Italie. Opération dédiabolisation en Italie pour Giorgia Meloni (LH.fr-17/08/22)

Frères d’Italie est en tête des intentions de vote aux législatives, à plus de 20%.

Celle qui pourrait devenir cheffe du gouvernement, fin septembre, rassure sur son adhésion aux valeurs démocratiques, mais elle refuse de retirer du logo de son parti la flamme tricolore, symbole de la renaissance du fascisme après guerre.

Favorite pour devenir la prochaine présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni inquiète. Frères d’Italie, le parti qu’elle dirige, puise ses racines dans le néofascisme. Il caracole à plus de 20 %, en tête des intentions de vote pour les élections législatives anticipées du 25 septembre. Aussi, en fin de semaine dernière, Giorgia Meloni s’est-elle fendue d’une vidéo en français, anglais et espagnol, pour présenter sa formation politique comme « le parti des conservateurs italiens ».

Elle déplore de se voir décrite à l’étranger comme « un danger pour la démocratie ». « Il y a plusieurs décennies que la droite italienne a relégué le fascisme à l’histoire (sic), en condamnant sans ambiguïté la privation de démocratie et les infâmes lois anti­juives », se défend-elle. Elle rappelle qu’elle dirige le Parti conservateur européen, « qui partage des expériences avec les tories (conservateurs – NDLR) britanniques, les républicains américains et le Likoud israélien », et qu’elle est attachée au camp occidental. Contrairement à son alliée et rivale d’extrême droite, la Ligue de Matteo Salvini, Frères d’Italie se montre attaché à l’Otan et a condamné fermement l’invasion russe de l’Ukraine .

Giorgia Meloni a-t-elle vraiment lâché les amarres avec le fascisme ? Qu’elle enlève la flamme vert-blanc-rouge du logo de son parti, créé en 2012, lui a demandé la sénatrice à vie et ancienne déportée Liliana Segre. En effet, la flamme tricolore – reprise par le Front national – est celle du Mouvement social italien (MSI), créé par d’anciens hiérarques du régime en 1946. La flamme se voulait le symbole de l’esprit fasciste qui renaît. Pour l’heure, Meloni et les siens se refusent à franchir un tel pas ; nombre de militants et d’élus sont nostalgiques de Mussolini.

Au programme, Inégalités en tous genres

De l’autre côté des Alpes, son parti n’est plus décrit comme fasciste, mais simplement de « droite ». Il reste que Frères d’Italie (FDI), allié à la Ligue et aux berlusconiens, représente un danger. La coalition de droite, créditée de 45 à 48 % d’intentions de vote, escompte, dans son programme, changer la Constitution pour instaurer un régime présidentiel qui amoindrirait le rôle du Parlement. La lutte contre la délinquance et celle contre l’immigration sont mises dans un même paquet. L’effectivité des peines contre les délinquants est promise d’un côté, un aménagement de celles pour les délits économiques prévu de l’autre. Sur le plan social, une politique inégalitaire sera poursuivie, avec une attaque contre la progressivité de l’impôt sur le revenu et un allégement de la lutte contre la fraude fiscale. Comme Viktor Orban en Hongrie, Giorgia Meloni se dit contre « l’idéologie de genre » et pour la défense « des racines ­judéo-chrétiennes de l’Europe ». Au niveau local, des élus FDI restreignent l’accès à l’avortement.

Si elle montre des gages de respectabilité, on peut craindre, en cas de mobilisation populaire, l’attitude d’une femme qui a été formée au militantisme dans le Front de la jeunesse, une organisation néofasciste. Un ancien du MSI qui avait lui aussi abjuré le fascisme, Gianfranco Fini, avait renoué avec sa jeunesse en 2001. En tant que vice-président du Conseil, il avait participé à l’organisation, depuis la préfecture, de la répression violente contre les manifestants du G8 de Gênes.

Gaël De Santis

source: https://www.humanite.fr/monde/italie/italie-operation-dediabolisation-en-italie-pour-giorgia-meloni-760557

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