Les Glénans fêtent leurs 75 ans : une école de voile fondée sur les valeurs de la Résistance(OF.fr-8/07/22-

Mise à l’eau en 1952, « Sereine » a été le premier bateau des Glénans conçu pour la haute mer. Classée Monument historique en 2001, elle navigue toujours.

Deux grands résistants, Philippe et Hélène Viannay, sont à l’origine de la plus grande école de voile d’Europe. À travers l’enseignement de la voile, ils ont eu à cœur de transmettre des valeurs humaines héritées des combats de la Résistance. Aujourd’hui encore, les Glénans restent fidèles à de grands principes qui comprennent la tolérance, le respect des individus, l’apprentissage de la vie collective et de l’entraide.

Un homme et une femme d’exception sont à l’origine de la plus grande école de voile d’Europe : Philippe et Hélène Viannay. Sans eux, Les Glénans n’auraient jamais existé. « Philippe Viannay avait énormément d’idées, souligne Alain Mercier, membre du comité d’honneur des Glénans. Mais l’école de voile n’aurait pas perduré s’il n’y avait pas eu Hélène Viannay. Elle en a été la cheville ouvrière. »

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, ces deux grands résistants ont à cœur de venir en aide à leurs camarades de clandestinité, qui ont souvent du mal à reprendre pied dans la société. Le Centre de formation internationale (CFI) est créé à cet effet. Celui-ci s’adresse aux jeunes qui, du fait de la guerre, ont interrompu leurs études ou leur carrière professionnelle. Il propose des formations professionnelles ainsi que des séjours de loisirs.

« Au départ, il n’est pas du tout question de voile »

C’est ainsi qu’un premier séjour est organisé par le CFI en 1947 aux Glénan, sur l’île du Loc’h, propriété de la famille Bolloré. « Philippe Viannay avait rencontré à Paris Gwenn-Aël Bolloré, qui s’était embarqué pour Londres à 17 ans et avait participé au Débarquement au sein du commando Kieffer, raconte Alain Mercier. Entre résistants, le courant était passé. » Cet été-là, près de 120 jeunes viennent passer deux semaines aux Glénan : anciens de la Résistance ou des Forces françaises libres, fils de déportés ou déportés eux-mêmes.

L’ambiance est spartiate. On fait du camping dans des tentes militaires. Une cabine de chalutier sert de cuisine. On se distrait en jouant au volley-ball, aux cartes ou au ping-pong. On fait du théâtre, on lit, on se repose. « Au départ, il n’est pas du tout question de voile, souligne Alain Mercier. Mais il y a dans l’équipe d’encadrement un moniteur de ski, lui-même ancien résistant, Henri Desjoyeaux. Il se fait fort d’apprendre la voile et de l’enseigner. Ce sera le premier moniteur bénévole des Glénans. Tout commence comme ça. »

Dès l’origine, les grands principes sont posés. Ils comprennent la tolérance, le respect des individus, l’apprentissage de la vie collective et de l’entraide. Le bénévolat de l’encadrement est la règle. Filles et garçons se mélangent lors des stages. Une mixité absolument exceptionnelle pour l’époque.

En 1949, la section nautique du CFI quitte l’île du Loc’h et s’installe sur celle de Penfret. Plus tard, l’activité essaimera également sur les îles de Drénec, Cigogne et Bananec.

Des bateaux novateurs

Plein de ressources, Philippe Viannay imagine de mettre à profit le savoir-faire des derniers équipages de thoniers à voile pour former des moniteurs. Le CFI devient ainsi l’armateur de trois thoniers de Concarneau. Il participe à leurs frais d’armement. En contrepartie, les futurs moniteurs des Glénans embarquent pour des campagnes de trois semaines au thon germon. Ce partenariat avec le monde de la pêche durera quatre ans.

Tout cela est révolutionnaire. « Jusque-là, la navigation de plaisance était réservée à une élite sociale, rappelle Alain Mercier. Les Glénans, eux, revendiquaient de démocratiser la pratique de la voile. »

Cela passe par l’innovation technique. Dans les années 1950 et 1960, l’architecte naval Jean-Jacques Herbulot dessine pour les Glénans une série de voiliers construits en contreplaqué marine, et non en bois massif, pour abaisser les coûts. Vaurien, Caravelle, Corsaire ou encore Mousquetaire… Ces bateaux marins et très sûrs connaissent un immense succès. Les puristes font la fine bouche. Les apprentis marins, eux, affluent. De 1955 à 1975, les stages ne désemplissent pas. Les Glénans ouvrent des bases à Paimpol, à l’île d’Arz, dans le Morbihan, à Bonifacio, en Corse, à Marseillan, près de Sète, et même en Irlande.

Mais les attentes du public changent. Au début des années 1980, la fréquentation fléchit et des soucis financiers apparaissent. Les Glénans n’ont pas su se mettre au goût du jour. Les bateaux en contreplaqué sont dépassés. Il faut renouveler la flotte et passer aux bateaux en polyester. Le redressement passe aussi par l’ouverture à de nouvelles pratiques comme la planche à voile et le catamaran.

En 2022, l’activité se porte bien. « Nous refusons du monde », sourit Alain Mercier. En soixante-quinze ans, plus de 350 000 stagiaires sont passés par Les Glénans. Cette école de vie a su s’adapter sans renier ses principes fondateurs.

Olivier MELENNEC

Source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/les-glenans-une-ecole-de-voile-fondee-sur-les-valeurs-de-la-resistance-6f41bf58-e7fc-11ec-b33d-b9e7e03cd588

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