Sept chalutiers et fileyeurs ont pris place ce mardi 14 mars 2023, au matin sur les pontons de Lorient La Base (Morbihan), qui doit accueillir, mercredi 15 mars, l’arrivée de la Globe 40. Un coup de pression pour obtenir une réunion avec Hervé Berville, le secrétaire d’État chargé de la Mer.
Au lever du soleil ce mardi 14 mars 2023, une petite armada de bateaux de pêche a pris place sur les pontons du bloc K3 de l’ancienne base de sous-marins à Lorient (Morbihan). Non loin de la silhouette légère du trimaran Sodebo et des bannières annonçant l’arrivée, prévue demain, de la course autour du monde « Globe 40 » en Class40.
Sur les quais de Lorient La Base habituellement réservés à des voiliers de plaisance ou de course, on peut compter sept chalutiers et fileyeurs amarrés. Et un filin tiré par un chalutier bloque désormais l’accès au port.
« Un coup de pression » pour rencontrer Hervé Berville
« C’est un coup de pression qu’on donne pour avoir un rendez-vous avec le secrétaire d’État chargé de la Mer, Hervé Berville », explique le fileyeur, David Le Quintrec, qui pêche habituellement la sole et la lotte entre Groix et Belle-Île.
Ce n’est pas la première fois que le patron de l’ Izel Vor II prend la tête de la fronde. Il était déjà à la manœuvre en 2020 lorsque des pêcheurs lorientais avaient retardé le départ de la régate Spi Ouest-France . Très remonté, il assure avoir créé un groupe WhatsApp rassemblant un millier de professionnels de la mer issus de tous les ports de France, de Boulogne-sur-Mer à Bayonne.
D’après lui, c’est « un grand ras-le-bol » qui agite le milieu de la pêche côtière. Les aides existantes pour le gasoil ne suffisent plus à calmer la colère d’un métier qui se sent disparaître. « Ce n’est pas le tout de mettre des petits bouts de rustine », tonne David Le Quintrec.
Gasoil, caméras à bord, restrictions : le grand ras-le-bol
Les pêcheurs énumèrent leurs revendications dans un document transmis à la rédaction. Celui-ci est issu, toujours selon David Le Quintrec, de discussions partagées au sein du groupe WhatsApp.
En haut de la liste, on trouve la demande d’une ristourne gasoil « directement à la pompe » car « les dossiers sont trop longs et complexes à monter […] ce qui met en péril la trésorerie des bateaux ».
Autre revendication : les petits patrons refusent les caméras à bord, destinées à la surveillance des captures accidentelles de dauphins. Ils dénoncent également « trop de restrictions en ce moment et à venir le long de la bande côtière » et demandent à la Commission européenne d’« annuler son projet de texte sur les aires marines protégées ».
Parmi les revendications : la démission d’Olivier Le Nézet
Enfin, les pêcheurs s’en prennent frontalement aux organisations professionnelles de leur filière. Ils réclament la révision du mode d’élection des comités des pêches, jugés peu représentatifs, et même suspects à leurs yeux de « copinage ». Ils souhaitent aussi compter « à parts égales avec les gros armements dans les conseils d’administration des organisations de producteurs ».
Enfin, ils demandent la démission du Lorientais, Olivier le Nézet, président du port de pêche de Lorient et du Comité national des pêches maritimes (CNPM) « qui par le cumul intolérable des mandats n’est plus crédible aux yeux de la profession ».
« Pour l’instant, on va attendre de manière pacifique », commente Yann Didelot, patron du Komz Merer, présent sur le ponton. « Mais si ça ne bouge pas… » Avec ses camarades, il se dit disposé à rester là, et à faire venir d’autres bateaux des environs, tant qu’aucune réponse ne sera donnée par le ministère.
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