La fuite en avant suicidaire de Netanyahou qui a ordonné l’assassinat à Beyrouth de Saleh al-Arouri vice-président du Hamas (AfriqueAsie-3/01/24)

– Saleh al-Arouri, le chef adjoint du Bureau politique du Hamas, en réunion avec Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah et Ziad Nakhalé, le secrétaire du Jihad Islamique. Photo Almanar.

Face à l’impasse stratégique de l’armée israélienne dans la bande de Gaza, Netanyahou a choisi la fuite en avant en ciblant au Liban un des chefs historiques du Hamas. Avec ce énième crime, il vient de rallumer un nouveau cycle de terrorisme et de contre-terrorisme aux conséquences incalculables. La liquidation par un drone de ce chef historique du Hamas, dans la banlieue sud de Beyrouth, alors que le génocide du peuple palestinien se déroule à plein régime à Gaza et en Cisjordanie, est un pas décisif vers l’extension de la guerre à toute la région et bien au-delà. Les soutiens occidentaux et régionaux de ce génocide ne seront certainement pas à l’abri.

Par Philippe TOUREL

Au lendemain du 7 Octobre, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou avait menacé, à plusieurs reprises et publiquement, de liquider le Hamas et ses dirigeants. Il a réédité ses menaces le 22 novembre 2023 dans une conférence de presse, à Tel Aviv, où il se tenait aux côtés des autres membres du cabinet de guerre, révélant avoir donné pour instruction à l’agence de renseignement du Mossad, dans le pays, de prendre pour cible les chefs du Hamas « partout où ils se trouvent ». Saleh Al-Arouri, un résistant de longue date, coordinateur de l’intifada en cours en Cisjordanie dont il est originaire, était bien placé sur la liste noire, à la fois israélienne et américaine, des résistants palestiniens à abattre.

Ce n’est pas la première fois que les services israéliens assassinent des chefs de la résistance palestinienne. L’un des plus célèbres fut le Cheikh Ahmed Yassine, fondateur et chef spirituel du Hamas, en 2004. Quelques semaines plus tard, ce fut au tour de son successeur, le docteur Abdelaziz al-Rantissi, d’être lâchement assassiné par un hélicoptère Apache qui a tiré deux roquettes sur sa voiture dans laquelle il se trouvait avec un garde du corps, Akram Nassar, et son fils Mohammed, âgé de 27 ans qui ont été également tués. Il avait déclaré quelques semaines auparavant : « Entre une crise cardiaque et un Apache, je préfère être tué par un Apache ». La liste des dirigeants du Hamas assassiné par l’état-terroriste d’Israël, est longue. Dans un entretien prémonitoire accordé à la chaîne libanaise internationale Al-Mayadeen il avait confié que la question de son assassinat ne lui fait pas peur et qu’il avait hâte de « rejoindre la caravane des martyrs palestiniens qui l’avaient précédé » et « qu’à 56 ans, il se considère comme un miraculé. »

– Salah al-Arouri n’était pas seulement ciblé par Israël. Le Département d’État américain avait aussi mis sa tête à prix dans la pure tradition des cowboys. Il a offert, via le programme « Rewards for Justice », des récompenses pouvant atteindre 5 millions de dollars pour toute information permettant de localiser le numéro deux du Hamas.

Selon le journal hébreu Yedioth Ahronoth six dirigeants du mouvement palestinien Hamas « sont dans le collimateur d’Israël », dont trois à l’intérieur de la bande de Gaza et trois à l’extérieur.

Le journal a affirmé dans un article publié mercredi que « le but des bombardements massifs sur la bande de Gaza est d’atteindre le commandant des brigades Izz al-Din al-Qassam, branche militaire du Hamas, Muhammad al-Deif, son adjoint Marwan Issa et le chef du mouvement à Gaza, Yahya al-Sinwar ».

En dehors de la bande de Gaza, « Israël cible le chef du Bureau politique du Hamas, Ismail Haniyeh, son adjoint, Saleh Al-Arouri, et le membre du Bureau politique, Khaled Mechaal ».

Le journal a publié des photos des dirigeants du Hamas ciblés, ainsi que quelques détails à leur sujet. Le même journal dresse des portraits de ces dirigeants que les services de renseignement israéliens cherchent à abattre.

– Muhammad Al-Deif

Concernant Muhammad Al-Deif, 58 ans, le journal a déclaré : « Dans l’establishment de la sécurité israélienne, il est considéré comme l’un des responsables les plus recherchés, voire le plus recherché ».

Ajoutant qu’Al-Deif « a fondé les Brigades Izz al-Din al-Qassam, la branche militaire du mouvement Hamas. Il les dirige. Il a survécu à au moins cinq tentatives d’assassinat, au cours desquelles il a perdu un œil, une jambe et un bras. Son nom Al-Deif (qui signifie en arabe l’hôte) lui a été attribué parce qu’il vivait chaque jour dans un endroit différent de peur d’être retrouvé ».

« Al-Deif, qui a été emprisonné en Israël et a réussi à s’échapper au début de la deuxième Intifada, est considéré comme « l’ingénieur » qui a projeté de construire des tunnels du Hamas et est responsable de la réalisation d’une série d’attaques contre les Israéliens », lit-on dans le journal précité.

Le quotidien israélien a souligné que dans l’une des tentatives d’assassinat d’Al-Deif, sa femme et deux de ses enfants ont été tués, et que dans la guerre actuelle également, l’armée israélienne a bombardé la maison de son père.

« Selon certaines informations, le frère d’Al-Deif, Abdel Fattah Diab, a été tué avec son fils Medhat et sa petite-fille Hala lors de la même attaque, et d’autres membres de la famille ont été enterrés sous les décombres ».

