Les profs du Finistère contre une réforme de la voie professionnelle : « Il faut se méfier du boom de l’apprentissage » ( LT.fr – 17/11/22 – 17h29 )

Vincent Laval, professeur dans un lycée professionnel de Brest, a manifesté ce jeudi contre la réforme du lycée professionnel engagée par Emmanuel Macron.
Vincent Laval, professeur dans un lycée professionnel de Brest, a manifesté ce jeudi contre la réforme du lycée professionnel engagée par Emmanuel Macron. (Le Télégramme/Laura Ayad)

« Stop au sabordage du lycée pro » : ce jeudi 17 novembre, une soixantaine de professeurs du Finistère ont manifesté à Quimper contre la réforme de la voie professionnelle. Entretien avec Vincent Laval, professeur depuis 15 ans au lycée pro Dupuy de Lôme, à Brest.

En quoi consiste la réforme du lycée professionnel engagée par Emmanuel Macron ? Et pourquoi vous y opposez-vous ?

Le projet, c’est de transformer la formation en augmentant d’au moins 50 % le temps en entreprise des élèves, ce qui aura pour conséquences de réduire drastiquement le nombre d’heures consacrées aux matières générales. Ça, pour nous, ce n’est pas entendable : l’objectif du lycée pro, c’est d’apprendre un métier en liant apprentissage pratique et théorique. Or là, clairement, la réforme risque de faire diminuer le niveau de nos élèves : non seulement ils seront moins armés pour évoluer dans leurs projets en entreprise mais, en plus, on va les sous-qualifier et donc les abonnés à des sous-métiers.

Comment, concrètement, la réforme va-t-elle être mise en œuvre ?

Pour l’instant, personne ne sait précisément ce qui sera dans la réforme, en dehors des grands axes. On nous a dit qu’il y aurait matière à concertation sauf, précisément, sur ces grandes orientations… Ce n’est pas la définition du dialogue social. Au final, la forme pose autant problème que le fond. Quant aux heures de matières générales en moins, personne n’est capable de nous dire comment elles seront comblées… Je ne vois pas comment on pourra garder des effectifs stables.

Une soixantaine d’enseignants ont défilé ce jeudi à Quimper contre la réforme de la voie professionnelle.
Une soixantaine d’enseignants ont défilé ce jeudi à Quimper contre la réforme de la voie professionnelle. (Le Télégramme/Laura Ayad)

Ces dernières années, le nombre d’apprentis s’est multiplié à la faveur de la pandémie… Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ?

Il faut se méfier du boom de l’apprentissage : on s’est rendu compte par exemple que certains emplois pérennes étaient détruits pour que les entreprises prennent des apprentis à la place, parce que cela coûte moins cher. Il y a aussi un problème de rupture de contrats, qui dépasse les 40 % au niveau national.

Il est urgent qu’on remette en question le fonctionnement de l’apprentissage en France, en lien avec les entreprises. Actuellement, les sociétés ne financent pas l’apprentissage et ne rendent pas de comptes sur la qualité de la formation.

Selon vous, il faut donc d’abord revoir les bases de l’apprentissage ?

C’est obligatoire : il est urgent qu’on remette en question le fonctionnement de l’apprentissage en France, en lien avec les entreprises. Actuellement, les sociétés ne financent pas l’apprentissage et ne rendent pas de comptes sur la qualité de la formation. Et puis, il y a le problème de la prévention : la France compte un grand nombre d’accidents du travail sur poste chez les apprentis. Ce n’est pas normal.

Auteur : Laura Ayad 

Source : Les profs du Finistère contre une réforme de la voie professionnelle : « Il faut se méfier du boom de l’apprentissage » – Quimper – Le Télégramme (letelegramme.fr)

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