Industrie : l’avenir de Valdunes sur de bons rails (H.fr-25/02/24)

Le projet de reprise de Valdunes devrait permettre de conserver 175 postes sur les 300. Franck Crusiaux/REA

Les trois prochains jours s’annoncent cruciaux pour la reprise par Europlasma des deux sites du fabricant de matériel ferroviaire, avec 175 postes conservés. La CGT a obtenu des garanties d’accompagnement et de reclassement.

Par Stéphane GUERARD

Depuis le placement en redressement judiciaire de Valdunes, le 20 novembre, voire depuis mai 2023 et le lâchage de son actionnaire chinois MA Steel, les salariés du dernier fabricant français d’essieux et de roues pour train, tram ou métro ont pris l’habitude d’enchaîner les « journées décisives » pour l’avenir de leurs emplois. L’expression n’est cependant pas galvaudée pour ces trois prochains jours, qui s’annoncent vraiment charnière pour les 300 membres du personnel des deux sites, l’un à Leffrinckoucke (dans le Dunkerquois) et le second à Trith-Saint-Léger (Valenciennois).

Ce lundi à 18 heures, Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’industrie, préside à Bercy une réunion sur le projet de reprise porté par Europlasma. Tous les acteurs de cette opération de « retournement » d’entreprise en crise doivent confirmer leurs engagements.

À commencer bien sûr par Jérôme Garnache-Creuillot, le patron du groupe repreneur. Sa société, spécialiste du retraitement des déchets, sans lien donc pour l’heure avec le ferroviaire, est la seule à avoir déposé une offre qui comprend désormais les deux sites de Valdunes (celui de Valenciennes ne figurait pas dans la première mouture formulée début janvier).

175 emplois sur 300 devraient être conservés.

Le projet industriel proposé table sur un investissement de 35 millions d’euros, moitié privé, moitié public, auxquels le repreneur pourrait ajouter 4,5 millions. Europlasma vise « à court terme » la consolidation de « l’activité historique (la forge d’acier – NDLR) dans des conditions économiques équilibrées » ; « à moyen terme » l’installation d’équipements d’énergies renouvelables (ferme solaire et chaudière fonctionnant aux combustibles solides de récupération) produisant de l’énergie et décarbonant la fabrication, actuellement au gaz. De quoi, « à terme (…), conférer un avantage concurrentiel majeur » aux productions « vertes » sur le marché.

Autour de la table doit aussi prendre place Jean-Pierre Farandou. Le PDG de la SNCF, principale cliente des pièces produites par Valdunes via le constructeur de train Alstom, doit engager l’entreprise publique en tant qu’actionnaire minoritaire (autour de 1 million d’euros). À ses côtés, la région Hauts-de-France par l’entremise de son président Xavier Bertrand, garantira un soutien public, en plus des aides étatiques promises par Bercy.

Les échanges se tiendront en présence des élus locaux des territoires d’implantation des deux sites. Les représentants CGT des salariés seront eux aussi, comme depuis le début, aux premières loges des discussions, accompagnés de Sophie Binet, leader d’une centrale syndicale aux avant-postes pour conserver l’activité et les savoir-faire.

Le lendemain après-midi, un comité social et économique (CSE) aura lieu à Valdunes. Les élus du personnel doivent se prononcer sur le projet de cession-reprise et ses conséquences sociales. Autour de 175 postes devraient être conservés, sur les 300 actuels.

L’annonce de ces suppressions d’emploi avait provoqué plusieurs jours de grève la semaine passée. L’action a pris fin jeudi lorsque la région et l’État ont apporté des garanties sur l’installation d’une cellule de suivi social, animée par le cabinet de recrutement LHH, ainsi que sur des facilitations de reclassement et de formation professionnelle.

Mercredi, le tribunal de commerce de Lille recueillera en audience les avis du CSE et des administrateurs judiciaires. L’instance dispose ensuite de quinze jours pour valider la reprise. Tout devrait alors s’accélérer pour les salariés. Les discussions concernant un plan de sauvegarde de l’emploi (procédure autrefois dénommée plan social) pourraient s’ouvrir une à deux semaines après la décision des juges. Les licenciements interviendraient avant fin mars.

« On va aller au bout », pense Philippe Lihouk, délégué syndical CGT de la forge de Leffrinckoucke. « Voir 15 à 18 suppressions de postes chez nous et la moitié des effectifs partir à Trith-Saint-Léger (site d’usinage et siège social – NDLR), c’est terrible. Mais il y a un mois, on parlait de fermer Valenciennes. L’an dernier, c’était même tout le monde à Pôle emploi », rappelle-t-il. « La période qui s’ouvre va être compliquée, mais on est sûr que les collègues licenciés vont être très bien accompagnés et prioritaires sur des reclassements. Quant au projet de reprise, on part certes de très bas quant au niveau de production et il faudra voir dans deux ans si on se relève, mais la diversification de l’activité est essentielle. »

Source: https://www.humanite.fr/social-et-economie/cgt/industrie-lavenir-de-valdunes-sur-de-bons-rails

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