Les salariés britanniques ne décolèrent pas (H.fr-16/03/23)

Londres, le 15 mars. Parmi les centaines de milliers de personnes en grève, les enseignants réclament de meilleures conditions de travail.

Royaume-Uni Le pays a connu, mercredi 15 mars, une des plus importantes journées d’action alors qu’il fait face, depuis des mois, à une vague de mouvements sociaux. Les médecins hospitaliers n’ont toujours pas repris leur poste. Les fonctionnaires, eux, se sont mis massivement en grève.

Certains se contentent de ce qu’ils peuvent. C’est le cas du ministre des Finances britannique, le chancelier de l’Échiquier­ comme on l’appelle sur les bords de la Tamise, Jeremy Hunt. Mercredi 15 mars, à l’occasion de la présentation de son budget devant le Parlement, il s’est félicité du fait que le Royaume-Uni ne sera « pas en récession technique cette année ». Piètre auto­satisfaction d’un gouvernement conspué par une très grande majorité de la population. Des centaines de milliers de personnes, enseignants, conducteurs du métro londonien, médecins, fonctionnaires, étaient d’ailleurs en grève au Royaume-Uni le même jour, afin de réclamer des augmentations de salaire.

Il s’agit de l’une des plus importantes journées d’action depuis des mois dans le pays, qui fait face à une vague de mouvements sociaux. Les médecins hospitaliers, qui ont démarré leur action lundi, n’ont toujours pas repris leur poste. Les fonctionnaires se sont mis massivement en grève. À Londres, le métro était quasiment à l’arrêt, les conducteurs ayant cessé le travail. Enfin, les enseignants sont également dans la bataille. À l’instar de Lila, 44 ans, que nous avions rencontrée dans la capitale britannique au mois de février avec d’autres enseignants dans une grande librairie du centre de Londres. Elle expliquait alors son statut de remplaçante et la précarité qui en découle. « Quand on est malade, on n’est pas payé, les salaires sont plus bas que par rapport aux autres collègues. » Elle n’a pas eu d’augmentation depuis 2016.

un environnement toxique créé par Les conservateurs

Professeur d’histoire depuis 1997, Phil, 52 ans, témoigne de la dégradation des conditions de travail, mais également du système éducatif. « Les conservateurs ont créé un environnement toxique », souligne-t-il. « Avec leur politique d’austérité, les financements pour l’éducation ont chuté, de même que nos salaires. » Son collègue, David, professeur de sociologie, trente années de métier, approuve : « C’est mauvais pour les enseignants et c’est mauvais pour les élèves. » Phil résume bien la situation : « Le gouvernement n’a pas besoin de quelqu’un qui a des connaissances mais de quelqu’un qui sait utiliser un Powerpoint. » Une façon de dire que l’enseignement est au rabais, soumis au diktat de la réussite pour continuer à recevoir des financements, et donc avec des administrations prêtes à tout pour y parvenir, y compris à forcer les professeurs à relever les notes.

Avec une inflation à plus de 10 % qui a fait chuter le pouvoir d’achat et une mobilisation qui ne faiblit pas, le gouvernement se doit de donner des gages. Les pressions se sont ainsi multipliées pour inciter Jeremy Hunt à ne pas relever le plafond des factures payées par la plupart des ménages britanniques, censé monter encore au 1er avril. Le chancelier a aussi promis de mettre un terme aux tarifs plus élevés de l’énergie payés par les plus de 4 millions de foyers dans le pays, souvent modestes, connectés via des compteurs prépayés. Pas sûr que cela suffise. Les Britanniques sentent confusément qu’ils font les frais d’une politique qui n’est pas faite pour eux.

Pierre BARBANCEY

Source: https://www.humanite.fr/monde/royaume-uni/les-salaries-britanniques-ne-decolerent-pas-786869

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