Le Drian au Japon : un déplacement payé par la Région qui fait tiquer. ( LT.fr – 14/12/22 – 10h16 )

L’ex-ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian lors de sa remise de décoration de l’Ordre du Soleil-Levant, à Tokyo, le 7 décembre 2022.
L’ex-ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian lors de sa remise de décoration de l’Ordre du Soleil-Levant, à Tokyo, le 7 décembre 2022. (Le Télégramme/Philippe Créhange)

L’ex-ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian s’est déplacé pendant une semaine au Japon avec une délégation bretonne. Un voyage payé par le Conseil régional. Inadmissible, selon certains élus d’opposition.

En déplacement à Tokyo la semaine dernière avec une délégation d’élus, de directeurs de service et de représentants de structures associées à la Région (BDI et BCI), Jean-Yves Le Drian aurait-il dû payer son billet d’avion et son hôtel sur place ? Chez certains conseillers régionaux d’opposition, la polémique enfle à la veille d’une session plénière du conseil régional de Bretagne, jeudi et vendredi, à Rennes. Durant ce voyage, l’ex-ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, qui avait initié cette tradition annuelle au Japon dès 2005, a participé à plusieurs réunions de travail avec des représentants d’entreprises japonaises en Bretagne. Il a aussi reçu des mains du ministre des Affaires étrangères nippon le « Grand cordon » de l’Ordre du Pays du Soleil-Levant, plus haute distinction du pays signée par l’Empereur. Pas suffisant pour se faire payer ce déplacement, selon l’écologiste Claire Desmares.

« Il peut payer, il n’est pas au RSA »

« En tant qu’ancien ministre, il a les moyens de l’État et il n’est plus président de Région. À quel titre est-il invité ? Il est président d’honneur de la Bretagne ? », s’interroge la conseillère régionale d’opposition. « Il a été ministre, il a reçu une décoration là-bas à ce titre. Quel est le lien avec le conseil régional ? Je n’ai pas dit qu’il ne fallait pas l’inviter, mais il peut payer. Il n’est pas au RSA Monsieur Le Drian », abonde une autre élue sous couvert d’anonymat.

Plus largement, Claire Desmares dénonce de son côté le déplacement de trois directeurs de service, un directeur adjoint de cabinet et deux vice-présidents. « Que le président y aille, cela ne me choque pas du tout. Mais là, les proportions ne sont pas raisonnables, par rapport aux coûts et à la distance », juge Desmares. Pour un voyage qui représenterait pour la collectivité, selon nos informations, un budget de l’ordre de 100 000 €. « Il y a un bilan carbone et un bilan économique. »

Côté coût carbone, l’exécutif avait pourtant prévenu avant le voyage. Il serait compensé par des actions en faveur de la biodiversité. « Mais la compensation carbone n’est pas une excuse. C’est un argument de droite. Quand on détruit le vivant, quand on pollue, il n’y a pas de compensation possible », estime Claire Desmares.

« Il n’a pas montré l’exemple »

Une critique de l’écologiste à laquelle s’associe, une fois n’est pas coutume, le chef de file du Rassemblement National Gilles Pennelle. « Dans le moment où l’on va parler urgence climatique et sobriété énergétique, où l’on va nous matraquer pendant deux jours de session sur ces sujets, ce voyage est un peu indécent. Que Jean-Yves Le Drian y soit ou d’autres, c’est l’ensemble de la délégation qui pose problème. Ils auraient pu tout aussi bien aller à la crêperie à Cancale (Breizh Café, NDLR) pour parler du Japon. Quand j’entends Loïg Chesnais-Girard nous bassiner avec les discours climato-catastrophistes, je constate là qu’il n’a pas montré l’exemple. »

J’ai toujours eu auprès de moi des représentants de la Bretagne. Et Jean-Yves Le Drian sert les intérêts de la Bretagne

Interrogé, le président divers gauche de Région confirme avoir été interpellé par plusieurs élus, dont Isabelle Le Callennec (Droite, centre et régionalistes), lors d’une commission permanente lundi. Mais il assume totalement le choix d’avoir convié Jean-Yves Le Drian. « D’habitude, j’invite à ce déplacement annuel des chefs d’entreprise ou des présidents d’association. J’ai toujours eu auprès de moi des représentants de la Bretagne. Et Jean-Yves Le Drian sert les intérêts de la Bretagne », estime Loïg Chesnais-Girard. Circulez, y’a rien à voir ?

Retour de l’héritier ?

Pour Aziliz Gouez, élue autonomiste d’opposition (Breizh a-gleiz), l’invitation de l’ex-ministre ne la trouble pas outre mesure. « Sur le plan stratégique, que Jean-Yves Le Drian puisse jouer un rôle pour nouer des relations internationales, c’est compréhensible. » Pour autant, c’est la relation entre l’ex-président de Région et son successeur qui lui pose plus de problème. « Symboliquement, on avait l’impression que c’était Jean-Yves Le Drian qui menait la délégation. Et Loïg Chesnais-Girard s’est à nouveau mis dans la position de l’héritier. Son tweet associant « Le Menhir » (surnom de Le Drian, NDLR) et l’Empereur est édifiant », juge la conseillère régionale.

Auteur : Philippe Crehange

Source : Le Drian au Japon : un déplacement payé par la Région qui fait tiquer – Bretagne – Le Télégramme (letelegramme.fr)

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