« J’ai trouvé le nid, c’est l’horreur » : à la chasse aux punaises de lit en plein cœur de Brest. (LT.fr – 07/10/23)

Il faut utiliser le produit sur les lits et canapés ainsi que dans tous les endroits où l’on se pose longtemps, expliquent les professionnels.
Il faut utiliser le produit sur les lits et canapés ainsi que dans tous les endroits où l’on se pose longtemps, expliquent les professionnels. (Photo Paul Bohec/Le Télégramme)

Par Paul Bohec

À Brest, comme ailleurs, la chasse aux punaises de lit prend de l’ampleur. Les spécialistes constatent une augmentation des demandes et se retrouvent parfois face à des cas inquiétants.

Rendez-vous est pris dans une rue du quartier de la gare, à Brest. Dans la cour bitumée et bordée de mimosas d’un grand immeuble à la façade impeccable, Michel Castaing dépose son équipement. « On est déjà venus traiter un appartement ici. Mais visiblement ça n’a pas suffi et les punaises de lit sont encore là : on a davantage de logements à traiter cette fois », explique cet ancien de la Marine nationale, patron de Captaine Services.

Âgé de 53 ans, il a repris il y a quelques années cette entreprise agréée et spécialisée dans le traitement des nuisibles. « On s’occupe de blattes, de rats, de fourmis, de puces, de frelons asiatiques, jusqu’à 100 nids par mois en ce moment, ou des punaises de lit », énumère-t-il, le cahier où est retranscrit le planning de tous ses rendez-vous à la main. Le constat est clair : il y a une vraie recrudescence d’interventions liées aux punaises de lit. « Mais même si on en parle beaucoup en ce moment, ce n’est pas nouveau », souligne le quinquagénaire qui a remarqué cette hausse depuis deux, trois ans.

Insecticide et aérosol contre les punaises de lit

L’opération du jour est conséquente : pas moins de cinq appartements ainsi que la cave et les parties communes sont à traiter dans cet immeuble où la source des maux de ses habitants n’a pas été trouvée mais a été identifiée : les punaises de lit. Pour l’aider, Michel Castaing est épaulé par son collègue, Nicolas Mulot. « On envoie, au préalable de l’intervention, une fiche de recommandations aux personnes dont nous traitons les logements : il faut enlever la literie, réunir les vêtements dans des sacs-poubelles avant de les laver à 60° et protéger les appareils électroniques », détaille le professionnel tout en enfilant une combinaison blanche à usage -quasi- unique.

Michel Castaing utilise un pulvérisateur de cinq litres avec un insecticide puissant destiné à tuer les punaises de lit.
Michel Castaing utilise un pulvérisateur de cinq litres avec un insecticide puissant destiné à tuer les punaises de lit. (Photo Paul Bohec)

Direction les étages où, au deuxième, ils s’attaquent à un premier appartement. Michel Castaing pompe le produit qu’il va pulvériser, « un insecticide puissant censé tuer les punaises de lit », avant d’harnacher sa bouteille de cinq litres sur le dos et de mettre un masque facial FFP3. Un étage plus haut, Nicolas Mulot reproduit les mêmes gestes au moment de rentrer dans le logement qui avait déjà été traité mais que le locataire, qui y avait emménagé durant l’été, a quitté en raison de ces diaboliques insectes. Pourtant, dans les pièces pratiquement vides, aucune trace. Canapé, plinthes, intérieur des placards : Nicolas vaporise un peu partout. Un seul spécimen, mort, finit par être retrouvé. « Vraiment, je ne comprends pas. En tout cas, ici, il n’y a rien », glisse-t-il. Le professionnel anti-nuisibles sort alors une cartouche blanche d’une vingtaine de centimètres de son sac : un aérosol qui sert d’inhibiteur de croissance et qui empêche les éventuelles punaises survivantes de se reproduire. Une fois l’aérosol percuté, celui-ci dégage une fumée à la manière d’un fumigène qu’il faut laisser agir plusieurs minutes dans les pièces.

