janvier 2023, d’un mois. La direction avait alors indiqué aux salariés via le comité social et économique que « l’impact financier serait lourd ».
Sur les rotules
À plusieurs reprises, ces agents sur la piste ou à l’enregistrement ont témoigné dans nos colonnes de leurs cadences épouvantables, avec des embauches au beau milieu de la nuit, des jours de congé isolés. Ces « galériens de l’aéroport » , comme ils le disent eux-mêmes, pointent un sous-effectif chronique qui les épuise.
En ce début septembre, un salarié d’Alyzia confie que l’entreprise a corrigé quelques dysfonctionnements : « On a eu des uniformes de travail, on a une salle de pause avec frigo, micro-ondes et eau potable, c’est bien. Mais nos plannings, c’est toujours l’horreur. » Il raconte les collègues sur les rotules, après des journées qui finissent à 16 h, pour reprendre à 3 h du matin, des mois avec des rythmes cassés. « On ne peut pas se reposer, c’est hyper fatigant. »
Alyzia Province, qui emploie environ 400 salariés dans différents aéroports de France, a réalisé en 2021 un chiffre d’affaires de 22 millions d’euros pour un résultat de 930 500 €.
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