Yahya Al-Sinwar

Le journal hébreu a souligné l’importance de cibler le leader du mouvement Hamas dans la bande de Gaza, Yahya Al-Sinwar, 61 ans.

« Il est le chef du mouvement Hamas dans la bande de Gaza et l’un des fondateurs de la branche militaire du mouvement. En 2017, Al-Sinwar a remplacé Ismail Haniyeh à la tête du mouvement Hamas à Gaza, et il est l’un des responsables de l’attaque contre Israël le 7 octobre.

Al-Sinwar, comme Al-Deif, est présent dans le réseau de tunnels du Hamas à Gaza et, selon certaines informations, lors des bombardements depuis le début de la guerre, l’appartement de son frère Hamed Al-Sinwar, à la Tour Hamed de Khan Younis, a été bombardé soulignant qu’un certain nombre de morts y ont été retrouvés.

Al-Sinwar a été condamné à quatre peines d’emprisonnement à perpétuité dans une prison israélienne, mais a été libéré en 2011 dans le cadre de l’accord Shalit », lit-on de même source.

– La scène du crime perpétré le 2 janvier 2024 dans la banlieue sud de Beyrouth par un drone israélien.

– Marwan Issa

Dans ce contexte, le journal rapporte que « Marwan Issa, 58 ans, qui se cache dans les tunnels de la bande de Gaza, est l’une des principales cibles de l’armée israélienne ».

Issa, surnommé « l’Homme de l’ombre », travaille comme chef adjoint de la branche militaire du Hamas.

Il a noté qu’Issa « est considéré comme proche d’Al Deif et qu’Israël a tenté dans le passé de l’éliminer à plusieurs reprises, dont une en 2006, lors d’une réunion avec Al-Deif et d’autres hauts responsables de la branche militaire, mais il a réussi à s’échapper. Puis en 2014 et 2021 également, sa maison a été bombardée à deux reprises, et dans l’un de ces bombardements, son frère a été tué », selon le journal.

Le journal a ajouté « qu’en Israël, on dit que la guerre psychologique avec le Hamas ne prendra pas fin tant que Marwan Issa est en vie ».

– Saleh Al-Arouri

Saleh Al-Arouri (57 ans), a été incarcéré dans les prisons israéliennes entre 1995 et 2010, puis exilé en Syrie avant de rejoindre la Turquie. Saleh Al-Arouri vivait jusqu’à son assassinat au Liban.

Selon les renseignements israéliens, cités par les médias locaux, il est impliqué dans la planification de l’enlèvement et le meurtre de trois adolescents israéliens en Cisjordanie occupée au cours de l’été 2014.

Le 25 octobre, Al-Manar, la chaîne télévisée du Hezbollah, fait état d’une réunion entre le secrétaire général du parti chiite libanais, Hassan Nasrallah, le chef du Djihad islamique Ziad al Nakhala et Saleh al-Arouri.

Le 31 octobre, l’armée israélienne a démoli à l’explosif à Aroura, en Cisjordanie occupée, la maison vide du numéro deux du Hamas palestinien. Le 21 octobre, elle avait effectué une descente à Aroura où elle avait arrêté une vingtaine de personnes dont un frère de Saleh al-Arouri et neuf de ses neveux.

– Khaled Mechaal

Khaled Mechaal (58 ans), qui a dirigé le bureau politique du Hamas pendant 21 ans et est actuellement responsable des activités de l’organisation à l’étranger, se trouve au Qatar, signalant qu’en 1997, le Mossad a échoué de l’assassiner en Jordanie.

– Ismaïl Haniyeh

Quant à Ismail Haniyeh (61 ans), le quotidien israélien a indiqué qu’il « a remplacé Mechaal en 2017 à la tête du bureau politique du mouvement Hamas, et réside au Qatar ».

À l’aube du 7 octobre, le Hamas et d’autres factions palestiniennes à Gaza ont lancé l’opération « Déluge d’Al-Aqsa », en réponse aux « attaques continues des forces israéliennes et des colons contre le peuple palestinien, ses biens et ses lieux saints, en particulier Al-Aqsa à Jérusalem-Est occupée ».

L’assassinat de Saleh al-Arouri dans le fief du Hezbollah libanais est considéré comme une déclaration de guerre. Il intervient à 24 heures du discours annoncé de Hassan Nasrallah, le Secrétaire général du Hezbollah. Il intervient aussi alors l’extension de la guerre à l’ensemble de la région ne fait plus de doute, conduite par l’Axe de la Résistance qui comprend l’Irak, la Syrie, le Yémen et l’Iran.

Saleh al-Arouri, qui était l’architecte de l’intifada en cours en Cisjordanie, va, par son assassinat, donner un nouveau souffle à la lutte contre l’occupant israélien en Cisjordanie qui, depuis le 7 octobre, a immobilisé une grande partie de l’armée israélienne. Dès l’annonce de son assassinat, les principales villes et villages de la Cisjordanie ont été investis par des manifestations monstres qui ne vont pas tarder à se transformer en une véritable insurrection armée contre l’occupant israélien et ses colons.

Philippe TOUREL

Source: https://www.afrique-asie.fr/la-fuite-en-avant-suicidaire-de-netanyahou-qui-a-ordonne-lassassinat-a-beyrouth-de-saleh-al-arouri-vice-president-du-hamas/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/la-fuite-en-avant-suicidaire-de-netanyahou-qui-a-ordonne-lassassinat-a-beyrouth-de-saleh-al-arouri-vice-president-du-hamas-afriqueassie-3-01-24/

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