Les États européens s’engagent à ne pas agir sur le climat alors que la vague de chaleur commence à diminuer. ( WSWS – 22/07/22 )

Des pompiers aspergent d’eau des arbres lors d’un incendie de forêt près de Louchats, à 35 km de Landiras en Gironde, dans le sud-ouest de la France, le lundi 18 juillet 2022. [AP Photo/Philippe Lopez/Pool] 

La vague de chaleur qui a dévasté le sud et l’ouest de l’Europe a progressivement commencé à reculer mercredi, alors que de violents orages apportaient un temps plus frais dans certaines régions de France et de Grande-Bretagne. La vague de chaleur s’est poursuivie dans le sud de l’Europe, avec des températures proches de 40 °C dans une grande partie du sud de l’Espagne et de l’Italie. Des incendies de forêt continuent de brûler dans la région.

L’impact horrible des vagues de chaleur européennes causées par le réchauffement climatique est déjà apparent. Les autorités sanitaires ont confirmé plus de 1.700 décès rien qu’en Espagne et au Portugal, alors que les ouvriers travaillent sous une chaleur étouffante et que de nombreuses personnes âgées vivent sans climatisation. Alors que l’Espagne a perdu 15.000 hectares de forêt dans les flammes la semaine dernière, les plus grands incendies de forêt d’Europe ont eu lieu en Gironde, en France, où plus de 20.000 hectares de forêt ont été détruits à ce jour et 40.000 personnes ont été évacuées.

Bien que le pire de cette vague de chaleur soit passé, la sécheresse sévit toujours dans une grande partie de l’Europe. Les villes de la région de la vallée du Pô en Italie rationnent l’eau. Le niveau des rivières est si bas dans le sud de l’Allemagne que le transport fluvial a été suspendu. Avec plusieurs semaines d’été à venir, des vagues de chaleur extrêmes, une sécheresse persistante et des incendies de forêt plus importants sont très probables.

Pourtant, les hauts responsables d’Europe occidentale signalent déjà qu’aucune mesure substantielle ne sera prise pour mettre un terme aux émissions qui alimentent le réchauffement de la planète ou pour construire les infrastructures nécessaires pour faire face aux sécheresses qui se multiplient, à l’élévation du niveau des océans et à l’intensification des incendies de forêt.

En Grande-Bretagne, le gouvernement conservateur, qui a supprimé 11.500 postes de pompiers depuis 2010, n’a même pas fait semblant d’agir en réponse à la vague de chaleur. Le vice-premier ministre Dominic Raab a allègrement dit aux Britanniques de «profiter de la chaleur» dimanche. Mercredi, le ministre Kit Malthouse a déclaré: «La Grande-Bretagne n’est peut-être pas habituée à des températures aussi élevées, mais le Royaume-Uni, tout comme nos voisins européens, doit apprendre à vivre avec des événements extrêmes».

Ces commentaires reprennent ce que les gouvernements européens disent sur le fait que la population doit «apprendre à vivre avec la COVID-19», qui est devenu un euphémisme pour la mort et l’infection en masse sans aucune mesure pour prévenir la contagion.

Les pompiers de Londres ont connu mardi leur journée la plus chargée depuis la Seconde Guerre mondiale, alors que des incendies se sont propagés dans la capitale britannique au cours de la journée la plus chaude jamais enregistrée dans le pays. Le maire de Londres, Sadiq Khan, a déclaré à Sky News: «C’est la journée la plus chargée pour les pompiers de Londres depuis la Seconde Guerre mondiale. Ils ont reçu plus de 2.600 appels: plus d’une douzaine d’incendies simultanés nécessitant 30 camions, quelques-uns en nécessitant 15, et certains en nécessitant 12».

Si les déclarations des autres gouvernements européens ont été formulées de manière moins provocatrice, elles ont toutes exposé la même politique d’inaction et d’indifférence.

Le premier ministre espagnol Pedro Sanchez du Parti socialiste (PSOE), qui gouverne en coalition avec le parti de pseudogauche Podemos, a tenté mercredi d’adopter une posture d’inquiétude. Il a annoncé que plus de 500 Espagnols étaient morts de la chaleur, alors que l’Institut Carlos III d’Espagne avait confirmé 678 décès liés à la chaleur la veille. Sanchez a conclu en demandant aux «citoyens de faire preuve d’une extrême prudence» et de reconnaître l’évidence aveuglante que «l’urgence climatique est une réalité».

Mercredi après-midi, le président français Emmanuel Macron s’est rendu à La Teste-de-Buch en Gironde pour rencontrer les pompiers qui luttent pour contenir les incendies dans la région depuis le 12 juillet. Il a déclaré: «Nous sommes au début de la saison… Nous savons qu’il faudra plusieurs semaines pour stabiliser complètement la situation».