« Il y a une part de déni… et de honte »

Au premier étage, un couple rejoint son appartement, l’enfant perché sur les épaules du père. Épargnés, ils n’ont pas fait appel aux professionnels : « On sait ce que c’est… et ce n’est pas agréable », soufflent les deux trentenaires, néanmoins pas trop inquiets par le fait d’en avoir dans leur immeuble : « On essaie de ne pas y penser ». Une autre voisine vient aux nouvelles. « C’est l’angoisse un peu », admet-elle. Tout en haut, une dernière locataire remonte les manches de son vêtement pour laisser dévoiler une série de piqûres tout le long de son bras droit. « Et encore, je ne vous montre pas le reste… ». Propriétaire depuis 2007, Anne avait d’abord pensé à des boutons de moustique avant de se rendre à l’évidence. « Quel cirque », souffle-t-elle pendant que l’inspection et la désinsectisation se poursuivent.

Il faut utiliser le produit sur les lits et canapés ainsi que tous les endroits où l’on se pose longtemps, expliquent les professionnels.
Il faut utiliser le produit sur les lits et canapés ainsi que tous les endroits où l’on se pose longtemps, expliquent les professionnels. (Photo Paul Bohec)

Et finalement… « Michel, t’as quelque chose ?, l’interpelle son collègue. Je crois que j’ai le nid, c’est l’horreur ! » Dans l’appartement voisin de celui traité à plusieurs reprises, Nicolas tend un doigt vers plusieurs traces noires et désigne un insecte qui se balade le long du mur. Habité, le logement est pourtant dans un état tout à fait convenable d’apparence. Mais, en habitués qu’ils sont, les deux professionnels remarquent bien vite des indices qui ne trompent pas. Et semblent même laisser craindre la présence d’une population particulièrement nombreuse. Dans la chambre, Nicolas soulève la couette… avant de pointer son index vers une punaise, vivante. Rapidement, une autre apparaît. Puis une troisième. Et une nouvelle. Sous la literie, le pot aux roses est rapidement découvert. Pas de doute : c’est là qu’ont élu domicile des milliers d’individus. Les regards de Michel et Nicolas se croisent. « Des cas comme ça, c’est vraiment très rare », confient-ils, soulagés toutefois d’avoir une explication à l’absence de résultat lors de leurs passages précédents. « Il y a une telle surpopulation que les punaises ont dû migrer vers les autres appartements », avance Michel Castaing en guise d’explication.

Deux passages au minimum sont nécessaires pour s’assurer de la mort de la colonie de punaises de lit. Parfois, des mesures encore plus radicales doivent être prises…
Deux passages au minimum sont nécessaires pour s’assurer de la mort de la colonie de punaises de lit. Parfois, des mesures encore plus radicales doivent être prises… (Photo Paul Bohec)

« Pffff, là, il faudrait jeter tout le mobilier et traiter à vide tellement il y en a… C’est du délire de réussir à vivre comme ça, n’en revient pas son collègue. Il y a une part de déni… et une forme de honte : c’est dommage, nous on n’apporte aucun jugement, on est là pour les aider ». « Je pense qu’une fois qu’un certain seuil est franchi, les gens n’osent plus nous appeler », renchérit Michel.

Les deux spécialistes continuent leur intervention, dont le coût peut varier de 160 € à plusieurs centaines d’euros selon la taille de la surface à traiter, par la cave et les parties communes. Un nouveau passage sera nécessaire dans deux semaines pour s’assurer de la désinsectisation complète de l’immeuble.

Punaises de lit, larves et déjection recouvrent le matelas de cet appartement.
Punaises de lit, larves et déjection recouvrent le matelas de cet appartement. (Photo Paul Bohec)

Source : « J’ai trouvé le nid, c’est l’horreur » : à la chasse aux punaises de lit en plein cœur de Brest | Le Télégramme (letelegramme.fr)

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