Les fautes de l’Ukraine, de la Russie, et de l’OTAN. ( Réveil Communiste – 11/11/22 )

Potemkine, pas le cuirassé, l'autre
Potemkine, pas le cuirassé, l’autre

Ukraine : la guerre civile a été provoquée par la prétention des autorités issues du putsch du Maidan en 2014 à effacer l’héritage russe en Ukraine et à interdire la langue russe, qui est pourtant la langue maternelle d’une forte minorité de la population ukrainienne, si ce n’est la moitié, et la langue de communication et de culture de presque tous, pour la remplacer à cet effet d’ailleurs davantage par l’anglais que par l’ukrainien.

Les crimes et les actes de répression politique des néonazis qui ont infiltré le régime de Kiev ne suffisaient pas à déclencher une rébellion armée, c’est la volonté de génocide linguistique appuyée sur la terreur, et exercé par les nostalgiques des génocidaires – au sens propre du terme – de Bandera des années 41- 44, qui a déclenché la guerre civile en 2014. La cause de l’Ukraine est donc très mauvaise de la manière la plus évidente qui soit, quelques soient les préférences politiques, et les mauvaises causes, à force militaire comparable, finissent par perdre les guerres. L’Ukraine sera vaincue, et chaque retard signifie qu’elle le sera plus complètement. Des centaines de jeunes soldats sont sacrifiés tous les jours pour rien, en attendant, par leurs chefs nazis et corrompus, protégés par l’omerta.

Ses défenseurs hystériques feraient bien de s’en aviser. Mais à vrai dire ils s’en fichent. Ce qui compte pour eux c’est la poursuite de la suprématie occidentale.

En attendant les Ukrainiens savent qu’ils peuvent commettre n’importe quelle atrocité, et qu’ils seront couverts par les médias globaux et les ONG qui devraient les dénoncer. Ce qui ne fera qu’aggraver leur cas et approfondir la catastrophe nationale qu’a provoqué l’équipe de gangsters de leur clown-président.

Russie : les buts de la Russie depuis le début de la guerre ouverte qu’elle a lancé contre le pouvoir de Kiev, qu’elle se refuse d’appeler par son nom, ne sont pas cohérents : dénazifier et démilitariser l’Ukraine signifiait s’emparer de Kiev pour y installer un gouvernement favorable à Moscou, comme Staline le fit en Pologne en 1945. Cela signifie qu’il faut aider et organiser le parti ukrainien pro russe au lieu de le laisser se désagréger en remettant en cause la légitimité même de la nation ukrainienne. Mais pour ce faire il aurait fallu favoriser la gauche ukrainienne qui dominait ce camp idéologique, et par ricochet la gauche en Russie, ce que les nostalgiques de Nicolas II – quelle référence ! – au pouvoir à Moscou ne voulaient pas faire – et qu’ils vont devoir faire finalement, forcés qu’ils sont par les difficultés militaires.

Le fait est que la Russie de Poutine, contrairement à l’URSS de Staline n’a tout simplement pas de projet politique. Alors qu’en face, l’Ukraine est le nouveau laboratoire du néolibéralisme fascisé, le nouveau Chili de Pinochet.

La Russie paye les hésitations de 2014 où elle aurait pu occuper au moins les territoires qu’elle contrôle encore aujourd’hui, après l’évacuation de Kherson, à moindre coût, et où elle aurait dû installer un gouvernement ukrainien contestant la légitimité de la clique de la CIA issue du Maidan, et elle paye aussi avec retard la facture de l’inacceptable dissolution de l’URSS en 1991, qui aurait dû au moins continuer sur la base d’une triple union Russie – Ukraine – Biélorussie.

Annexer plusieurs provinces indubitablement ethniquement russes contredit le projet de dénazifier démilitariser et neutraliser toute l’Ukraine, puis que cela affaiblit le parti pro russe d’autant. Il s’agit en fait d’un plan B dont la poursuite signifie en fait le renoncement, pas assumé mais de fait, du grand plan. Organiser des plébiscites pour le justifier est encore plus maladroit, car pour quelle raison des Russes à qui on empêche de parler leur langue voteraient contre leur rattachement à la Russie ? Les plébiscites ne font que semer le doute, et on les fait avant la guerre, ou après, mais pas pendant.

L’échec du plan A provient d’avoir sous-estimé le nationalisme ukrainien, à avoir nié les Ukrainiens comme les Ukrainiens niaient leurs compatriotes russophones, et aussi d’avoir sous-estimé la capacité militaire d’une armée fortement réorganisée depuis 8 ans par l’OTAN. Mais cela il faut l’admettre ne pouvait pas être connu d’avance. A la guerre, comme disait Bonaparte, on s’engage, et puis on voit, et les Russes se sont engagés, et ils ont vu, on ne peut pas leur retirer ça.

