Les salariés de Bibus pleurent l’un des leurs et les Brestois compatissent. ( LT.fr – 11/11/22 – 20h13 )

Les salariés de Bibus se sont élancés en voiture sur les rails du tram pour rejoindre le centre funéraire où se déroulaient les funérailles de leur collègue disparu samedi dernier.
Les salariés de Bibus se sont élancés en voiture sur les rails du tram pour rejoindre le centre funéraire où se déroulaient les funérailles de leur collègue disparu samedi dernier. (Le Télégramme/Valérie Gozdik)

Jour de grève et de funérailles, ce jeudi 10 novembre, à Brest, où dans un immense cortège solidaire, les salariés de Bibus, en deuil, ont rendu hommage à leur collègue Didier Cabon, qui a mis fin à ses jours samedi dernier.

Des voitures ont envahi la voie du tramway. Toutes affichent un portrait de Didier Cabon, souriant, avec une simple mention sous la photo : « Un homme est mort ». Des rubans noirs, noués aux portières et aux antennes, volent au vent. À 13 h, le cortège des salariés de Bibus s’élance dans un lent défilé funèbre sur les rails du tramway. Dans un concert de klaxons, ils font du bruit pour que tous les passants comprennent que personne ne devrait vouloir mourir à cause d’un problème au travail. Au passage du cortège, des gens applaudissent. Certains font un signe qui veut dire qu’ils comprennent et partagent la douleur des salariés. Au volant des voitures, les collègues de Didier Cabon sont touchés, certains pleurent, tous sont bouleversés. « Ça fait plaisir, note, émue, Sonia. Souvent, les gens engueulent les chauffeurs, aujourd’hui, ils sont solidaires ».

Les salariés sous le choc

Les salariés de Bibus, l’entreprise qui gère à Brest, les bus, les tramways et le téléphérique, sont en grève, ce jeudi 10 novembre 2022. En ce jour de funérailles, ils rendent hommage à l’un des leurs. Didier Cabon a mis fin à ses jours samedi dernier, à 52 ans. Sous le ciel gris, la procession endeuillée se rend dignement jusqu’au centre funéraire du Vern, à la sortie de la ville, où se déroulent les funérailles de cet employé modèle. Le chauffeur devenu agent de réseau venait d’apprendre que la nouvelle mission qui lui avait été confiée s’arrêterait fin janvier. Le cortège d’une centaine de voitures s’élance de la place de Strasbourg, sur les hauteurs de la rue Jean-Jaurès. Sur son passage, le long des rails, la ville se recueille.

Le chauffeur devenu agent de réseau venait d’apprendre que la nouvelle mission qui lui avait été confiée s’arrêterait fin janvier.

Les jours heureux

15 h. La cérémonie commence. La salle ne peut pas accueillir toute la foule. La moitié des 500 personnes présentes, dont beaucoup de retraités de l’entreprise, restent sous le préau où plusieurs écrans retransmettent les images des funérailles. Des photos de Didier Cabon défilent sur les écrans et la foule se fige, pétrifiée par la vie heureuse de leur collègue : Didier au temps du bonheur, avec sa femme Nathalie, Jérôme et Maxime, ses fils. Ils voient émus leur collègue en papy-gâteau avec sa petite-fille de 16 mois. Didier Cabon était entré chez Bibus, il y a 30 ans, après avoir mis ses pas dans ceux de son père, lui aussi chauffeur de bus. Ce métier, il l’aimait. Il était fier de sa récente évolution professionnelle pour laquelle il avait travaillé dur. Dans l’hommage qu’elle fait lire, sa femme Nathalie confie ces quelques mots qu’il lui a laissés : « Je n’ai pas la force d’aller plus loin, je suis en colère face à l’injustice que je subis ».

Ce métier, il l’aimait. Il était fier de sa récente évolution professionnelle pour laquelle il avait travaillé dur.

État de choc

Désormais, c’est toute une famille qui doit apprendre à vivre sans ce pilier dont tous les hommages ont salué la joie et le rire communicatif. C’est aussi une entreprise qui doit sortir de l’état de sidération dans lequel l’a plongé la disparition de Didier Cabon. Certains pointent du doigt une gestion qui, à force de viser des économies, a laissé l’humain dans le rétroviseur. Un des retraités présents note, qu’en 40 ans de maison, il n’a jamais connu un tel drame. Il y a une semaine, un homme est mort. Le mercredi 8 novembre, c’est une de ses collègues qui a été hospitalisée, après avoir tenté de mettre fin à ses jours.

Auteur : Valérie Gozdik

Source : Les salariés de Bibus pleurent l’un des leurs et les Brestois compatissent – Brest – Le Télégramme (letelegramme.fr)

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