Essayant de donner le meilleur visage à la situation et de se tourner vers l’avenir, Macron a ajouté: «Il y a le jour d’après. Après [l’extinction de l’incendie], il faudra replanter et reconstruire… Nous allons lancer un grand projet national pour replanter cette forêt et prévenir les risques d’aujourd’hui et de demain».

Ces remarques vagues, vides de toute proposition concrète au-delà de la replantation d’arbres, signalent qu’il n’y aura pas de véritable changement dans l’approche de son gouvernement face au réchauffement climatique et aux phénomènes météorologiques extrêmes. En effet, en 2019, les pompiers français ont menacé de se mettre en grève contre les faibles effectifs et le mauvais équipement. Bien que la France dispose de l’une des plus grandes flottes d’avions bombardiers d’eau en Europe, elle est trop petite, concentrée autour de la ville de Nîmes, et est arrivée trop tard pour empêcher les incendies en Gironde de s’intensifier au-delà d’une taille que les avions pouvaient éteindre.

La question décisive dans la lutte contre le changement climatique et son impact est la mobilisation de la classe ouvrière et de la jeunesse dans une lutte politique qui devrait prendre comme point de départ que la lutte contre le changement climatique nécessite la lutte contre le système capitaliste. Il est évident que les gouvernements capitalistes d’Europe n’ont pas l’intention de réaliser les vastes investissements nécessaires dans la recherche et les infrastructures pour protéger la population des décès lors des futures vagues de chaleur et des incendies de forêt, ou pour stopper les émissions de gaz à effet de serre qui sont à l’origine du réchauffement climatique.

Malgré leurs différences de présentation, Macron, Sanchez et le gouvernement conservateur britannique suivent la même politique fondamentale à l’égard du réchauffement climatique et des phénomènes météorologiques extrêmes qui en résultent. Alors qu’ils distribuent des milliers de milliards d’euros aux banques et aux sociétés et qu’ils versent des centaines de milliards dans la guerre de l’OTAN contre la Russie en Ukraine, il ne reste aucune ressource pour prendre des mesures significatives contre le changement climatique. Il est impossible, alors que l’Europe s’enfonce dans la guerre, pour les gouvernements capitalistes de coordonner une telle action au niveau international. Par conséquent, rien n’est fait.

Cela a eu des conséquences désastreuses. Depuis l’ère préindustrielle, la température de la planète a augmenté de 1,1 degré Celsius. Les accords de Paris de 2015, salués par les gouvernements mondiaux comme la solution au réchauffement de la planète et à ses effets, visent à limiter cette hausse à 2 degrés Celsius. Même en supposant que les gouvernements capitalistes restent dans cette limite, les conséquences de la moitié seulement de la cible s’avèrent déjà mortelles.

Ces cinq dernières années ont déjà été marquées par des incendies de forêt sans précédent en Australie, au Portugal, en Grèce, en Russie et aux États-Unis, qui ont rayé de la carte des villes entières. L’année dernière, des crues soudaines, autre conséquence du réchauffement climatique, ont tué des milliers de personnes en Australie, en Inde, au Bangladesh, en Allemagne, aux États-Unis et en Turquie.

Malgré des dizaines d’incendies de forêt meurtriers dans toute la Méditerranée ces dernières années, dont 66 morts au Portugal en 2017 et 90 morts en Algérie l’année dernière, ni l’UE ni les gouvernements nationaux n’ont apporté de changements majeurs pour se préparer à des incendies de forêt comme ceux qui sévissent actuellement.

En Grèce, qui a connu l’an dernier la pire saison de feux de forêt jamais enregistrée, les évacuations se poursuivent sur le mont Penteli, juste au nord-est d’Athènes. Des vents de 80 km/h provoquent une expansion rapide du feu de forêt qui brûle dans cette région. Les localités de Drafi, Anthousa, Dioni et Dasamari ont toutes été évacuées, y compris un hôpital. On a appelé des pompiers de Roumanie pour participer à la lutte contre le brasier.

Les travailleurs et les jeunes doivent tirer les leçons nécessaires de l’inaction des gouvernements capitalistes en Europe et dans le monde contre les incendies de forêt et le réchauffement climatique. La lutte contre le changement climatique et pour la protection de l’environnement est une lutte politique et de classe. Comme c’est le cas pour la pandémie de COVID-19, la guerre et l’inflation, la seule solution au réchauffement climatique est une attaque directe contre les richesses mal acquises de la classe capitaliste et la transformation socialiste de la société mondiale.

(Article paru en anglais le 21 juillet 2022)

Source : Les États européens s’engagent à ne pas agir sur le climat alors que la vague de chaleur commence à diminuer – World Socialist Web Site (wsws.org)

Auteur : Samuel Tissot

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