Le thon tropical de l’Atlantique certifié par le label MSC (OF.fr-26/03/24)

Le Cap Bojador, un thonier senneur de la Compagnie française du thon océanique (CFTO).
Le Cap Bojador, un thonier senneur de la Compagnie française du thon océanique (CFTO). | CFTO

Le label MSC Pêche Durable a accordé sa « certification 3.0 » à Orthongel, l’organisation qui regroupe les pêcheurs français de thon de l’Atlantique. La filière espère capitaliser dessus, alors qu’elle traverse une crise profonde.

Par Jean-Marie CUNIN.

Du thon en boîte plus durable ? C’est ce que défend l’organisation de producteurs Orthongel. Elle annonce ce mardi 26 mars 2024 avoir obtenu la certification MSC Pêche Durable pour 90 % des volumes de thon listao et albacore capturés en Atlantique par des thoniers français. Le thon albacore est celui que nous retrouvons le plus souvent dans les conserves.

La filière, qui compte trois armements (CFTO, Via Océan et Sapmer, représentés par l’organisation Orthongel) est en souffrance. Via Océan a même déclaré la cessation de ses activités fin 2023. Un coup dur pour Concarneau (Finistère), où sont basés les trois armements tricolores.

« Ce n’est pas à moi de dire si la certification MSC arrive trop tard pour Via Océan. C’est le choix de l’entreprise », résume Xavier Leduc, président d’Orthongel. Il faut dire que la démarche pour obtenir le label est longue : elle a été entamée fin 2022.

La certification obtenue est « la 3.0, la plus récente et la plus exigeante », selon Xavier Leduc. Elle est valable cinq ans – avec des audits annuels – et coûte « entre 50 000 € et 150 000 € », selon Caroline Gamblin, responsable pêcheries chez MSC France.

Lire aussi : Thon tropical : comment la pêche française s’effrite peu à peu

Périmètre de flotte réduit

La certification porte sur 38 500 tonnes de poissons en moyenne par an, pour la période 2016-2021. Soit deux moins que le volume de thon pêché dans l’océan Indien sur la même période. Ce tonnage pour l’Atlantique portait à l’époque sur 9 thoniers, dont 3 pour Via Océan, liquidée. Ce volume sera donc réduit à l’avenir.

« C’est compliqué d’anticiper les captures à venir, mais on peut désormais se projeter sur une fourchette située entre 12 000 et 20 000 tonnes, avec ce périmètre de flottes en exploitation », détaille Xavier Leduc.

Ce dernier espère que le label MSC permettra de commercialiser davantage de thons en Europe et aux États-Unis. « Pour convaincre nos clients, les conserveries, c’est mieux si l’on est certifié. Dans certains pays, comme l’Allemagne, c’est même presque obligatoire pour vendre », explique le président d’Orthongel.

Les thons certifiés seront vendus à La conserverie des cinq océans, qui possède notamment la marque Pompom Rouge, ainsi qu’au n°1 mondial du thon en conserve, Thaï Union, qui possède par exemple la marque Petit Navire.

Tis critères

Le label MSC porte sur trois critères : l’impact sur l’environnement et les captures accidentelles, la bonne gouvernance et le bon état des stocks pêchés. Sur ce dernier point, l’organisme de référence Iccat (Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique), affirme que ce n’est ni le cas pour les thons listao et ni pour l’albacore, en Atlantique.

Pour ce dernier, le dernier rapport de l’Iccat note tout de même qu’il existe 43 % de chance pour que le stock soit en surpêche. « L’évaluateur a considéré que cela rentrait dans nos critères », assure Caroline Gamblin.

Concentration des thons

Si le label MSC est probablement le plus connu pour les produits de la mer, il est aussi vertement critiqué par certaines ONG. L’une des critiques porte sur l’utilisation, par les thoniers certifiés, de DCP (dispositifs de concentration de poissons) artificiels.

Ces radeaux capitalisent sur l’habitude naturelle des thons de s’agglutiner sous des objets flottants. Les poissons sont concentrés dessous, et n’ont plus qu’à être pêchés en grande quantité.

Problème, ces DCP artificiels attirent aussi des jeunes thons (les juvéniles) et d’autres espèces, comme les tortues ou les requins.

Selon Orthongel, 70 % des opérations de pêche nouvellement certifiées sont réalisées avec des DCP. « Nous avons réduit leur nombre. Il y a quelques années, nous étions à 550 DCP. Aujourd’hui, à 300. Et nous visons 240 en 2028. Nous nous sommes engagés à utiliser des DCP biodégradables. Et nous avons un guide de bonnes pratiques à destination des équipages pour la remise à l’eau des tortues et des requins », détaille Xavier Leduc.

L’utilisation des DCP est loin d’être interdite par MSC. « Mais les pêcheries doivent s’améliorer sur le sujet, par exemple Orthongel doit faire mieux sur les captures de deux espèces de requins. Ainsi que sur les pertes et les échouages de DCP », souligne Caroline Gamblin.

Tous les ans, un audit est réalisé sur les pêcheries labélisées. Si celles-ci ne respectent pas les améliorations auxquelles elles s’étaient engagées, « le certificat peut être suspendu », conclut la responsable pêcherie de MSC France.

°°°

Source: https://www.ouest-france.fr/mer/peche/le-thon-tropical-de-latlantique-certifie-par-le-label-msc-7881c91c-e69e-11ee-9618-4414a90184dc

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/le-thon-tropical-de-latlantique-certifie-par-le-label-msc-of-fr-26-03-24/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *