Lundi 12 décembre 2022, en soirée, au conseil municipal d’Arzon (Morbihan), tous les bordereaux ont été votés à l’unanimité, sauf un : la vente du bureau de La Poste, qui a provoqué des débats animés.
La Poste d’Arzon (Morbihan) est installée au rez-de-chaussée d’une maison qu’elle loue à la commune depuis 1969. Elle est située au 33, rue de La Poste, au centre du bourg, entre la mairie et l’église, sur un terrain 1 477 m2. Le conseil municipal a proposé, lundi soir, de vendre la maison et le terrain à un promoteur. Jean-Claude Verdonck, 4e adjoint au maire chargé de l’urbanisme, argumente cette vente : D’abord, nous n’ignorons rien des projets de la Direction nationale de La Poste qui affiche une nouvelle orientation stratégique consistant à centraliser les services de La Banque postale, à Sarzeau, et à réorienter les services de proximité vers des points relais ou des agences postales.
L’ensemble est estimé à 850 000 € par le Service des Domaines. L’offre d’achat du groupe Kermarrec, qui s’élève à 1 110 000 €, a été retenue. Le promoteur propose de construire, sur la parcelle, deux immeubles d’habitations, avec deux commerces au rez-de-chaussée, un parking en souterrain, et sept maisons.
Une forte réaction de la minorité
Carida Pellissier, élue de la liste Arzon c’est vous, a réagi à cette proposition de vente : Il est surprenant de lire les documents qui sont présentés dans le dossier préparatoire au conseil municipal. Les dates de ces documents apportent un autre éclairage à votre démarche
. La consultation de la commission d’urbanisme sur la vente ou non de la parcelle s’est tenue le 7 décembre, à 16 h, soit cinq jours avant ce conseil municipal. Tout laisse à penser que le dossier était bouclé d’avance.
L’élue poursuit : Nous ne pouvons pas accepter que le patrimoine de la commune soit vendu au plus offrant, en nous exonérant de toute réflexion sur la politique foncière de la commune. Contrairement à ce que vous prétendez, vous précipitez, par cette cession, la fermeture de La Poste.
Les trois autres élus de l’opposition se sont exprimés l’un après l’autre. Bruno De Renéville, de la liste Arzon cap vers un nouvel horizon, a abordé l’aspect financier de l’opération : Vendre le patrimoine communal pour alimenter les dépenses de fonctionnement, c’est appauvrir la commune et hypothéquer l’avenir des générations futures qui n’auront plus les capacités d’investissement. La priorité absolue est la maîtrise des coûts maîtrisables. Je pense aux coûts de personnel qui sont les coûts les plus inflationnistes, du fait de l’évolution de la carrière des fonctionnaires qui génèrent des coûts automatiques.
Une économie de marché
Roland Tabart, maire, a répondu aux élus de la minorité : Vous êtes loin de la réalité communale. Gérer une mairie, c’est anticiper. Cet après-midi, j’ai appris que tout le projet de Broustiche, qui était bouclé, avec des logements pour les jeunes, est remis en cause par la Banque des territoires. Nous sommes en économie de marché. Tout le monde fait flamber les prix. Encore ce matin, un vendeur demandait 1 000 € le m2 pour un terrain.
S’adressant à Bruno De Renéville, il poursuit : Je ne diminuerais sûrement pas le personnel de la commune ni la masse salariale. Nous manquons d’intelligences et j’ai trop de respect pour ce qu’ils font.
Et à propos de la vente de La Poste, il argumente : Cette vente est la bienvenue. Les pompiers ne peuvent plus se loger. Pour l’année prochaine, nous allons devoir réhabiliter la caserne et créer quatre chambres pour eux. Nous devons prévoir aussi un financement d’urgence imprévu. Un diagnostic révèle que le pont de Pen Castel part à l’eau, à cause d’un manque d’entretien depuis des années, qui était à la charge du Département
. Et de conclure : C’est La Banque postale qui veut partir. Le courrier, les colis et les autres services restent dans la commune.
« Devant autant d’incertitudes, je voterai contre »
Christian Capelle et Christophe Guérouard, tous deux conseillers de la liste de la majorité, s’opposent à ce projet. J’ai bien compris que vous nous demandez de nous positionner uniquement sur la vente du terrain, mais quel type de logement ? Combien ? Et à quel prix ? Nous n’en savons rien et vous n’en savez rien,
questionne Christophe Guérouard.Nous n’avons aucune garantie et je n’ai pas eu connaissance d’autres propositions. Devant autant d’incertitudes, je voterai contre. Oui aux jeunes actifs, et stop aux volets fermés dix mois sur douze, aux constructions verticales et autres B & B.
La proposition a été adoptée, avec six voix contre.
Source : La mairie d’Arzon vend le bureau de La Poste de la commune (ouest-france.fr)