Il y a juste soixante-dix-huit ans, Paris était libéré. Un Breton mena les combats contre l’occupant. Le colonel Rol-Tanguy, né à Morlaix (Finistère), qui avait aussi passé une partie de son enfance à Brest (Finistère) et Cherbourg (Manche), était à la tête des FFI (Forces françaises de l’intérieur) de la région parisienne. Il donna l’ordre de l’insurrection.
Il était né à Morlaix (Finistère) par pur hasard. Sa mère y accoucha le 12 juin 1908, alors qu’elle avait pris un train depuis la région parisienne pour Brest (Finistère). Pour autant, il n’a jamais oublié Morlaix, et Morlaix ne l’a pas oublié. Quelques mois après sa disparition, en septembre 2002, sa ville natale lui rendra hommage en donnant son nom à la place de la Gare.
Pour l’état civil, il s’appelait Henri Tanguy. Pour l’Histoire, il reste le colonel Rol-Tanguy, commandant des FFI (Forces françaises de l’intérieur) de la région parisienne, qui donna l’ordre de l’insurrection aux Parisiens pour libérer la capitale. Il y a juste soixante-dix-huit ans, le 25 août 1944, il reçut, avec le général Leclerc, à la tête de la 2e DB (division blindée), la reddition du général Von Choltitz, le commandant de la garnison militaire allemande de Paris.
Militant du Parti communiste et syndicaliste, il fut ouvrier chez Renault avant d’en être licencié pour avoir fait grève. Henri Tanguy combattit aussi durant la guerre d’Espagne dans les rangs des républicains. Dans la Résistance, il choisit ce pseudonyme de Rol, le nom d’un militant d’Épinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) tué au combat face aux troupes du général Franco.
« Des gens simples faisant leur devoir »
« En donnant le nom du colonel Henri Rol-Tanguy à la place de la Gare, la ville de Morlaix a rendu hommage à une grande figure de la Résistance », soulignait Ouest-France, le 27 janvier 2003, en rendant compte de cette cérémonie. S’il avait été élevé au rang de Compagnon de la Libération, il n’en tirait aucune gloire pour autant. « Qu’est-ce que nous étions ? Des gens simples faisant leur devoir. Des patriotes », avait-il confié au journal à l’occasion du cinquantième anniversaire de la libération de Paris.
« Il était resté très attaché à la Bretagne. Il ne retournait jamais sans émotion dans sa ville natale. Il gardait aussi de l’affection pour les villes de son enfance, Toulon, Brest, Cherbourg, découvertes au gré des affectations de son père, officier de la Marine nationale », écrivait encore Ouest-France lors de sa disparition.
Dans le film de René Clément, Paris brûle-t-il ?, le comédien Bruno Cremer jouait le rôle de Rol-Tanguy. La ressemblance physique entre les deux hommes était flagrante.
Didier GOURIN