Un texte incontournable dans lequel un communiste russe explique le Congrès du parti communiste chinois et les relations entre la Russie en guerre contre l’OTAN et le projet chinois. (note de danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop pour histoire et societe)
https://kprf.ru/party-live/cknews/214099.html
Le premier vice-président du Comité central du Parti communiste de la Fédération de Russie, Youri Afonine a participé à l’émission “60 minutes” sur la chaîne de télévision Russia-1.
Yuri Afonin s’est concentré sur les résultats du 20e congrès du parti communiste chinois, qui s’est terminé le week-end dernier. Il a souligné que ce forum était un événement mondial, car le Congrès a fixé l’orientation du pays ayant la plus grande population sur Terre, la plus grande économie de la planète et une énorme influence dans le monde, pour de nombreuses années à venir.
Le principal résultat du Congrès est la confirmation du cours du développement socialiste et le maintien de la stabilité de la direction de la Chine. D’ici 2049, c’est-à-dire le 100e anniversaire de la fondation de la RPC, il est prévu de construire en Chine une société socialiste hautement développée à tous égards. Le premier vice-président du Comité central du KPRF a souligné que le taux élevé de croissance économique de la Chine socialiste permettra certainement d’atteindre cet objectif. Xi Jinping a été élu à la tête du Parti pour un troisième mandat de cinq ans. Il s’agit d’une issue très favorable pour la Russie, car il est extrêmement important pour nous de maintenir le cap actuel de la Chine envers notre pays.
Youri Afonine a déclaré que les relations avec la Chine revêtent désormais une importance exceptionnelle. Le chiffre d’affaires commercial de la Russie avec la Chine a augmenté de 32,5 % au cours des neuf premiers mois de 2022, soit un bond d’un tiers en une seule année ! Les exportations russes vers la Chine ont fortement augmenté depuis le début de l’opération militaire spéciale : la Russie a redirigé le flux de ses marchandises, principalement des matières premières, de l’Ouest vers l’Est. Toutefois, ces derniers mois, les importations en Russie en provenance de la Chine ont également fortement augmenté. La RPC remplace avec succès les marchandises que la Russie avait l’habitude de recevoir de l’Occident. La Chine est aujourd’hui notre principal partenaire commercial, la source de nombreux produits industriels et technologies. Dans les conditions des sanctions occidentales, les relations commerciales et économiques avec la Chine ne peuvent être surestimées.
Youri Viacheslavovich a commenté les affirmations que de nombreux blogueurs russes à courte vue font maintenant contre la Chine. Ils écrivent : pourquoi la Chine ne fait-elle que s’abstenir lors du vote à l’ONU sur les résolutions anti-russes, pourquoi ne vote-t-elle pas contre ? Youri Afonin a rappelé que la Chine a un énorme chiffre d’affaires commercial avec les États-Unis et l’Europe occidentale. Les dirigeants chinois doivent tenir compte de ces facteurs. Mais il faut comprendre que ce que la Chine fait maintenant pour la Russie dans la sphère de l’économie et de la technologie est mille fois plus important que n’importe quel vote. La croissance explosive du commerce russo-chinois cette année montre clairement que la Chine soutient fermement la Russie dans notre confrontation avec l’impérialisme occidental.
Le premier vice-président du Comité central du Parti communiste de la Fédération de Russie a attiré l’attention sur le fait que Xi Jinping a parlé au congrès de “la nécessité de réguler le mécanisme d’accumulation des richesses”. Youri Viacheslavovich a déclaré qu’il avait visité la Chine à de nombreuses reprises et qu’en 2011-2012, avant que Xi Jinping et son équipe dirigeante n’arrivent au pouvoir à Pékin, la Chine ressemblait quelque peu à l’ex-URSS. Il y avait le sentiment que ce puissant pouvoir socialiste pouvait être miné par la corruption et une élite renaissante. Mais au cours des dix années de mandat de Xi Jinping, la corruption a été frappée de plein fouet et, aujourd’hui, le Parti communiste fait clairement savoir que tout enrichissement injuste sera considéré comme totalement inacceptable en Chine.
La menace de décomposition de la société chinoise était liée à l’expansion de l’idéologie occidentale, mais sur ce front aussi, des changements majeurs sont intervenus. Youri Afonine a cité le fait éloquent suivant : en 2012 en Chine, les films occidentaux donnaient plus de la moitié des recettes des cinémas, mais aujourd’hui leur part n’est que de 15%.
