« Le sous-effectif épuise », dans les blocs opératoires à l’hôpital Morvan de Brest. ( LT.fr – 17/02/23 )

« Le sous-effectif épuise les personnels, ce qui aggrave l’absentéisme qui est passé de moins de 6 % à 12 % en une année », témoigne un Ibode.
« Le sous-effectif épuise les personnels, ce qui aggrave l’absentéisme qui est passé de moins de 6 % à 12 % en une année », témoigne un Ibode. (Photo d’illustration Le Télégramme/François Destoc)

Les infirmiers des blocs opératoires de l’hôpital Morvan, au CHRU de Brest, alertent sur leurs conditions de travail et sur un sous-effectif qui provoque de l’épuisement et du stress.

Après les infirmiers de bloc opératoire diplômés d’État (Ibode) de l’hôpital de la Cavale Blanche, c’est au tour des Ibode de l‘hôpital Morvan de dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail. « Six agents ont craqué sur leur lieu de travail ces derniers mois », indique Gaëtan Dujarrier, représentant du personnel CGT, qui a adressé un courrier d’alerte à la direction le 10 février. « Il est resté sans réponse ».

Des internes et des externes à la place des Ibode

« Le sous-effectif épuise les personnels, ce qui aggrave l’absentéisme qui est passé de moins de 6 % à 12 % en une année. On vient nous chercher sur notre temps de repas pour une intervention. Il n’y a plus de pause et une explosion des heures supplémentaires. Les blocs opératoires à Morvan fonctionnent avec autant d’Ibode que d’infirmiers anesthésistes diplômé d’État (IADE), alors qu’il devrait y avoir deux Ibode pour un IADE », dénonce Jérémy (*), Ibode à l’hôpital Morvan.

À Morvan, les blocs opératoires concernent l’ORL, l’ophtalmologie, la dermatologie et le dentaire et, à l’étage, la gynécologie et la pédiatrie. « Au rez-de-chaussée, 20 % des salles d’opération sont fermées, faute de personnels. Une seule Ibode suffit pour 30 % de l’activité chirurgicale. Mais, en ORL, gynécologie et pédiatrie, il faut deux Ibode pour travailler en sécurité », ajoute Marie-Thérèse, une autre Ibode.

Problème : faute d’effectifs suffisants, il est de plus en plus difficile d’avoir ces deux Ibode. « Le chirurgien peut accepter de le faire avec un seul Ibode, en appelant à la rescousse des internes, voire des externes (de la quatrième à la sixième année d’étude de médecine), qui parfois s’évanouissent lorsque c’est leur première expérience de chirurgie. Cela peut provoquer une perte de chance pour le patient, si l’interne ne sait pas où aller chercher en urgence l’appareil qui va permettre au chirurgien d’intervenir sur une situation précise », témoigne Bénédicte, Ibode.

« Cinq mois de délai pour une intervention »

Pour ces professionnels, les difficultés se sont aggravées depuis un an, avec la réorganisation de l’hospitalisation. « La dermatologie a besoin de 80 % des lits d’hospitalisation continue. Les autres spécialités doivent basculer sur l’hospitalisation de semaine. Résultat : l’activité des blocs très forte le lundi chute en fin de semaine, faute de lits, malgré une activité en hausse de 7 % par an et une programmation des interventions à cinq mois. En cancérologie, l’intervention se fait parfois à la limite du mois imparti. Les chirurgiens sont sous pression. Et le programme est désorganisé en permanence. Un patient victime d‘un décollement de rétine un vendredi a dû être dirigé vers une clinique, faute de lit disponible », ajoute Jérémy.

« Certains de nos cadres sont des contractuels et 85 % des cadres ne connaissent pas les blocs opératoires. Par ailleurs, notre droit de grève n’est pas respecté étant assignés pendant les grèves pour assurer des interventions non urgentes », assure-t-il, par ailleurs.

« J’ai travaillé dans les hôpitaux parisiens. Arrivée à Brest, je me suis dit : ” Il y a encore de la qualité ici !”. Depuis, je déchante. On rattrape beaucoup de situations dans l’urgence et dans le stress », se désole Laurence.

(*) Les prénoms ont été modifiés à la demande des Ibode.

Auteur : Catherine Le Guen 

Source : « Le sous-effectif épuise », dans les blocs opératoires à l’hôpital Morvan de Brest – Brest – Le Télégramme (letelegramme.fr)

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