Le chemin de croix de l’énergie décarbonée à Ouessant. (LT.fr – 01/09/23)

L’hydrolienne développée par Sabella était l’une des pièces du mix énergétique imaginé pour l’île d’Ouessant. Mais le projet « Phares » n’est plus d’actualité et le concepteur de l’hydrolienne cherche un appui financier.
L’hydrolienne développée par Sabella était l’une des pièces du mix énergétique imaginé pour l’île d’Ouessant. Mais le projet « Phares » n’est plus d’actualité et le concepteur de l’hydrolienne cherche un appui financier. (Photo Claude Prigent/Le Télégramme)

Par Stéphane Jézéquel

Le projet « Phares », censé décarboner la production d’énergie sur l’île d’Ouessant (29), est abandonné. L’éolienne a été rejetée et Sabella, qui développe l’hydrolienne actuellement en service, est fragilisée depuis des mois.

La transition énergétique tourne au chemin de croix sur l’île d’Ouessant, qui aimerait bien se débarrasser des 1 600 tonnes de gasoil qu’elle doit acheminer, chaque année, par bateau et brûler dans son usine électrique pour assurer ses besoins énergétiques. Sur le papier, le projet « Phares » (Projet d’hybridation avancée pour renouveler l’énergie dans les systèmes insulaires) avait tout pour plaire. Du photovoltaïque, de l’éolien et de l’hydrolien pour assurer le mix idéal, quelles que soient les conditions de soleil, de vent et de marée.

L’hydrolienne s’est fait attendre, l’éolienne est passée à la trappe

Les difficultés ont commencé par l’hydrolienne, conçue par la société quimpéroise Sabella, dont le développement et la fiabilité se sont étalés sur plusieurs années. Puis, est venu le temps des enquêtes pour l’implantation d’une éolienne de 67 m de haut dans un espace isolé de l’île. Les opposants de Vent de Bout’ont été entendus et ont gagné en justice. Akuo Energy s’est retiré du projet avant l’été.

Le volet photovoltaïque, en place depuis plusieurs années à Ouessant, devait être complété par un parc solaire supplémentaire. Mais le projet global est passé à la trappe.

Sabella demande encore du temps

Troisième pièce du mix, l’hydrolienne de Sabella, posée au beau milieu du puissant courant du Fromveur, entre Ouessant et Molène (29), est suspendue au devenir de la société quimpéroise en quête de recapitalisation. En délicatesse financière, Sabella recherche de nouveaux financements et appelle à une urgente structuration de la filière par l’État. En bref, les heures de la société sont comptées.

Et se pose clairement la question de la gestion et de l’entretien de la machine si l’entreprise était amenée à disparaître. Qui pour surveiller son rendement, effectuer sa maintenance et réaliser sa sortie de l’eau au moment opportun, pour une opération estimée entre 600 000 et 800 000 euros ? Existe-t-il un risque que la machine soit abandonnée au fond de l’eau ? « Impossible », d’après le maire d’Ouessant, Denis Palluel, qui évoque « une garantie financière de démantèlement provisionnée par l’entreprise ». De son côté, Sabella, qui n’a pas directement répondu à nos sollicitations, demande encore un peu de temps pour trouver un ou des investisseurs.

Se passer d’une hydrolienne qui produit ?

« En cas de disparition de Sabella, la machine pourrait être reprise par un opérateur déjà présent sur l’île », commente, de son côté, un fin connaisseur du projet. « Ce serait un gâchis de devoir se passer d’une hydrolienne qui fonctionne et de ne pas poursuivre ce projet développé depuis des années à Ouessant ».

Sans surprise, le maire Denis Palluel confirme la fin du programme « Phares » mais pas de la dynamique engagée. « Nous allons nous appuyer sur l’existant et espérer que Sabella continue de faire tourner cette hydrolienne qui produit depuis juillet 2022, sans incident ».

Source : Le chemin de croix de l’énergie décarbonée à Ouessant | Le Télégramme (letelegramme.fr)

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