Les allocataires de l’ASS spoliés d’un seul coup ! (IO.fr-9/02/24)

Lors de son discours de politique générale, le 30 janvier, le Premier ministre a annoncé, en évoquant l’allocation spécifique de solidarité (ASS), versée aux chômeurs en fin de droit : « Nous proposerons la suppression de cette allocation. »

Par Gérald FROMAGER.

L’ASS, cette mesure d’aide aux chômeurs de très longue durée, créée en 1984, n’est pas automatiquement versée. Plusieurs conditions cumulatives sont nécessaires pour la percevoir. L’ASS bénéficie aux demandeurs d’emploi, dûment inscrits comme tels et qui ont épuisé leurs droits à l’assurance chômage.

Pour en bénéficier, il faut être à la recherche effective d’un emploi, justifier de cinq ans d’activité salariée dans les dix ans précédant la fin du dernier contrat de travail et ne pas dépasser un plafond de ressources mensuelles (1 271,90 euros pour une personne seule et 1 998,70 pour un couple – actualisés le 1er avril 2023). Notons qu’il est évident que nombre de couples, dans notre pays, dont l’un est demandeur d’emploi, dépassent ce plafond de moins de 2 000 euros mensuels.

Le plafond en question fait l’objet d’un contrôle tous les six mois. Le montant de l’ASS est de 18,17 euros par jour, soit 545,10 euros par mois. Royal ! 70 % des allocataires ont plus de 50 ans et deux tiers des allocataires sont des personnes seules.

Pour le gouvernement de combat contre les droits des travailleurs, il s’agit d’abord d’un désengagement de l’Etat qui versait cette prestation. Les allocataires passeront de l’ASS au revenu de solidarité active (RSA), déclare Gabriel Attal. Le RSA, lui, est à la charge des collectivités départementales. Celles-ci voient arriver un nouveau transfert de charge qu’elles évaluent à plus de deux milliards d’euros et déclarent, d’emblée, ne pouvoir y faire face.

Une attaque contre le droit à la retraite

En touchant l’ASS, les bénéficiaires continuent d’acquérir des trimestres (non cotisés mais validés) pour le calcul de leur retraite. Ce n’est pas le cas avec le RSA. Gabriel Attal, devant l’Assemblée nationale, en tire même un argument : puisque l’ASS « permet, sans travailler, de valider des trimestres » et que « la retraite doit être le fruit du travail », « nous proposerons de basculer de cette allocation au RSA ». Venant de quelqu’un qui n’a jamais eu d’employeurs, cela ne manque pas d’air !

Il est évident que le nombre d’allocataires de l’ASS ne peut que croître avec le recul de l’âge de la retraite.

S’il est difficile de trouver du travail entre 55 et 60 ans, il le sera plus encore de 60 à 64 ans. Les billevesées de ces messieurs, expliquant qu’il suffit d’améliorer les conditions de travail des seniors pour pallier les difficultés se heurtent à une réalité bien plus draconienne.

Sur « le marché du travail », la concurrence est rude et l’employeur qui recrute (et quoi qu’il en dise) a l’embarras du choix. Ces 322 000 allocataires vont donc rejoindre leurs compagnons d’infortune, allocataires du RSA.

Tout est prêt pour les accueillir, notamment les périodes obligatoires d’activités… pour percevoir le RSA! Pour le monde ouvrier, ces gens-là ont de l’affection. Des questions, pourtant, deviennent lancinantes. Comment tout cela est possible? Comment tout cela peut-il encore durer ?

Après les chômeurs en fin de droit, qui d’autre ?

« Nous avons une conviction forte et une cohérence forte : nous considérons que la retraite doit être le fruit du travail ». C’est ainsi que Gabriel Attal a annoncé le 30 janvier la bascule de l’ASS versée aux chômeurs en fin de droits – qui ouvre des droits à la retraite vers le RSA qui n’en ouvre pas et ce, alors que l’âge de la retraite recule de 2 ans. Tout est dit dans cette phrase. Après les chômeurs en fin de droits, le gouvernement entend priver de droits à la retraite tous les chômeurs et aussi les patients en arrêt maladie y compris après un accident du travail, les femmes enceintes et les bénéficiaires d’un congé parental (lui aussi mis à mal par son remplacement par le congé naissance)…
Informations ouvrières y reviendra.
M.P.-L.

Source: https://infos-ouvrieres.fr/2024/02/09/les-allocataires-de-lass-spolies-dun-seul-coup/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/les-allocataires-de-lass-spolies-dun-seul-coup-io-fr-9-02-24/

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