Le SOS des banques alimentaires face aux surcoûts énergétiques. ( LT.fr – 31/10/22 – 17h00)

En 2021, 537 tonnes de denrées ont été distribuées par la Banque alimentaire des Côtes d’Armor, auprès d’associations et de CCAS et de 10 900 bénéficiaires. Avec l’envolée des coûts de l’énergie, les
En 2021, 537 tonnes de denrées ont été distribuées par la Banque alimentaire des Côtes d’Armor, auprès d’associations et de CCAS et de 10 900 bénéficiaires. Avec l’envolée des coûts de l’énergie, les bénévoles ont peur de ne plus pouvoir assurer le même service. (Le Télégramme/Sophie Prévost)

Après Quimper, qui a sonné l’alerte, début octobre, la Banque alimentaire des Côtes-d’Armor s’inquiète aussi de dépenses d’électricité et de carburant « devenues écrasantes ». Son président Yves Le Damany n’a pas hâte à 2023.

Le 7 octobre, la présidente de la Banque alimentaire du Finistère annonçait que, face à l’augmentation annoncée de la facture d’électricité, l’association allait devoir couper les chambres froides. Y a-t-il la même urgence chez vous, dans les Côtes-d’Armor ?

Nous sommes très inquiets, comme toutes les banques alimentaires en France. Ce message du Finistère veut très clairement sonner l’alerte. Sur nos deux sites de Lannion et à Saint-Brieuc, on se refuse à débrancher les chambres froides. Cela voudrait dire ne plus fournir de surgelés, donc supprimer la viande et certains produits frais à nos partenaires et donc aux bénéficiaires (10 900 en 2021), qui sont déjà dans le besoin. Offrir seulement des produits secs et des boîtes, parce que le gaz et l’électricité sont devenus trop chers ? L’idée nous est totalement insupportable !

Le président et le vice-président de la Banque alimentaire des Côtes d'Armor, Yves Le Damany et Claude Dru, espèrent bénéficier d'un bouclier tarifaire d'ici janvier 2023. "C'est la condition pou
Le président et le vice-président de la Banque alimentaire des Côtes-d’Armor, Yves Le Damany et Claude Dru, espèrent bénéficier d’un bouclier tarifaire d’ici janvier 2023. « C’est la condition pour pouvoir continuer notre mission auprès des plus fragiles ». (Le Télégramme/Sophie Prévost)

Votre budget vous permet-il d’absorber le triplement annoncé, voire plus, de certaines dépenses énergétiques ?

Bien sûr que non. On a juste réussi à limiter la casse pour 2022, grâce à notre trésorerie et aussi à une aide exceptionnelle accordée par le gouvernement à toutes les banques alimentaires (11 M€, et 28 000 € pour nous), en septembre dernier. La hausse a déjà commencé, le poste électricité et carburant pèse très lourd. Il y a, d’un côté, ce que l’on consomme pour faire tourner nos frigos et nos véhicules, et de l’autre, ce que nous facturent nos partenaires, comme la Stef, à Guingamp, chez qui on entrepose aussi des denrées. Leurs tarifs vont prendre 20 % avant la fin de l’année. Tout cela nous pose évidemment énormément question pour 2023. Sur notre chiffrage indicatif à +20 %, on passe à 28 000 € d’électricité et 27 000 € de carburant, l’an prochain. On a de quoi tenir dix mois, en cas de crise ponctuelle. Nous sommes plus petits et consommons un peu moins qu’à Quimper ou à Vannes. Mais notre marge est très faible. On ne sait pas non plus comment nos chambres froides réagiraient, en cas de coupures d’électricité. À la différence d’une PME, on ne peut pas répercuter les surcoûts sur nos « clients », associations et CCAS. Et puis nos 145 bénévoles viendront-ils encore volontiers avec leur voiture ? Si la problématique devient structurelle, là, on va dans le mur ».

On a réussi à limiter la casse pour 2022. Mais l’envolée des coûts de l’énergie nous pose grandement question pour 2023. On n’a pas de quoi tenir sur nos ressources propres plus de dix mois.

Quel est cet « effet ciseau » qui vous inquiète plus que tout ?

Nous sommes pris en tenaille entre les fournisseurs (grande distribution, collectes, industriels, producteurs, fonds européen) et les bénéficiaires (via les 41 CCAS, 24 associations et quatre épiceries sociales). Et d’un côté comme de l’autre, l’inflation va avoir des conséquences. Difficile de dire si la prochaine grande collecte des 23 et 24 novembre sera aussi bonne que l’an dernier, par exemple. À générosité égale, il y aura forcément panier plus petit, vu la hausse des prix. On risque d’avoir une baisse de stocks, alors que les besoins des bénéficiaires (+20 % d’inscrits en plus après la crise covid) vont, eux, augmenter ».

L’appel lancé par la fédération associative des banques alimentaires au gouvernement n’a malheureusement pas encore été entendu.

Les boucliers tarifaires, prévus dans le projet de loi de finances pour 2023, ne nous concernent effectivement pas ! Les banques alimentaires sont les grandes oubliées du gouvernement sur la question. Des discussions sont en cours avec le ministère des Solidarités, j’espère qu’elles aboutiront rapidement. Il en va de la pérennité de nos actions.

Source : Le SOS des banques alimentaires face aux surcoûts énergétiques – Lannion – Le Télégramme (letelegramme.fr)

Auteur :  Sophie Prévost

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