« J’étais au sous-sol du paradis » : du théâtre documentaire pour se souvenir de l’arsenal de Brest (OF.fr-27/02/25)

Pierre Maille, ancien maire de Brest, participe a la pièce de théâtre. | GUILLAUME SALIGOT/OUEST-FRANCE

Une pièce de théâtre documentaire fait intervenir des anciens ouvriers de l’arsenal de Brest (Finistère), vendredi 28 février et samedi 1er mars 2025 aux Capucins. Des témoignages captivants et uniques pour se souvenir de ce qu’on appelle aujourd’hui la base navale.

Par Emmanuelle FRANCOIS.

Tout a commencé par des entretiens, sur radio U, avec les anciens ouvriers de l’arsenal de Brest (Finistère), entre janvier et juin 2022. Martin Coz Elléouet est alors étudiant en licence d’art à l’UBO. « Mon grand-père, qui a travaillé à l’arsenal, a été diagnostiqué aphasique en 2020. Le fait de savoir qu’il va perdre la possibilité de parler me fait réaliser que je ne connais pas cette mémoire. »

Histoires, anecdotes, bons et moins bon souvenirs

Ces témoignages constituent la matière première de la pièce de théâtre documentaire qui sera présentée, vendredi 28 février et samedi 1er mars 2025, dans la salle des machines des Capucins.

Certains interviewés ont accepté d’y participer, pour raconter leurs histoires, anecdotes, combats syndicaux, bons et moins bons souvenirs. Comme celui de la sirène de 8 h, grâce à laquelle les Brestois réglaient leur montre. Le manque de vestiaire pour les femmes à l’île Longue. Les expressions et boutades de l’arsenal. Les réductions d’effectifs et de plans de charge de 1995-1996. Et la nouvelle appellation : la base navale.

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Le metteur en scène Martin Coz Elléouet, de dos. | GUILLAUME SALIGOT / OUEST-FRANCE
Philippe Henry, ancien électricien de bord, joue de la cornemuse. | GUILLAUME SALIGOT / OUEST-FRANCE

Max Ouanich, un pied noir rapatrié d’Oran (Algérie), ancien tourneur, présente ses sabots de sécurité. « Quand j’ai passé le concours pour l’arsenal, à Oran, on m’a déroulé le tapis rouge. En arrivant à Brest en 1965, c’était plutôt le tapis noir… On n’a pas du tout tenu compte de ce que j’avais fait à Oran. Un bon copain m’a dit : « tu n’es pas tombé au paradis ! » Je lui ai répondu : « Oui, je suis même au sous-sol du paradis ». Mais j’avais des vrais copains qui m’ont donné des astuces pour avoir les primes. Et je défendrai l’arsenal jusqu’à la mort. »

« Avant, on disait l’arsouille, c’était péjoratif »

« Il y avait une camaraderie, se rappelle Françoise Pellé, ancienne charpentière. On rentrait à 16 ans et on y finissait notre carrière. On appelait ça la grande maison. Avant, on disait l’arsouille, c’était péjoratif. On était pris pour des fainéants… »

L’ancien député Tino Kerdraon et l’ancien maire de Brest Pierre Maille font aussi partie de l’aventure. « Quand je suis arrivé à Brest, il y avait énormément de travailleurs de l’arsenal dans les associations, les activités mutualistes, coopératives… se rappelle l’ancien édile. J’avais des élèves qui ont fait polytechnique. Ils auraient pu faire ce qu’ils voulaient, mais ont préféré revenir à Brest construire des bateaux. »

Les témoignages des sept Brestois sont entrecoupés de photos, extraits audios ou vidéos qui documentent la vie de l’arsenal. « L’idée est d’inscrire ces mémoires individuelles dans un cadre historique », précise Martin Coz Elléouet, qui termine son master 2 en théâtre à l’École normale supérieure à Paris. Son sujet de mémoire ? La mise en récit des mémoires ouvrières.

Jusqu’à ce qu’on les dépossède – Mémoire de l’arsenal de Brest, vendredi 28 février et samedi 1er mars 2025, place des machines aux ateliers des Capucins. 20 h. Gratuit.

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Source: https://www.ouest-france.fr/culture/histoire/jetais-au-sous-sol-du-paradis-du-theatre-documentaire-pour-se-souvenir-de-larsenal-de-brest-485ccefc-f454-11ef-9626-1b6d524afb72

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/jetais-au-sous-sol-du-paradis-du-theatre-documentaire-pour-se-souvenir-de-larsenal-de-brest-of-fr-27-02-25/

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