Mardi 7 février 2023 a été marqué par une nouvelle mobilisation contre la réforme des retraites à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Dans le cortège, Ouest-France a rencontré quatre manifestants qui expliquent leur opposition à ce projet.
Dans le cortège des manifestants de Saint-Malo, ce mardi 7 février 2023, trois actifs et une retraitée s’expriment sur la réforme des retraites.
« Elle va toucher les plus fragiles »
Juliette, 37 ans, travaille dans le secteur médico-social :
« Je viens manifester pour la troisième fois contre la réforme des retraites, qui est injuste. Elle va toucher surtout les plus fragiles, les femmes… Je pense à ma retraite, mais aussi à celle de mes enfants, mes parents. Par contre, des cadeaux sont toujours faits aux 1 % les plus riches. Le Gouvernement devrait s’occuper d’autres secteurs de la société, comme l’école ou la santé.
Je travaille dans un centre médico-social. Aujourd’hui, on nous demande de choisir entre prendre en charge un bébé ou un enfant handicapé. Depuis la rentrée, ma fille, en CM1, a eu sept remplaçants et 11 jours sans enseignant. Il y a d’autres priorités… »
« Je suis là pour nos jeunes »
Mireille, retraitée de La Poste :
« Avec cette réforme, nous revenons cent ans en arrière. L’évolution technologique est là, et nous devons travailler encore plus. Qu’est-ce que l’on fait de notre vie ? On la passe à travailler. Alors qu’il est possible de trouver de l’argent sur certaines choses comme on l’a vu encore récemment, sur l’aspect militaire par exemple (le budget des armées pour 2024-2030 augmentera de 40 % par rapport à la période précédente, N.D.L.R.). Et ce ne serait pas possible pour les retraites.
Par contre, des cadeaux fiscaux sont toujours en place pour des gens qui ont largement les moyens de payer des impôts et de contribuer davantage à la vie en société. C’est la troisième fois que je participe à cette mobilisation. Je suis là pour nos jeunes, mais il faudrait qu’ils se bougent aussi. »
« Et l’emploi des seniors ? Et l’égalité hommes femmes ? »
Jean-Michel, 51 ans, technicien sous statut intermittent du spectacle :
« Je suis venue aux trois manifestations. Partir à la retraite à 64 ans, c’est beaucoup trop. Le Gouvernement devrait déjà mieux s’occuper de l’emploi des seniors. Le taux d’emploi à 60 ans n’est déjà plus que de 52 %. Déjà que tout le monde puisse travailler jusqu’à cet âge. Et si les femmes étaient rémunérées autant que les hommes, les cotisations augmenteraient.
Intermittent du spectacle, je partirai à 66 ans et demi, avec 43 années de cotisations. Je suis technicien. Cela peut devenir dangereux. Tout comme les gens qui travaillent dans les travaux publics ou ceux qui conduisent un camion toute la journée. »
«Avec mes études, en retraite à 67 ans »
Caroline, enseignante en maternelle :
« Je n’ai pas envie de travailler jusqu’à 67 ans, l’âge de ma retraite à cause de mes études. Nous sommes plusieurs enseignants en primaire et tous dans la même situation. Dans les conditions actuelles, ce n’est pas envisageable. Notre métier est fatigant. Il demande beaucoup d’énergie pour gérer les enfants, dans des classes de trente.
C’est un travail où il faut penser à plusieurs choses en même temps, être réactif, avec de la pression. Je n’aurai plus toute cette énergie à 67 ans. Cette réforme ne propose pas de solution alternative. C’est la deuxième fois que je suis en grève, pour la journée. Nous ne pouvons pas prendre une ou deux heures seulement. Ça grève notre salaire, mais c’est quand même essentiel d’être là. »
Auteur : Nadine PARIS.