Dans le contexte tendu de mobilisation contre la réforme des retraites à Rennes, la préfecture vient de prendre une décision radicale : elle interdit toute manifestation dans la capitale bretonne, ce samedi 25 mars 2023. Plusieurs rassemblements contre la loi Immigration, ou pour l’interdiction de la pêche, étaient prévus.
Face aux nombreux affrontements et dégradations qu’à connu Rennes ces derniers jours, en marge des manifestations contre la réforme des retraites, la préfecture d’Ille-et-Vilaine vient de prendre une décision radicale. Elle interdit toute manifestation ce samedi 25 mars dans la capitale bretonne. Une mesure qu’elle détaille longuement dans un arrêté, publié ce vendredi après-midi.
Risques de troubles à l’ordre public
Depuis le début des manifestations contre la réforme des retraites, « des individus membres de l’ultra-gauche s’insèrent dans les cortèges afin d’en perturber la bonne marche » et commettent « de graves troubles à l’ordre public. »
Dans le même temps, depuis le recours au 49.3, les actions de blocages et les manifestations non déclarées en préfecture, « sollicitent fortement les forces de l’ordre ».
C’est dans ce contexte tendu que plusieurs collectifs appelaient à se rassembler en centre-ville ce samedi après-midi, pour des causes différentes.
Manifestation contre le projet de loi Immigration
Le collectif inter-organisation de soutien aux personnes exilées appelait à un rassemblement à République, à 14 h 30, pour dénoncer le projet de loi « asile et immigration » porté par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avec un défilé en ville jusqu’à la préfecture de Région, rue Martenot. Un rassemblement qui constitue, selon la préfecture, « un prétexte de mobilisation pour des membres de l’ultra-gauche afin de se rendre en centre-ville pour commettre des exactions ».
Dans son arrêté, la préfecture explique avoir « engagé un dialogue avec l’organisateur mardi 21 mars, afin de proposer un parcours différent et sécurisant. » Un parcours refusé par l’organisateur, car, explique la préfecture, « celui-ci ne permettait pas de manifester devant un bâtiment symbole de l’État ». Un nouveau parcours a été proposé, jeudi 23 mars, auquel « l’organisateur n’a pas donné suite ».
Les organisateurs « sous le choc »
« On est vraiment sous le choc, ils mettent tout le monde dans le même sac, en parlant d’ultra-gauche, mais ce n’est pas le sujet là », s’indigne Armelle Bounya, de l’inter-organisation de soutien aux personnes exilées. Dans un communiqué, le collectif pointe « la paranoïa des autorités […] plus forte que l’intelligence et le discernement ». Dans l’impossibilité « vu les délais », de contester auprès du tribunal cette « atteinte manifeste aux libertés publiques », il appelle à un rassemblement non déclaré à 14 h 30, esplanade Charles de Gaulle. Les organisateurs étant conscients du risque : « six mois de prison et 7 500 € d’amende » pour eux, et « 135 € d’amende pour les simples participants ».
Des rassemblements pour l’interdiction de la pêche
Ce samedi, Journée mondiale pour la fin de la pêche, devait aussi donner lieu à des rassemblements, à République, d’associations de défense des droits des animaux et de l’environnement : L214, Sea Shepard, Anonymous for the voiceless…
Certains pêcheurs bretons « en colère contre les mesures restrictives » appliquées à leur filière, évoquaient, eux, un retour à Rennes, ce samedi, après leur manifestation de mercredi dernier. Manifestation qui a dégénéré là aussi en affrontements avec les forces de l’ordre.
Le samedi, journée d’affluence en ville
Dans ce contexte, et parce que le samedi est « traditionnellement une journée d’affluence importante dans le centre-ville de Rennes », la préfecture a donc pris cette mesure radicale, la seule, selon elle « de nature à prévenir efficacement les troubles à l’ordre public ».