Jets privés : l’État ne vole pas haut. ( Reporterre – 17h34 )

Jets privés : l'État ne vole pas haut

Face aux nombreuses polémiques autour des vols en jets privés des milliardaires et personnalités, l’État tente timidement d’envisager une régulation. Mais leur interdiction n’est pas pour demain.

Nouveaux échanges de tirs sur le sort des jets privés. Ce mardi 23 août 2022 sur France Inter, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a rejeté l’idée d’interdire ce mode de déplacement particulièrement émetteur de gaz à effet de serre des grands patrons et autres célébrités, au motif qu’il serait « créateur d’emploi ».

« Ce sont des vols commerciaux, on envoie des équipes sur place avec une réactivité qui est importante, c’est créateur d’emploi, il ne s’agit pas d’interdire cela, a-t-il ainsi argumenté. L’usage privé du jet privé est une toute petite partie de l’usage du jet, lui-même une toute petite partie de l’usage de l’avion, qui est lui-même une toute petite partie des émissions de CO₂. On sait que ce n’est pas ça qui va tout d’un coup refroidir la planète. »

Il a tout de même concédé que « Le jet a valeur de symbole, c’est important. Il ne faut pas que les Français aient le sentiment que ce sont toujours les mêmes à qui on demanderait des efforts — les catégories populaires, les classes moyennes. On peut comprendre qu’un Français qui fait attention dans son quotidien, qui réduit sa consommation énergétique, qui est attentif, qui achète du bio, qui fait attention aux emballages plastiques, soit heurté par le fait que certains de ses concitoyens puissent prendre un jet privé pour faire des sauts de puce allant d’un lieu à un autre. » Et conclu que la concertation au niveau européen demandée par le ministre délégué aux Transports Clément Beaune « [pouvait] avoir son sens ».

Ce dernier réfléchirait à une régulation des vols privés depuis le mois de juillet, a révélé Le Parisien dimanche 21 août. Il pourrait mettre le sujet sur la table dès le mois de septembre dans le cadre du plan de sobriété voulu par le gouvernement, puis en octobre lors de la prochaine réunion des ministres des Transports européens.

Plusieurs pistes sont à l’étude, comme celle d’obliger les entreprises à rendre publics leurs trajets en avion privé ou d’interdire purement et simplement ces vols en cas d’alternative ferroviaire ou en vol commercial. « Sans tomber dans la démagogie, ni dans la chasse ad hominem, il y a un certain nombre de comportements qui ne passent plus, a justifié le ministre. Il existe des motifs d’urgence, des impératifs économiques, mais ça ne peut pas être un mode de déplacement individuel de confort, alors que la mobilisation générale engagée par le Président nécessite que tout le monde fasse des efforts. »

Vendredi 19 août, le secrétaire national des Verts Julien Bayou, élu en juin à l’Assemblée, avait confié à Libération son intention de déposer un projet de loi pour l’interdiction des jets privés. « C’est la mesure qui pénalise le moins de monde pour l’impact le plus grand et le plus immédiat en faveur du climat. C’est une question de justice », avait-il défendu.

Début août, la polémique avait enflé sur l’utilisation de ces jets en pleine période de sécheresse et de canicule, avait observé l’AFP. Plusieurs comptes Twitter traquant ces déplacements de milliardaires, comme I Fly Bernard ou Celebrity Jets, avaient vu leur trafic augmenter.

En France, Martin Bouygues, Bernard Arnault, Jean-Charles Decaux et Vincent Bolloré avaient été pointés du doigt. « En un mois, le jet de Bernard Arnault, la première fortune de France et symbole du compte I Fly Bernard, a émis autant qu’un Français moyen en dix-sept ans. Surtout pour des trajets Paris-Bruxelles, facilement réalisables en train », rappelait ainsi Libération. En avril, c’est l’ex-Premier ministre Jean Castex qui avait créé la polémique en allant voter en jet privé à Prades (Pyrénées-Orientales) — un déplacement qui aurait coûté 10 000 euros à la France et émis 4 460 kilos de CO₂.

Source : Jets privés : l’État ne vole pas haut (reporterre.net)

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