« Les leçons de la sécheresse de 2022 ne sont pas tirées », selon Eau et rivières de Bretagne (OF.fr-26/05/23)

« En 2022, nous sommes passés à quinze jours de la rupture d’alimentation dans des zones importantes », estime Eau & rivières de Bretagne.

Par Olivier MELENNEC

Des projets d’arrêtés cadres de gestion de la sécheresse sont actuellement en cours d’examen dans les quatre départements bretons. Seront-ils suffisants pour prévenir d’éventuelles ruptures d’approvisionnement en eau potable en cas de sécheresse ? L’association Eau & rivières de Bretagne en doute.

Des projets d’arrêtés cadres de gestion de la sécheresse sont actuellement en cours d’examen dans les quatre départements bretons. Ils fixeront les mesures temporaires de restriction ou de suspension des usages de l’eau en cas de situation de manque d’eau. Seront-ils suffisants pour prévenir d’éventuelles ruptures d’approvisionnement ? Ce n’est pas l’avis de l’association Eau & rivières de Bretagne. « Les leçons de la sécheresse de 2022 ne sont pas tirées et on ouvre les vannes », a estimé son secrétaire général, Nicolas Forray, lors d’un point presse à Rennes, ce jeudi 25 mai 2023.

La gestion de la sécheresse en 2022 n’avait pas été parfaite. Eau & rivières de Bretagne énumère de nombreux points de défaillance. En particulier, des indicateurs trop peu fiables ne permettant pas d’anticiper suffisamment à l’avance le manque d’eau. « Dans de nombreux secteurs des Côtes-d’Armor, du Finistère et du Morbihan, les seuils de déclenchement des restrictions sont inadaptés. Cela a conduit à une prise de conscience trop tardive de la gravité de la situation », affirme Nicolas Forray.

De nombreux allègements de restrictions

Si les solutions extrêmes de citernage, voire de distribution de packs d’eau, ont été exceptionnelles, « le constat est que nous sommes passés à quinze jours de la rupture d’alimentation dans des zones importantes ».

Un an plus tard, Eau & rivières de Bretagne note « quelques progrès » dans les nouveaux projets d’arrêtés. Par exemple, des restrictions plus fortes pour les piscines privées. Ou encore des dérogations qui devront être publiées, conformément à la loi, et qui pourront s’accompagner de mesures de suivi des rivières. Certains départements proposent également d’accompagner les dérogations de mesures de compensation.

Nicolas Forray, secrétaire général de l’association Eau & rivières de Bretagne, et Pauline Pennober, chargée de mission eau.

Cependant, Eau & rivières de Bretagne estime que le compte n’y est pas. « La première urgence, afin de mieux anticiper et donc gérer ces périodes de pénuries, serait de revoir les seuils et les conditions de déclenchement des mesures de restriction, affirme Pauline Pennober, chargée de mission Eau. Mais ces points-là ont été renvoyés à plus tard, au mieux à 2024. »

Les projets d’arrêtés prévoient un allègement des restrictions, en cas de pénurie d’eau, en faveur d’un assez grand nombre de professionnels. Laveurs de voitures et de bateaux, professionnels du bâtiment, clubs sportifs (football, rugby)… « La liste des exceptions est longue et ne repose que peu souvent sur des justifications suffisantes », estime Eau & rivières de Bretagne. 

Un faible risque de sécheresse en 2023

Par ailleurs, l’association s’inquiète d’un projet d’arrêté ministériel qui pourrait permettre, s’il était signé tel quel, à diverses installations classées, dont de nombreuses industries agroalimentaires, d’échapper à toute restriction en cas de sécheresse. « Déroger de manière générale nous semble inadmissible », affirme Nicolas Forray. Qui ajoute : « Les économies d’eau significatives ne peuvent pas reposer sur les seuls particuliers. La sobriété n’est crédible que lorsque chacun s’efforce de réduire avec les autres. »

Eau & rivières prend date pour l’avenir. Car, pour le moment, la Bretagne semble épargnée par le risque de sécheresse cet été, à l’inverse de nombreuses autres régions. « Le risque de sécheresse hydrique apparaît très faible, admet Nicolas Forray. Les pluies de mars-avril ont été efficaces. Le niveau des eaux souterraines est un peu plus haut que la moyenne. Le niveau d’étiage des rivières devrait être correct cet été. »

Dans ces conditions, Eau & rivières de Bretagne comprend d’autant moins que ses remarques n’aient pas été prises en compte dans la rédaction des arrêtés cadres de gestion de la sécheresse. « Rien ne presse. Il n’y a pas de manque d’eau prévisible en 2023. »

Source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/les-lecons-de-la-secheresse-de-2022-ne-sont-pas-tirees-selon-eau-et-rivieres-de-bretagne-baea2bc2-fb18-11ed-bc37-cba13d3e8229

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