Il a attiré l’attention sur une autre décision importante du Congrès des communistes chinois : dans les statuts du PCC il est prévu de transformer l’armée chinoise en l’une des plus puissantes du monde, ainsi qu’une disposition visant à s’opposer à l’indépendance de Taïwan. Cela signifie que l’impérialisme occidental n’a aucune raison d’attendre une quelconque concession de la part de la Chine. La Chine réunira certainement Taïwan à son territoire national. Bien sûr, Pékin essaiera de le faire de manière pacifique. Mais si l’Occident y fait obstacle, une solution militaire devient possible.
Le PCC réussit toujours à atteindre ses objectifs, a déclaré Youri Afonine. La tâche consistait à rendre Hong Kong et Macao au contrôle chinois, ce qui a été fait. La tâche consistait à faire passer tous les Chinois au-dessus du seuil de pauvreté d’ici 2021, et elle a été accomplie dans les temps. Il en sera de même avec le renforcement de l’armée et le retour de Taïwan. Dans l’ensemble, ce sont les partisans d’une ligne dure face à l’impérialisme occidental qui ont gagné au congrès du PCC.
Le premier vice-président du comité central du KPRF a déclaré que la coopération avec la Chine deviendrait un facteur de plus en plus important dans le développement de la Russie. Il n’y a aucune honte à ce que notre pays apprenne beaucoup de la Chine moderne : lutte contre la corruption, prévention de l’enrichissement illicite, construction d’une société de justice sociale.
Youri Afonine a également commenté les avertissements du ministre russe de la Défense, Sergei Shoigu, concernant la possibilité que l’Ukraine utilise une bombe “sale” (un dispositif explosif qui peut disperser des matériaux radioactifs à l’aide d’une charge explosive conventionnelle). Il explique : nous avons déjà vu que le régime de Kiev est capable de toutes les provocations, qu’il n’a absolument aucune pitié pour la population, la terre ukrainienne ou les villes ukrainiennes. La déclaration de Shoigu sur les éventuelles actions provocatrices du régime de Kiev, ainsi que l’avertissement sur les contre-mesures russes, qui ont également dû avoir lieu, rendent beaucoup moins probable la réalisation de cette monstrueuse provocation.
Youri Afonine a attiré l’attention sur une autre menace sérieuse : une attaque possible du régime de Kiev contre la centrale hydroélectrique de Kakhovka avec la destruction de son barrage et les inondations colossales qui s’ensuivraient dans le cours inférieur du Dniepr. Kiev essaie maintenant d’attribuer cette intention à la Russie, mais c’est un non-sens total.
Bien sûr, les attitudes morales auxquelles notre pays adhère traditionnellement excluent un tel acte qui menace la mort de dizaines de milliers de civils. Mais disons aussi clairement au monde que la Russie ne peut avoir aucun motif pour agir de la sorte. Le premier vice-président du Comité central du Parti communiste de la Fédération de Russie a souligné les faits suivants :
Le Dniepr, comme la plupart des fleuves des latitudes tempérées [de Russie, NdT], a une rive occidentale plus haute que la rive orientale en raison de la rotation de la Terre. La rive ouest est principalement abrupte, la rive est est basse. Cela signifie que l’inondation qui sera provoquée par la destruction du barrage touchera en premier lieu la partie orientale de la région de Kherson, qui est totalement contrôlée par nos troupes. Il s’avère que nous sommes crédités dans l’intention d’inonder notre propre territoire et nos propres citoyens.
Deuxième point : cette inondation rendra très difficiles les communications de transport entre les rives en aval du Dniepr ; elle risque d’emporter les ponts de pontons construits par nos troupes sur place. Mais la Russie a grandement besoin de cette liaison de transport, tant pour l’évacuation de la population que pour le ravitaillement de nos troupes sur la rive droite. Mais les troupes du régime de Kiev, qui tentent d’attaquer Kherson, ont grandement besoin de détruire cette liaison de transport.
Troisièmement, la baisse du niveau du réservoir de Kakhovka rendra impossible l’approvisionnement en eau de la Crimée via le canal de Crimée du Nord. Bien sûr, ce n’est pas ce que veut la Russie.
Quatrièmement, l’abaissement du réservoir de Kakhovka dû à la destruction du barrage rendra difficile le refroidissement des réacteurs de la centrale nucléaire de Zaporojié, ce qui menace d’une catastrophe radiologique. Et cette centrale est contrôlée par la Russie, elle est située sur le territoire qui est revenu à la Russie à la suite de référendums.
Par conséquent, seul le régime de Kiev a des raisons de tenter de détruire le barrage de la centrale hydroélectrique de Kakhovka. Une indication claire de ce fait devrait empêcher les politiciens de Kiev et leurs maîtres occidentaux de commettre ce crime.