À Plonéour-Lanvern, des pierres datant de l’époque celtique se sont évaporées. Certaines sont dressées comme un menhir ; d’autres sont basses, ressemblant à de gros galets plus ou moins polis. Il n’en demeure qu’une seule dans un lotissement !
Yann Cariou est passionné par l’archéologie et la topographie. Ce professeur de breton, qui habite à Plonéour-Lanvern (Finistère), arpente depuis plusieurs années sa commune, en observateur attentif des éléments patrimoniaux.
C’est ainsi qu’il a alerté sur un fait étonnant : la disparition de stèles gauloises datant de l’âge du Fer. Ces pierres sont de plusieurs types : dressées comme un menhir ou basses, ressemblant à de gros galets plus ou moins polis.
« Il y en avait cinq »
Ces anciennes pierres funéraires datent de l’époque celtique, de 2 500 ans environ. Elles se trouvaient sur le chemin de Keriforn, où un terrain est en cours d’aménagement pour construire un lotissement de maisons individuelles.
« Ces stèles provenaient du manoir de Leskouarn, précise-t-il. Après une succession, elles avaient été recueillies par un médecin amateur d’antiquités qui les avaient placées sur son terrain, là où se construit aujourd’hui le nouveau lotissement. Je les avais photographiées en 1995 : il y en avait cinq, dont la plus remarquable mesurait 2,5 mètres et ressemblait à un menhir. »
Seule demeure une stèle basse, ovoïde, sur le terrain, au coin d’une maison en construction.
Créer une association du patrimoine ?
Que sont donc devenues ces stèles ? Elles n’étaient pas inscrites au service à l’inventaire des Monuments historiques, donc non classées. Elles pouvaient donc faire l’objet d’un déplacement ou d’un « dépeçage ». Toutes les hypothèses sont sur la table, mais le transport de tels objets patrimoniaux nécessiterait d’importants moyens logistiques.
L’une des solutions pour éviter de telles pertes, selon Yann Cariou : la mise en place d’une « association du patrimoine avec les acteurs concernés dans la commune ».
Contactée, Sandra Pereira, maire adjointe à l’urbanisme, est tout aussi étonnée par cette disparition et mène sa propre enquête auprès des lotisseurs privés de Keriforn.
Un suivi
Elle met aussi en avant le fait qu’un tel patrimoine ne figure pas à l’inventaire des Monuments historiques et, par conséquent, ne bénéficie d’aucune véritable protection.
L’élue plaide, tout comme Yann Cariou, pour la mise en place, a minima, d’un relevé de ces éléments patrimoniaux dans la commune, ce qui permettrait une plus grande réactivité et un véritable suivi.