L’émotion de lycéens lorientais face à Evelyn Askolovitch, rescapée de la Shoah(LT.fr-14/11/22-21h24)

Échange en fin de conférence avec des lycéennes.
Femme engagée pour les droits des femmes, Evelyn Askolovitch est une survivante des camps de concentration. Son histoire, racontée ce 14 novembre 2022 à des lycéens de Marie-Le Franc à Lorient, les a profondément touchés.

Cela fait un peu moins de dix ans qu’Evelyn Askolovitch, 84 ans, « une battante » engagée pour les droits des femmes, raconte son histoire. Celle, éclairante et essentielle, d’une petite fille juive d’origine allemande installée avec sa famille aux Pays-Bas et que la Shoah a ballottée avec les siens de camp en camp jusqu’à leur retour en janvier 1946 dans une Amsterdam pavoisée pour l’anniversaire de la petite Béatrix. Avec son cœur d’enfant, Evelyn s’était imaginé que les Pays-Bas célébraient leur retour. « On était attendus par trois cousins. Il ne nous restait rien, il a fallu tout recommencer ». Dans la salle du Centre de documentation et d‘information du Lycée Marie-Le Franc à Lorient, 70 élèves de terminale ont écouté son témoignage, ce lundi 14 novembre 2022.

Dans ses mains, des photos précieusement conservées dans un album en cuir, seule trace de son passé.
Dans ses mains, des photos précieusement conservées dans un album en cuir, seule trace de son passé.

« En 2010, une amie m’a téléphoné pour me donner les preuves de ma présence dans les camps. J’ai vu mon nom sur des listes. J’ai pleuré sur ces papiers pendant trois jours. C’était devenu la vérité. J’ai réalisé que j’étais une survivante ». Le récit secoue, vous prend aux tripes. Chacun en sort bouleversé. Comme Louane. Émue aux larmes, elle est allée embrasser cette rescapée dont l’histoire fait écho à celle de sa mère. « Ça me touche vraiment de savoir ce qui s’est passé pendant cette période-là. C’est intéressant d’avoir des versions différentes ».

Son père raflé

Evelyn Askolovitch a raconté sa naissance « sous nom allemand », des ascendants « juifs allemands intégrés dans leur pays ». Elle a dit un père qu’elle n’a jamais connu : « Non parce qu’il est mort mais quand il est revenu des camps, il n’était plus le même, plus cet homme joyeux, très beau, qui faisait du patin à glace et voulait devenir chanteur d’opéra ». Elle parle de sa mère morte à 104 ans. « Une fille de Rhénanie, très studieuse qui voulait être juge pour enfants ». Sa voix ne tremble pas, les mains tiennent serrées des photos, seules traces de son passé. Dans l’assemblée, pas un bruit, les jeunes écoutent et tremblent à l’évocation de ce 12 juillet 1942. « Mon père était dans la rue, le soir il n’est pas rentré. Le 15 juillet 1942, le jour de mes quatre ans, il est rentré à la maison complètement hébété ».

Si quelqu’un vous dit que ce sont des blagues, vous pourrez lui dire non, j’ai rencontré quelqu’un qui l’a vécu. Ça a existé.

Trois camps

Evelyn Askolovitch détaille la terrible trajectoire. Vught, premier camp de concentration en mars 1943. « J’ai gardé trois souvenirs : j’ai attrapé la varicelle, cassé un thermomètre et pour me consoler on m’a donné du lait sucré. » Puis ce sera Westerbork aux Pays-Bas, antichambre des camps d’extermination où « le 19 juillet 1943, ma grand-mère a été mise au transport. Mon père l’a accompagnée mais il n’a pas pris sa place. Tout le train a été gazé. Son cœur s’est brisé à tout jamais ».

Les 70 lycéennes et lycéens ont écouté le récit d’Evelyn Askolovitch, rescapée de la Shoah.
Les 70 lycéennes et lycéens ont écouté le récit d’Evelyn Askolovitch, rescapée de la Shoah.

C’est encore Bergen-Belsen en Allemagne en février 1944. « On y est restés un an. Les enfants, on ne faisait rien, il n’y avait rien à faire ». Elle se souvient d’un bombardement, de la soupe renversée, d’une soldate bienveillante et de son père très malade. Elle dit surtout le « miracle » qui fait que la famille prendra le 20 janvier 1945 un convoi de la Croix Rouge vers un camp de rapatriement à la frontière suisse. L’espoir renaît. « C’est important que l’on en parle », avance Justine. Important pour Evelyn de témoigner : « Si quelqu’un vous dit que ce sont des blagues, vous pourrez lui dire non, j’ai rencontré quelqu’un qui l’a vécu. Ça a existé ».

À voir

Reportage à voir ce mardi à 18 h 30 sur TébéSud dans l’émission Bonjour Bretagne.

Stéphane GUIHENEUF

source: https://www.letelegramme.fr/morbihan/lorient/l-emotion-de-lyceens-lorientais-face-a-evelyn-askolovitch-rescapee-de-la-shoah-14-11-2022-13220684.php

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *