Il n’est plus besoin de présenter la situation catastrophique des hôpitaux en France, caractérisée par un manque de personnels soignants, des déficits budgétaires qui augmentent chaque année avec un endettement difficilement supportable, qui se traduit par une dégradation de leur fonctionnement mis crûment en lumière dans les services d’urgence. Ce qui est moins connu est le fait que cette situation touche aussi de nombreux autres pays européens. Ainsi un article de presse récent titre : « A travers l’Europe, les hôpitaux semblent être sous assistance respiratoire ». Des grèves des personnels de santé ont touché cette année l’Allemagne, la Slovénie ou encore la Suède. Dans ce dernier pays, présenté il y a encore quelques années comme un modèle social, après quatre mois de négociations collectives dans l’impasse, une grève a été déclenchée et a duré 78 jours. Le syndicat a également interdit les heures supplémentaires car elles servaient à combler le manque de personnel et permettaient ainsi d’éviter des embauches. Les résultats obtenus ne sont pas négligeables – une réduction du temps de travail pour les agents travaillant de nuit et une augmentation de salaire de 3,05 %. Mais cela n’est pas suffisant pour freiner l’abandon du métier du personnel infirmier et la fuite vers la Norvège où les rémunérations et les conditions de travail sont meilleures. Cela fait écho à la situation française. Il s’agit d’une preuve supplémentaire montrant que les politiques libérales réduisant le financement des systèmes publics de santé produisent les mêmes effets dans tous les pays. Le problème n’est pas comme voudrait nous le faire croire l’extrême-droite et la droite dont le meilleur représentant est le nouveau ministre de l’Intérieur, B. Retailleau, la présence d’immigrés qui profiteraient honteusement du système. Un récent rapport d’un organisme rattaché à Bercy, le Haut Conseil du financement de la protection sociale, indique que la fraude sociale est majoritairement le fait des entreprises. Cela montre bien que le problème est le capitalisme prédateur dont les méfaits dans les EHPAD et dans les crèches ont été récemment dévoilés. Il est maintenant difficile de cacher que les responsables de la dégradation de nos systèmes de santé sont les gouvernements libéraux au pouvoir dans les différents pays, sous la houlette de la Commission européenne aux ordres du monde financier qui considère que la santé est un service marchand très lucratif dont il faut s’emparer, car il s’agit d’un marché captif largement financé par des fonds publics. Sans changement radical de politique, nous nous dirigeons rapidement vers un système de plus en plus inégalitaire où seuls les riches auront la possibilité de se faire soigner. L’union des personnels de santé à travers l’Europe, confrontés aux mêmes ennemis, pourrait aider en mettant en avant la revendication commune d’une exclusion du secteur marchand des services de santé et de la protection sociale.
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