Enfin la propagande russe fait trop de fond sur les soi-disant « valeurs traditionnelles » dont la plupart se fichent éperdument, y compris en Russie, pour lesquelles en tout cas personne n’est prêt à mourir . Elle tente de se présenter comme un combat de la tradition contre la globalisation, au prix d’une « satanisation » caricaturale de l’adversaire (même Adolf Hitler ne pouvait pas être compris ni combattu en en faisant une incarnation du mal) alors que la vraie question n’est pas la globalisation, qui est un fait objectif économique et culturel du monde contemporain à laquelle on ne peut résister qu’à ses périls, mais de savoir si les États-Unis et leurs vassaux vont continuer à l’utiliser pour étendre leur Empire.

Ainsi les autorités russes n’avaient rien de mieux à faire pour préparer leur retraite de Kherson que de déterrer les ossements du Prince Potemkine? Tout en laissant aux Ukrainiens des équipements militaires intacts !

Certes tout ne se passe pas sur le champ de bataille. La guerre économique qui se développe en parallèle à la guerre tout court a tourné pour le moment beaucoup plus favorablement qu’on s’y attendait pour la Russie, mais il n’en reste pas moins que c’est sur le terrain militaire que les choses vont se jouer, et qu’il ne faut pas s’attendre à un mouvement d’opinion en Occident, à une insurrection des Gilets Jaunes ou des camionneurs canadiens pour empêcher l’escalade contre la Russie , ni à l’action d’une extrême droite vocale contre les migrants mais muette contre l’impérialisme.

La Russie gagnera la guerre moins parce que sa cause est juste que parce qu’elle y sera contrainte par les jusqu’au-boutistes enragés qui dominent le camp occidental qui ne lui laisseront pas le choix.

L’OTAN : Avoir provoqué la Russie à la guerre est sans doute perçu par les plus cyniques des néo-conservateurs occidentaux comme un brillant succès. Mais ce n’est pas le cas : en sous estimant l’économie russe et sa capacité à approvisionner la population et à fournir des équipements militaires malgré les sanctions elle a provoqué une crise artificielle mais profonde en Occident et un engagement militaire complet dont ils se seraient bien passés. Les sanctions économiques basées sur la spoliation des avoirs russes, et les atteintes aux droits élémentaires de particuliers russes ont miné à terme le crédit occidental, le crédit d’un système qui, justement, vit à crédit. Et elle a engagé un processus de radicalisation anti-impérialiste, de discrédit des partisans de l’Occident, et de réévaluation de l’héritage soviétique qui n’en est qu’à ses débuts, et qui aura de l’influence bien au-delà des frontières russes.

Les tentatives d’isoler la Russie se sont retournées contre leurs auteurs qui se retrouvent eux-mêmes isolés et comme ils contrôlent encore les médias les plus diffusés, ils tentent de se rassurer par la méthode Coué, ou en chantant dans le noir, mais ils ont réveillé le Dragon à leur grand dam.

Certes la Russie acculée a déclenché des hostilités internationales en position fragile, et sans doute plus encore qu’elle ne calculait, mais la montée des enchères place soudain les sociétés occidentales en difficultés dans une guerre non voulue et non préparée à cette échelle, qui soumet ses forces armées à des stress matériels avant même les premiers combats. Il est probable maintenant que les troupes de l’OTAN vont devoir se résoudre à affronter directement l’armée russe dans les mois qui viennent sur le territoire ukrainien, pour éviter l’effondrement de leur protégé qui risquerait de décrédibiliser complètement l’alliance-  et dont les avances récentes sur la ligne de front sont illusoires – comme les États-Unis ont affronté la Chine sur le territoire coréen de 1950 à 1953, et sans aucune garantie de succès.

Ils ne pensaient pas en être conduits si rapidement à une guerre décisive où c’est la survie de l’Empire lui-même qui est en jeu, d’autant plus que dans leur schizophrénie certains parmi les impérialistes les plus fanatiques nient même qu’il y en ait un.

Si personne en Russie n’est prêt à mourir seulement pour empêcher la tenue de la Gay Pride ou les manifestations des Pussy Riot à Moscou, encore moins seront prêts à cela à Paris Londres ou à New York pour les y imposer.

Gilles Questiaux, 11 novembre 2022

Ps Si j’étais aussi cynique que les néo-cons, je dirais que tout se déroule conformément au plan !

Source : Les fautes de l’Ukraine, de la Russie, et de l’OTAN – Réveil Communiste (reveilcommuniste.fr)

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