La Maison de la rivière et de la biodiversité alerte sur le déclin du saumon, auquel la structure dédie une école d’été, la Salmo Skol, qu’elle lance ce lundi 27 juin. Mais c’est peut-être en Bretagne que cette espèce trouvera refuge…
C’est le poisson roi, celui qui saute, qui remonte les rivières et qui nage jusqu’au Groenland. À la Maison de la rivière et de la biodiversité, à Sizun, impossible de le rater. Une fresque entière lui est dédiée sur le pignon du bâtiment. « Le saumon fait partie de notre ADN », dévoile Bertrand Lohéac, directeur du site.
Pour preuve, ce lundi 27 juin 2022, la structure lance sa Salmo Skol, une école d’été unique en France sur le saumon et dédiée à des étudiants. Parmi les objectifs de cette formation : évoquer le réchauffement climatique via son impact sur le saumon.
Moins nombreux, plus petits
À Sizun, le poisson à la chair rose traverse la commune par la rivière de l’Elorn. « Sur vingt ans, il y en a en moyenne 1 000 qui remontent l’Elorn chaque année », détaille Yves Pennec, président de la Maison de la rivière. Cependant, les chiffres sont en baisse : « Ces dernières années, il y en a plutôt 600. »
« Globalement, ils reviennent quand même plus petits qu’avant » ajoute Pierre Tandéo, bénévole. Si ce dernier précise qu’aucune certitude n’existe sur les raisons de ces observations, le dérèglement climatique « a forcément un impact ». En tant que poisson migrateur, le saumon possède un cycle de vie soumis à différents facteurs.
« Un intégrateur de tous les forçages climatiques »
Après avoir pondu dans l’Elorn, il traverse Sizun, se rend dans la rade de Brest et part jusqu’au Groenland se nourrir. Puis, fin juin, le saumon est de retour dans les fleuves côtiers. Alors, ce marathonien « est un intégrateur de tous les forçages climatiques » expose Bertrand Lohéac, « surtout au Groenland où le réchauffement est quasiment le plus fort au monde ».
Pour tenter d’expliquer sa raréfaction localement, le directeur, aussi hydrobiologiste, a ses hypothèses : « L’augmentation de la température de l’eau, le manque de ressources en mer ou le débit d’eau plus faible en rivière, à la suite de la diminution des précipitations. » D’après les membres de la Maison de la rivière, le saumon n’est pas en disparition, « mais dans une situation inquiétante ».
La Bretagne un refuge à l’avenir ?
Si ce poisson emblématique est en déclin, le saumon ne devrait pas disparaître des cours d’eau finistériens, au contraire. Principalement présent dans les fleuves « à l’ouest d’une ligne Saint-Brieuc – Vannes », le saumon pourrait faire de la Bretagne son refuge. « Avec le réchauffement des fleuves, les eaux bretonnes devraient malgré tout rester plus fraîches », explique Pierre Tandéo. De plus, le saumon peut compter sur l’Elorn, « un point clé des stocks et un bel exemple de gestion réussie d’un cours d’eau », indique Bertrand Lohéac.
Pour cause, avec l’aide d’autres associations locales, la Maison de la rivière restaure des cours d’eau et veille à la qualité de l’eau, afin de faciliter l’habitat et les déplacements. Pour l’avenir du saumon, moins inquiétant à Sizun qu’ailleurs, Pierre Tandeo tient tout de même à rappeler « que l’on peut encore contrôler le climat : il faut faire des choix politiques forts ».
Auteur : Morgan Kervestin